5 septembre 1725

Le mariage polonais de Louis XV

Le 5 septembre 1725, à Fontainebleau, le jeune Louis XV, bel adolescent de 15 ans, épouse la modeste et pieuse Marie Leszczynska (22 ans), fille d'un ex-roi de Pologne en exil et ruiné. Ce mariage de l'arrière-petit-fils de Louis XIV avec une princesse inconnue est le résultat d'étonnantes intrigues nobiliaires à la cour de Versailles...

Un mariage inattendu

À la mort de Louis XIV, dix ans plus tôt, le duc Philippe d'Orléans a pris en main le pays avec le titre de Régent.

Il a fait sacrer le jeune Louis XV à Reims le 25 octobre 1722 et l'a fait déclarer majeur l'année suivante, le 15 février 1723.

À la mort du Régent, quelques mois plus tard, le 2 décembre 1723, l'adolescent ne manifeste pas pour autant le désir de prendre en main les affaires du royaume et il offre à Louis IV Henri de Bourbon-Condé, duc de Bourbon, d'assumer la fonction de Premier ministre.

Il est alors prévu que Louis XV, qui n'a pas encore treize ans, épousera plus tard une infante d'Espagne. Mais celle-ci n'a pour l'heure que trois ans et la santé chétive du roi fait craindre que le mariage n'ait jamais lieu.

Le ministre craint que le roi vienne à disparaître avant d'avoir pu donner un héritier à la couronne car alors, le fils de l'ancien Régent monterait sur le trône selon les règles normales de succession. Cette éventualité est insupportable à l'intrigant duc de Bourbon, qui descend du Grand Condé et ne peut imaginer de s'incliner devant la famille rivale des Orléans !

Usant de son influence au gouvernement, le duc fait capoter le projet de mariage du roi avec la petite infante d'Espagne et il met ses conseillers en quête d'une princesse bonne à marier. Il faut que la future ait du sang royal, soit catholique... et en âge d'enfanter. Les personnes qui réunissent ces qualités ne sont pas légion...

C'est ainsi que Stanislas Leszczynski et son épouse Catherine Opalinska ont la surprise un jour, dans leur retraite de Wissembourg, de recevoir du duc de Bourbon une demande en mariage du roi pour sa fille Marie. On imagine la surprise de l'un et de l'autre ! Bien entendu, les beaux-parents du roi de France quittent Wissembourg pour une résidence mieux en rapport avec leur nouvelle situation, à Meudon.

Au demeurant, le mariage va se révéler heureux, du moins pendant les premières années. Le jeune roi de France se montre sincèrement amoureux de sa femme et celle-ci, bonne épouse, lui donne pas moins de dix enfants en dix ans avant qu'il ne cherche d'autres plaisirs dans les bras des marquises.

Quelques mois après son mariage, Louis XV a la sagesse de renvoyer le duc de Bourbon. Il le remplace à la tête du gouvernement par son précepteur, l'évêque de Fréjus, André de Fleury (73 ans). Celui-ci devient cardinal la même année (dans le désir de s'inscrire dans la continuité de Richelieu et Mazarin, deux cardinaux qui avaient remarquablement dirigé la France au siècle précédent).

Après le mariage, la guerre

Reste que le beau-père du roi de France ne se satisfait guère de sa situation d'éternel exilé. En 1733, meurt son rival le roi de Pologne Auguste II. Stanislas saisit l'occasion pour tenter de reprendre à nouveau la couronne avec, cette fois, le soutien de son puissant gendre. C'est la guerre de Succession de Pologne

Mais les Russes, qui surveillent la Pologne de près, prennent quant à eux le parti du fils de l'ancien roi. Leur armée assiège Dantzig où se tient Stanislas. Celui-ci n'entend pas risquer sa vie pour si peu. Il s'enfuit et regagne la France.

Là-dessus se pose la question de la succession de l'empereur d'Allemagne, Charles VI de Habsbourg. Celui-ci n'a qu'une fille, Marie-Thérèse, à laquelle il tient à céder ses possessions héréditaires. Il publie à cette fin un texte appelé Pragmatique Sanction.

Les diplomaties des grands pays s'activent et négocient leur accord à la Pragmatique Sanction. C'est ainsi que le duc de Lorraine et du Barrois, François III, qui est destiné à épouser Marie-Thérèse, cède ses duchés à Stanislas. Il est convenu aussi qu'à la mort de leur nouveau titulaire, les duchés reviendront à jamais au roi de France.

C'est ainsi qu'à soixante ans passés, le bon Stanislas reçoit les titres qui vont lui valoir une immortelle renommée. Ses titres sont surtout symboliques et la réalité du pouvoir, sous son règne, appartient au chancelier nommé par le roi de France, Chaumont de la Galaizière. Comme prévu, la Lorraine et le Barrois reviennent à la France à la mort du duc Stanislas, plus de 40 ans après le mariage de sa fille !

Fabienne Manière 
Publié ou mis à jour le : 2022-09-11 23:20:16

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net