Le 26 janvier 1654, après le siège de Recife, les Hollandais du Brésil capitulent face aux Portugais. C'est la fin du « Brésil hollandais », une aventure de trente ans.
À la suite de la mort du roi portugais Sébastien en 1578, le roi d'Espagne Philippe II devient également roi du Portugal. Le petit royaume lusitanien et ses colonies, dont le Brésil, se trouvent du coup impliqués dans la « Guerre de Quatre-Vingts ans » entre les Provinces-Unies et l'Espagne !
Dans un premier temps, quelques Hollandais mettent le pied au Brésil et lancent des escarmouches sans conséquence. La fondation de la Compagnie hollandaise des Indes Occidentales (WIC) en 1621 marque un tournant : les Hollandais organisent des expéditions de plus en plus importantes et mieux organisées contre le Brésil avec pour objectif la conquête des plantations sucrières.
Le 10 mai 1624, une troupe hollandaise prend Salvador de Bahia mais en est chassée un an plus tard. En 1629, une nouvelle expédition est dirigée cette fois contre le Pernambouc, plus au nord, à la pointe occidentale du Brésil. Elle a plus de succès et, entre 1630 et 1635, les Hollandais conquièrent toute cette région côtière, autour de Recife et Olinda.
Pour administrer le Pernambouc, la Compagnie envoie sur place Jean-Maurice de Nassau avec le titre de gouverneur. Ce dernier a de grandes ambitions pour la colonie. Tout d'abord, il entreprend la conquête de l'Angola, en Afrique australe, afin de contrôler le trafic d'esclaves. Ensuite, il réorganise l'administration et tente de gagner à lui les Portugais par une politique d'ouverture et de tolérance religieuse. Il fonde également une ville, Mauricia.
Jean-Maurice de Nassau, éminent représentant de l'Âge d'Or hollandais, commissionne des peintres pour faire connaître en Europe la nouvelle colonie.
Le peintre hollandais Frans Post (1612-1680) est ainsi le premier Européen à peindre le Nouveau Monde. Sur la toile ci-dessus (1639), il a représenté le Rio São Francisco. Le peintre Albert Eckhout (1610-1666) a quant à lui représenté ci-dessous une danse des Indiens Tupayas (1640).
Cependant, à la suite de tensions avec la Compagnie désireuse de maximiser les profits à court terme, le brillant gouverneur doit, en 1644, rentrer aux Pays-Bas.
Les Hollandais ne parviennent pas à s'installer dans la durée : leurs plantations conservent des rendements inférieurs à celles des Portugais et le flux d'immigrants demeure insuffisant. Qui plus est, les Blancs du Brésil, s'appuyant sur les Indiens et les Noirs, mènent une guerre d'usure contre eux, qu'ils considèrent comme des hérétiques. En parallèle, les Portugais, qui ont entre temps recouvré leur indépendance, reprennent l'Angola en 1648 : dès lors, le Brésil hollandais diminue comme peau de chagrin jusqu'à disparaître complètement avec la capitulation de Recife en janvier 1654.
En quittant la colonie, les Hollandais emportent avec eux les techniques de fabrication du sucre, qu'ils vont développer dans les Antilles ; il s'ensuivra une concurrence féroce pour les Brésiliens et une rapide chute des prix. Sur place, ils laissent quelques polders, dans le bassin inférieur du Rio São Francisco.
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