25 décembre 498

Baptême de Clovis à Reims

Clovis est baptisé à Reims un jour de Noël, à la fin du Ve siècle, en 498 ou 496 selon les historiens.

En adhérant par le baptême à la religion catholique, le roi des Francs et ses guerriers se distinguent des autres barbares qui occupent la partie occidentale de l'empire romain. Ceux-là sont pour la plupart fidèles à l'arianisme. Il s'agit d'une hérésie chrétienne très mal vue de la population gallo-romaine et des élites urbaines, massivement catholiques. 

Grâce à leur baptême, les Francs obtiennent le soutien du clergé gallo-romain dans la compétition qui les oppose à leurs rivaux barbares pour la domination de la Gaule.C'est le point de départ d'une irrésistible ascension qui va faire de Clovis et de ses successeurs, Charlemagne compris, les héritiers de l'empire romain d'Occident...

Fabienne Manière

Les Francs prennent le dessus sur les autres barbares

En 492, après une guerre contre les Burgondes et un traité avec leur roi Gondebaud, Clovis épouse Clotilde, nièce de celui-ci. Ce mariage lui vaut d'entrer dans le cercle restreint des grandes dynasties barbares d'Occident (Burgondes, Ostrogoths d'Italie, Wisigoths d'Aquitaine). Il le rapproche aussi du catholicisme dont Clotilde est une fervente représentante.

En 496, Clovis reçoit un appel à l'aide de son homologue, le roi des Francs rhénans. Celui-ci est menacé par les Alamans, une tribu germanique à laquelle nous avons emprunté le nom de l'Allemagne.

Le jeune roi accourt à son secours. Il veut prendre à revers les Alamans qui assiègent son allié dans la place forte de Tolbiac (en allemand, Zülpich), près de Cologne. Mais peu avant son arrivée, son allié fait reddition et les Alamans se retournent contre les nouveaux venus, inférieurs en nombre.

Le choc survient, croit-on, le 10 novembre 496. En situation périlleuse, Clovis aurait imploré le secours du Dieu de Clotilde et pris la résolution de se convertir en cas de victoire. À peine aurait-il fait ce voeu que le roi des Alamans était frappé à mort d'un coup de hache ! Cette légende a été inspirée plus tard au chroniqueur Grégoire de Tours par le souvenir de l'empereur Constantin au pont Milvius.

Jean Alaux (1785-1864) : le baptême de Clovis (style troubadour), musée des beaux-arts de Reims, ancienne abbaye Saint-Denis

Un baptême politique

Nonobstant toute intervention divine, Clovis est poussé à se convertir par sa femme, pieuse catholique, ainsi que par l'évêque Remi et par Geneviève, une sainte femme auxquels les Parisiens sont reconnaissants de les avoir préservés des Huns.

Celle-ci lui fait part de l'animosité des Gallo-Romains catholiques à l'égard des Wisigoths ariens, au retour d'un pèlerinage à Tours, sur le tombeau de Saint Martin, en terre wisigothe, et lui montre tout l'intérêt de rallier la religion majoritaire du pays.

Mais lui-même hésite longtemps. Selon les croyances de son peuple, il bénéficie d'une ascendance divine dont atteste sa chevelure blonde qui n'a jamais connu le ciseau. Il se demande s'il n'a pas plus à perdre qu'à gagner en se convertissant.

Il passe enfin à l'acte deux ans plus tard, le jour de Noël.

Avant tous ses guerriers, trois mille selon Grégoire de Tours, il plonge dans le baptistère, une immense piscine dont les archéologues ont retrouvé les restes sous l'actuelle cathédrale. L'évêque Remi lance au roi la formule célèbre : Depona colla, Sigamber !, ce qui signifie : « Dépose tes colliers [les amulettes des païens], Sicambre [autre nom donné aux Francs] ».

Pour le clergé catholique, qui craignait une victoire de l'hérésie arienne, la conversion de Clovis a un caractère providentiel. «Votre foi est notre victoire !» lui écrit Avit, évêque de Vienne, en pays burgonde... L'empereur de Constantinople, qui dirige en théorie tout l'empire romain depuis la déposition du dernier empereur d'Occident en 476, témoigne aussi de sa satisfaction en conférant au roi franc le titre symbolique de «Consul des Romains».

Le baptême de Clovis facilite la fusion entre les Gallo-Romains et leurs vainqueurs, les Francs. Il assure à ces derniers la domination sur l'Occident romain.

Baptême de Clovis, François-Louis Dejuinne, 1837, Galeries historiques du musée du château de Versailles.

Publié ou mis à jour le : 2022-12-20 14:37:05

Voir les 4 commentaires sur cet article

Erik (25-12-2017 17:56:26)

Avec trois années de retard, je me permets de corriger en souriant du lapsus de Bernard Vaché. Une des versions disait "Courbe-toi, fier Sicambre" que la plaisanterie a changé en "Cambre-toi, fie... Lire la suite

Bernard VACHÉ (28-10-2014 18:57:34)

J'ai le souvenir de la phrase (authentique ?) de Rémi lors du baptême de Clovis :
Cambre toi, fier Sicambre
Brûle ce que tu as adoré
Adore ce que tu as brulé !

Boutté Jacques (22-11-2011 07:37:08)

Si le principe de laïcité avait été inventé si tôt, aurions nous fédéré les peuples de Gaule au point d'en faire une nation ?

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net