23 mars 2013

La Séléka entre à Bangui

En 2006, la République centrafricaine a été victime d'une première tentative d'intrusion par des bandes armées venues du Soudan et du Tchad voisins.

Six ans plus tard, ces bandes armées, grossies de quelques musulmans du nord de la Centrafrique,  rassemblées sous l'appellation de Séléka, marchent à nouveau marché sur la capitale. La Séléka entre à Bangui le 23 mars 2013 et  chasse le président en place. Son chef, un musulman du nord, « Michel » Am-Nondokro Djotodia, s'autoproclame président.

À l'automne, réagissant à l'émotion suscitée par les images des journaux télévisés, massacres, viols et pillages, le président François Hollande dépêche à Bangui un millier de soldats français basés dans différents pays de la région...

Alban Dignat

Des envahisseurs venus du nord

L'intervention de François Hollande est inspirée par le souci de mettre un terme aux exactions les plus visibles. Pas question de briser l'invasion, auquel cas l'armée française aurait en priorité occupé le verrou de Birao, au nord-est du pays, par où sont venus les agresseurs. 

Les soldats français se contentent de patrouiller dans la capitale et les régions alentour, en s'efforçant de séparer les miliciens armés de ceux qui tentent de leur résister. Ils empêchent aussi les rebelles anti-Séléka d'expulser les minorités musulmanes venues du nord et récemment installées à Bangui.

Mais pendant ce temps, dans le reste du pays et en particulier dans la moitié orientale, la Séléka impose sa domination à une population très massivement chrétienne ou animiste, au prix de destructions et de massacres sans fin. Elle réactive la lutte multiséculaire entre les « Noirs » de la forêt et les « Blancs » du Sahel, les premiers étant ordinairement opprimés et réduits en esclavage par les seconds.

L'intervention française se double d'une parodie démocratique avec la nomination à la présidence d'une notable enrichie dans la prévarication...

Vers la résurgence des conflits raciaux au Sahel ?

Moins de deux ans après, les troupes françaises se résignent à quitter le pays sans avoir pu neutraliser la Séléka. Arguant de nouvelles élections présidentielles en mars 2015, le président François Hollande annonce l'allègement du dispositif militaire européen Sangaris alors que la capitale vit encore sous la menace des combattants Séléka.  

Les pays voisins envoient une force d'interposition (la Misca) en remplacement des Européens. Mais elle s'avère tout aussi incapable de restaurer l'ordre, d'autant qu'y participent les Tchadiens, très fortement impliqués dans les violences que subissent les Centrafricains depuis 2012 ! Au sein même de cette force se font jour les haines ethniques entre « Blancs » musulmans (Tchadiens et nomades peuls) et « Noirs » chrétiens (Burundais).

C'est en définitive à la société russe Wagner que le nouveau gouvernement centrafricain va faire appel pour assurer sa propre sécurité. Au total deux mille mercenaires, grassement financés par les recettes tirées de l'exportation des pierres précieuses et minerais locaux.

Publié ou mis à jour le : 2024-04-24 12:27:26

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