Le 1er juin 1898, toute la haute société d’Europe et d’Amérique se retrouve à la soirée d’inauguration de l'hôtel Ritz, sur la place Vendôme, à Paris. Créé par César Ritz, avec le concours du grand chef Auguste Escoffier, le Ritz inaugure une belle brochette de palaces caractéristiques de la Belle Époque, de son insouciance... et de ses effarantes inégalités sociales.
Un maître d'hôtel plein d'entregent
Né en Suisse en 1850, cadet d'une famille modeste de treize enfants, César Ritz devient sommelier dans une auberge à 14 ans et monte à Paris lors de l’Exposition universelle de 1867. Maître d’hôtel chez Voisin, fameux restaurant de la rue Saint-Honoré, il se fait apprécier du Tout-Paris par son charme et son entregent. Il perçoit très vite le besoin de loger comme il se doit les touristes fortunés qui se rendent dans les stations balnéaires. C’est ainsi qu’en 1880, il achète avec ses économies l’Hôtel des Roches noires, à Trouville. C’est un échec.
L’année suivante, il devient directeur général du Grand Hôtel de Monte-Carlo et y recrute le grand chef Auguste Escoffier, né en 1846 à Villeneuve-Loubet. Rencontre décisive. Avec lui, il relance son établissement un peu vieillissante. Puis, comprenant l'intérêt de joindre la cuisine au luxe, il travaille au projet d’un hôtel de très grand luxe à Paris.
Deux milliardaires lui apportent son concours, Alexandre-Louis Marnier-Lapostolle, inventeur de la liqueur « Grand Marnier », et Alfred Beit, magnat britannique du diamant. Ritz achète à crédit le prestigieux hôtel de Gramont, 15 place Vendôme, et va doter ses 159 chambres de tout le confort moderne, ascenseurs, électricité, téléphone, avec un luxe inspiré de Versailles. Christofle, Baccarat et Rouff concourent à l’aménagement et, bien sûr, Escoffier prend en charge la cuisine pour 500 couverts.
Sans attendre la fin des travaux, Ritz devient directeur d’un nouvel hôtel de grand luxe à Londres, le Savoy. Il va s’en inspirer, ainsi qu’Escoffier, pour l’aménagement de leur hôtel parisien. À son personnel, il insuffle une règle d'or : « Le client a toujours raison. ».
En 1898, après dix ans de travaux, Ritz ouvre enfin son hôtel, auquel il donne son nom : le Ritz. Le prince de Galles, futur Édouard VII, déclare : « Là où Ritz va, j’irai. » L’hôtel fait très vite le plein et Ritzy devient même une épithète pour signifier « chic, élégant » ! L’hôtel devient le lieu à la mode où les femmes peuvent exhiber leurs toilettes et les hommes faire étalage de leur fortune et conclure de nouvelles affaires.
Ritz ne se contente pas de ce palace : en 1905, il en ouvre un autre à Londres, où il va concurrencer le Savoy dont il fut le directeur général. Il en ouvre encore à Madrid, au Caire, à Johannesburg, à Montréal et à New York. À Paris même, le Ritz va inspirer des concurrents : le Crillon (1909), le Lutetia (1910), le Plazza (1913), le Bristol (1925).
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible