L'émotion internationale soulevée par le bombardement de Guernica, le 26 avril 1937, n'arrête pas les nationalistes dans la guerre civile qu'ils ont déclenchée en Espagne 10 mois plus tôt.
Ils profitent du soutien militaire des Italiens et des Allemands ainsi que des guerres fratricides du camp républicain pour multiplier les offensives et résorber l'une après l'autre les poches de résistance du gouvernement légal. Le 3 juin 1937, le général Mola périt dans un accident d'avion, comme un an plus tôt, le général Sanjurjo.
Franco reste le seul chef de la rébellion. On l'appelle caudillo (« guide ») d'un mot calqué sur l'allemand Führer, l'italien Duce ou le russe Vojd. Il rallie à lui les mouvements d'extrême-droite créés avant la guerre civile, à commencer par la Falange (« Phalange »), en avril 1937. José Antonio Primo de Rivera, chef historique de celle-ci, a été fusillé cinq mois plus tôt, en novembre 1936, par les republicanos et son successeur Manuel Hedilla ayant refusé la fusion de son mouvement avec les carlistes décidée par Franco, il est condamné à mort par les nacionales et finalement grâcié.
Le 19 juin 1937, les troupes de Franco s'emparent de Bilbao, métropole du pays basque, malgré sa ceinture de fortifications. Puis tombent Santander et enfin Gijon, dans les Asturies, près de la côte atlantique. Les vainqueurs exercent partout une répression féroce cependant que les combattants républicains sont évacués à la hâte par la mer.
Le 31 octobre 1937, le gouvernement républicain de Negrin Lopez quitte Valence pour Barcelone. Le territoire qu'il contrôle encore se réduit comme peau de chagrin. Il s'étend essentiellement entre Madrid et Barcelone. En décembre, Negrin lance une offensive de la dernière chance sur le « saillant de Teruel », une région montagneuse à mi-distance de Madrid et Valence. Mais dès le 22 février 1938, les nationalistes reprennent la ville et dans les semaines suivantes, déclenchent l'offensive du Levant.
À cette occasion, du 17 au 19 mars, l'aviation italienne bombarde intensément Barcelone à partir des îles Baléares. On compte 3 000 morts et des milliers de blessés. L'émotion internationale est une nouvelle fois intense. Le pape Pie XI lui-même proteste auprès de Mussolini.
Quoi qu'il en soit, les franquistes réussissent le 15 avril à atteindre la Méditerranée entre Barcelone et Valence, coupant en deux la zone encore tenue par les républicains
En juillet, les républicains traversent l'Ebre, le grand fleuve de Catalogne, et menacent de prendre les nationalistes à revers. Ces derniers suspendent du coup leur offensive vers Valence.
Les chefs républicains placent désormais leurs espoirs dans une intervention plus franche des démocraties. C'est qu'en Europe, la tension est brutalement montée avec l'Anschluss et les menaces allemandes sur la Tchécoslovaquie.
En cas de guerre entre l'Allemagne d'un côté, la France et l'Angleterre de l'autre, celles-ci seraient amenées à combattre aux côtés des républicains espagnols... Les accords de Munich ruinent ce calcul en différant la guerre générale de quelques mois.
Le 23 décembre 1938, les franquistes lancent l'offensive finale contre la Catalogne et un mois plus tard, le 26 janvier 1939, ils entrent à Barcelone.
Vers tous les postes-frontières des Pyrénées affluent de longues files de réfugiés, civils et combattants, qui fuient la répression nationaliste. C'est la « Retirada ». Pas moins de 400 000 au total vont passer en France. La moitié d'entre eux vont repasser la frontière dès 1940. Les autres vont pour la plupart faire souche dans le pays d'accueil.
Le gouvernement de Negrin est renversé le 5 mars 1939 par une junte formée à Madrid sous la houlette du général Miaja qui se dispose à négocier sa reddition avec Franco. Enfin, le 28 mars 1939, les nationalistes espagnols entrent à Madrid. Ils font le défilé de la victoire devant Franco.
Le 1er avril 1939, Franco publie un laconique communiqué de victoire : « La guerre est finie ». C'est la fin d'une guerre civile de trois ans qui aura coûté à l'Espagne environ 400 000 morts et autant d'exilés, à quoi s'ajouteront autant de victimes du fait de la dictature franquiste. C'est aussi la fin de la « République démocratique des travailleurs de toutes classes », née en 1931.
Mais le pays n'est pas au bout de ses malheurs. De longues colonnes de réfugiés républicains se pressent à la frontière des Pyrénées et demandent asile en France. La répression, dans les premières années de la dictature franquiste va encore faire plusieurs centaines de milliers de victimes. Et ce n'est que bien après la Seconde Guerre mondiale que l'Espagne accèdera enfin à la sérénité.
La guerre d'Espagne a nourri de nombreux romans et témoignages: L'Espoir (André Malraux), Pour qui sonne le glas (Whom the Bell Tolls, Ernest Hemingway), Les grands cimetières sous la lune (Georges Bernanos), Hommage à la Catalogne (Homage to Catalonia, George Orwell).
Sur le récit des événements, on peut lire le petit livre concis et clair de l'historien Pierre Vilar : La guerre d'Espagne 1936-1939 (PUF, Que sais-je?, 1986) et surtout l'ouvrage classique de l'historien Thomas Hugh : La guerre d'Espagne, juillet 1936-mars 1939 (première édition parue en 1961, réédition en français en 1985, Robert Laffont).
L'historien français Bartolomé Bennassar a aussi publié en 2004 une histoire passionnante du conflit qui n'oublie pas de détailler le sort des réfugiés après le triomphe de Franco : La guerre d'Espagne et ses lendemains (Perrin).
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Violetera (25-03-2009 18:57:46)
Superbe petit film (la Chevauchée des Walkyries accompagnant les bombardiers, 40 ans avant Coppola !), mais film DE PROPAGANDE (pour le camp républicain) avec un lyrisme "prolétarien" touchant mais au... Lire la suite