Le 18 octobre 1941 prend fin la carrière de Richard Sorge, un espion double qui travaillait à la fois pour le NKVD soviétique et l'Abwehr allemande. Arrêté par les Japonais le 18 octobre 1941, il est pendu après que Staline a refusé de l’échanger. Il a cependant été fait Héros de l’Union soviétique en 1964. Il est devenu aussi une source d'inspiration pour Ian Fleming, l'auteur de la série des James Bond.
Une contribution déterminante à la défaite du nazisme
Né le 4 octobre 1895 en Azerbaïdjan d'un père allemand et d'une mère russe, il grandit et travaille en Allemagne où il lit et fait siens les écrits de Karl Marx après avoir combattu dans la Reichswehr jusqu’en 1916, date à laquelle il est gravement blessé.
Repéré par le Komintern (Internationale communiste), il suit à Moscou une formation d'espion de 1925 à 1933 pour le compte du NKVD, puis se fait embaucher comme journaliste dans un grand journal allemand et devient son correspondant à Shanghai (Chine) puis à Tokyo (Japon) où il arrive en septembre 1933.
Noceur et séducteur en diable, il devient la coqueluche de la haute société et des milieux diplomatiques.
Agent double pour le NKVD mais aussi l’Abwehr allemande, il se fait apprécier par Eugen Ott, ambassadeur d'Allemagne au Japon à partir de 1938. Il devient même son ami et son homme de confiance et participe aux réunions les plus confidentielles de l'ambassade.
C'est ainsi qu'il découvre le projet d'invasion de l'URSS par la Wehrmacht (Barbarossa), y compris la date d'exécution (22 juin 1941). Il en informe Moscou mais Staline, qui s'accroche envers et contre tout à son alliance avec Hitler, ne veut rien entendre. Quand l'invasion est déclenchée, il est totalement pris de court et l'Armée rouge balayée.
Sorge est consterné mais poursuit son travail d'espion. Il découvre ainsi que l'armée japonaise a commandé pour ses troupes... des shorts. C'est la preuve qu'elle se prépare à attaquer dans les mers chaudes : elle ne se soucie donc pas de soutenir l'effort de son « alliée » allemande en attaquant l'URSS !
Gueorgui Joukov, qui assure la défense de Moscou, prend le renseignement au sérieux. Il rapatrie sans attendre ses troupes d'Extrême-Orient vers le front occidental où elles vont jouer un rôle décisif dans la contre-offensive soviétique.
Sorge peut en définitive se flatter d'avoir ainsi joué un rôle déterminant dans la victoire soviétique sur le nazisme. Mais il ne la verra pas. Lui-même, malgré son bagout, est d'une discrétion à toute épreuve mais les Japonais n'en arrivent pas moins à démanteler son réseau d'informateurs, le détruire et l'arrêter lui aussi.
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