Le samedi 16 mars 1935, profitant de l'atonie du week-end, Adolf Hitler annonce le rétablissement du service militaire obligatoire et décide de porter les effectifs de la Wehrmacht de 100 000 hommes à 500 000, avec 36 divisions. C'est la première violation flagrante du traité de Versailles. Elle prend tout le monde au dépourvu, y compris les généraux allemands que cette annonce réjouit néanmoins.
Les pays étrangers et la Société des Nations, à Genève, n'osent prendre des mesures de rétorsion. Le lendemain, la décision du Führer est célébrée par de grandes festivités dans toute l'étendue du Reich.
Habile propagande
L'opération révèle l'habileté manoeuvrière du Führer, qui joue à loisir avec l'aspiration des pacifistes du monde entier à prendre leurs désirs pour des réalités.
Au début de l'année, le 13 janvier 1935, s'est tenu un plébiscite en Sarre, une région frontalière entre la France et l'Allemagne, conformément aux dispositions du traité de Versailles : à une écrasante majorité, les habitants ont demandé leur réintégration au sein de l'Allemagne... sans prêter attention au fait que celle-ci était depuis deux ans passée sous la botte nazie !
Le choix librement exprimé par les Sarrois cautionnait le gouvernement nazi, sa propagande et également ses succès économiques. Fort de ce succès, le Führer avait pu annoncer peu après que son pays n'avait plus de revendication territoriale à l'Ouest. Il renonçait officiellement à toute prétention sur l'Alsace-Lorraine ! Ce discours rassurait les pacifistes français et européens qui n'en demandaient pas tant.
Le rétablissement du service militaire fait l'effet d'une douche froide. Hitler le justifie par le fait que la France vient de décider de porter de dix-huit mois à deux ans la durée du service militaire obligatoire pour compenser le déficit des naissances lié à la Grande Guerre, vingt ans plus tôt.
Toujours habile, il prononce un peu plus tard un nouveau discours où il réitère ses intentions pacifistes et promet la paix en Europe en vue d'endormir l'opinion publique des démocraties européennes. Il se justifie aussi en faisant valoir le droit légitime de son pays à se défendre et la fin de non-recevoir adressée par les autres gouvernements à ses demandes de révision du traité de Versailles.
Un an plus tard, le 7 mars 1936, Hitler remilitarise la rive gauche du Rhin en violation du pacte de Locarno. Il profite de ce que les Français sont en pleine campagne électorale (il en sortira le gouvernement de Front populaire).
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