Le 11 septembre 2001, pour la deuxième fois de leur Histoire après la guerre anglo-américaine de 1812, les États-Unis sont agressés sur leur propre sol. Mais cette fois, l'agression est visionnée en direct sur les écrans de télévision sur toute la planète...
Stupéfaction planétaire
Quatre avions de ligne sont détournés par des terroristes islamistes de la mouvance al-Qaida.
Deux s'écrasent avec leurs occupants sur les tours jumelles du World Trade Center qui faisaient la fierté de New York depuis leur inauguration, le 4 avril 1973.
Un troisième avion s'écrase sur le Pentagone (le ministère des armées), à Washington. Le quatrième s'écrase dans un bois de Pennsylvanie, les passagers ayant tenté au sacrifice de leur vie de maîtriser les terroristes.
On comptera au total, environ 3 000 morts et disparus. L'effondrement des tours ayant été filmé en direct, l'émotion est immense dans le monde.
Les Américains sont d'autant plus consternés que le chef du commando terroriste, Mohammed Atta, jeune architecte d'origine égyptienne, donnait l'apparence d'être bien intégré dans leur société, tout comme ses acolytes.
Le drame survient quelques mois après l'avertissement aux Européens (et Américains) du président égyptien Hosni Moubarak : « Les pays européens continuent à offrir l’hospitalité aux terroristes, qui, depuis que l’URSS a été dissoute, ont trouvé refuge chez vous. Ces terroristes {...] reçoivent de nombreux fonds, vivent en paix et en liberté dans ces pays. Je vous fais une prévision : dans un futur proche, vous, les Européens, aurez de nombreux problèmes, à cause de cette hospitalité que vous avez accordée à ces terroristes » (La Repubblica, 18 février 2001).
À la recherche des coupables
Le président George Bush Jr, après un moment d'égarement, engage le fer contre al-Qaida et son chef mystérieux Oussama Ben Laden, né en 1957 à Riyad, héritier d'une richissime famille d'Arabie séoudite originaire du Yémen et resté très proche des cercles du pouvoir de Riyad.
En 1979, alors que des membres de sa famille sont impliqués dans l'attentat de la Grande Mosquée à La Mecque, Oussama Ben Laden est approché par un prince de la famille royale qui l'envoie à Peshawar, au Pakistan, pour organiser et entraîner les volontaires musulmans désireux de se battre aux côtés des Afghans contre les Soviétiques. Il est aidé en cela par les services secrets américains.
En 1988, il rentre en Arabie où il est fêté comme un héros. Mais lorsque le roi décide d'offrir aux Américains une base sur son sol afin de chasser les Irakiens du Koweit, il entre en dissidence, se rend au Soudan et rejoint l'organisation terroriste al-Qaida, fondée en 1988 sur des préceptes salafistes en vue de combattre l'Occident impie et ses alliés. Il met sa fortune et celle de sa famille au service de l'organisation.
Au cours des années 1990, les anciens d'Afghanistan se retrouvent sur d'autres théâtres : les Balkans, le Levant, le Caucase, le Maghreb. C'est ainsi que la Tchétchénie va basculer dans la violence, tout comme l'Algérie, après l'annulation de la victoire des islamistes aux élections de 1991.
Le 26 février 1993, quand survient un attentat au World Trade Center qui fait six morts, al-Qaida et lui sont soupçonnés mais l'enquête en reste là car le jeune moudjahidine conserve la sympathie des Occidentaux en raison de son action passée en Afghanistan.
Traqué par les services secrets saoudiens, Ben Laden se réfugie enfin en 1996 en Afghanistan où les talibans viennent de s'emparer du pouvoir. Bénéficiant de leur protection active, il publie une Déclaration de djihad contre les Américains qui occupent le pays des deux Lieux Saints, dans laquelle on peut lire : « Ces jeunes-là aiment autant la mort que vous aimez la vie, ils ont hérité de l'honneur, de la fierté, de la bravoure, de la générosité, de la sincérité, du courage et de l'esprit de sacrifice, de père en fils, et leur endurance au combat se vérifiera lors de l'affrontement... »
En 1998, dans sa Déclaration du Front islamique mondial pour le djihad contre les juifs et les croisés, il écrit encore : « Tuer les Américains et leurs alliés, qu'ils soient civils et militaires, est un devoir à tout musulman qui le pourra. » Il s'ensuit le 7 août 1998 des attentats-suicides en Afrique contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et Dar es Salaam (Tanzanie) par des militants locaux d'al-Qaida. Ils font 213 morts dans la première ville et onze dans la seconde. Les attentats du 11 septembre 2001, autrement plus violents et spectaculaires, s'inscrivent dans la filiation directe de ceux-ci.
L'Oncle Sam sort les griffes
Moins d'un mois après les attentats, une coalition internationale envahit l'Afghanistan, où Ben Laden a trouvé refuge auprès des talibans islamistes.
Au bout de quelques mois de frappes militaires, le gouvernement américain et ses alliés caressent l'espoir d'avoir vaincu l'hydre terroriste. Ben Laden lui-même est abattu dans son repaire pakistanais, le 2 mai 2011, soit dix ans après les attentats...
En dépit de leur retentissement médiatique, les attentats de New York et Washington inaugurent une décennie relativement peu meurtrière, en définitive comme la moins belliciste dans le monde depuis au moins un siècle.
Cette première décennie du XXIe siècle s'achève sur les révolutions arabes, perçues comme un pied-de-nez aux terroristes d'al-Qaida et à l'islamisme apparu vingt ans plus tôt en Iran. Elles vont malheureusement tourner court.
De graves conséquences sur le long terme
Les attentats ont de graves conséquences intérieures aux États-Unis, avec des répercussions énormes et dramatiques en Europe occidentale et au Moyen-Orient. Celles-ci sont de trois ordres :
- Soucieux de lutter contre le terrorisme, les gouvernements multiplient les mesures répressives jusqu'à banaliser des dispositions orwelliennes (caméras de surveillance, fichage des empreintes ADN, fouilles au corps...).
- Pour restaurer la confiance après le choc émotionnel des attentats, le gouvernement américain convainc la Réserve Fédérale et les banques d'ouvrir les vannes du crédit. Il va s'ensuivre une bulle spéculative et le développement des hedge funds ou « fonds de couverture » jusqu'à l'effondrement bancaire de 2008 avec ses répercussions foudroyantes sur l'Europe et la zone euro.
- Ayant engagé des opérations militaires très coûteuses (et vaines) en Afghanistan et en Irak, le gouvernement de George Bush se refuse à couvrir les dépenses supplémentaires par des hausses d'impôt. Il s'ensuit une aggravation exponentielle des déficits américains : dette publique et déficit commercial (twin deficits ou « déficits jumeaux ») au profit surtout de la Chine.
- Plus gravement, au Moyen-Orient, les interventions en Afghanistan et surtout en Irak ont pour effet de déstabiliser tout l'Orient arabe et de réactiver avec une ampleur inédite les conflits communautaires entre sunnites, chiites et autres.
Tous les ingrédients des crises des années 2010, en Europe comme au Moyen-Orient trouvent ainsi un bonne part de leur origine dans les attentats du 11 septembre 2001 et, plus encore, dans la manière dont le gouvernement américain a réagi à celles-ci. De ce point de vue, la mort du terroriste Mohammed Atta, de ses complices et de leurs malheureuses victimes n'a pas été sans effet sur le déroulement de l'Histoire.
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Voir les 6 commentaires sur cet article
Daniel Hardy (17-09-2021 15:41:23)
« Pour la deuxième fois de leur Histoire, les États-Unis sont agressés sur leur propre sol », écrivez-vous. Mais était-ce la 2e ou la 3e fois ? Pourquoi avoir omis l'attaque de Pearl Harbor, en... Lire la suite
vasionensis (12-09-2021 16:04:15)
Votre exposé sur les graves conséquences sur le long terme est très intéressant. En revanche, pour ce qui précède : le rôle de l'historien est-il de répéter les thèses officielles - lesquel... Lire la suite
jmpoux (12-09-2021 11:26:08)
Vous parlez des 3000 morts le jour même, mais il semblerait qu'il y en a 3000 de plus des conséquences des fumées et poussières toxiques.