Le 11 avril 1241, les Mongols remportent une éclatante victoire sur les troupes hongroises du roi Bela IV, en un lieu appelé Mohi... L'Europe paraît à leur merci.
En France, c'est l'époque épanouie de Saint Louis. On compose le Roman de la Rose et le roi songe à édifier la Sainte Chapelle. Dans cette chrétienté médiévale plutôt souriante, nul n'imagine les soubresauts qui secouent les lointaines steppes d'Asie centrale. Ces contrées parcourues par des cavaliers nomades ont été unifiées avec brutalité par un chef mongol qui est resté dans l'Histoire sous le nom de Gengis Khan.
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Grand khan des Mongols en 1206, Gengis Khan va entamer dans les 20 années qui suivent la conquête de l'Asie, de la Chine du nord aux frontières de l'Europe. Mais il reviendra à ses quatre fils (Oegoedaï, Djaghataï, Djötchi et Toloui) et leurs descendants de la compléter. De la Russie à l'Indochine, leur influence se fera ainsi sentir pendant un demi-millénaire...
Mort le 18 août 1227, Gengis Khan a laissé à son fils Ogodai et à ses lieutenants le soin d'étendre ses conquêtes vers la Perse, la Chine et aussi bien l'Ukraine et la Hongrie. C'est ainsi qu'à l'automne 1236, le vieux général Subotai (60 ans) et Batou (ou Batu) l'un des petits-fils de Gengis Khan, se dirigent vers l'Occident avec une armée de peut-être 150 000 hommes. Une partie de cette armée marche sur les principautés russes du nord et les ravage jusqu'aux abords de la riche cité de Novgorod.
Un peu plus tard, le 6 décembre 1240, Kiev, principale ville d'Ukraine, est prise d'assaut et détruite. L'Ukraine ne se remettra jamais totalement de l'invasion mongole et perdra sa suprématie sur les peuples de la grande plaine russe.
Poursuivant sa marche, l'armée mongole brûle Cracovie, principale cité de Pologne et se heurte à une armée de chevaliers polonais et allemands. Ces derniers sont anéantis à Wahlstadt, en Silésie.
Les Occidentaux, alertés, échouent à organiser une croisade commune. Les Chevaliers teutoniques profitent au contraire des désordres pour partir en guerre contre les Russes de Novgorod mais ils seront arrêtés par Alexandre Nevski.
En Hongrie, le roi Béla IV rassemble en hâte ses forces et se porte au-devant des Mongols mais ses hommes sont presque tous massacrés et lui-même prend la fuite.
Les Mongols ravagent les régions du Danube avec un raffinement de cruauté. Incendies, viols et égorgements systématiques, pratique des « boucliers humains »... Autant de comportements dont ils n'ont hélas pas le monopole. Ils poussent des pointes jusqu'aux abords de Vienne et de l'Adriatique.
Là-dessus arrive la nouvelle de la mort du grand-khan Ogodai dans la lointaine Mongolie. Pressés de prendre part à la succession, les chefs mongols se retirent avec leurs armées. Ils y sont d'autant plus enclins qu'ils sont arrivés au bout de leurs réserves et ne voient plus devant eux assez de pâturages pour assurer la nourriture de leurs chevaux. Ils ne se sentent pas non plus l'envie ni la capacité de tenir des territoires constellés de forteresses.
L'Europe occidentale, inconsciente du malheur auquel elle a échappé, est sauvée. Quelques années plus tard, d'autres Mongols ravageront Bagdad et l'empire arabe.
En contrepartie de ses horreurs, l'invasion mongole a pour effet d'unifier les steppes de l'Eurasie et d'ouvrir la Route de la Soie qui relie l'Europe à la Chine à travers l'Asie centrale. Des marchands occidentaux audacieux en profitent bientôt. Le plus célèbre est Marco Polo, qui parcourra l'Asie en tous sens pendant 25 ans au service de l'empereur mongol de Chine, Koubilaï Khan.
Je recommande, pour en savoir plus, un petit livre de Chantal Lemercier-Quelquejay qui fait le point sur le XIIIe siècle mongol : La paix mongole (questions d'histoire/Flammarion, 1970).
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