An Mil

Les châteaux forts et la guerre

À partir de Charlemagne, la guerre à cheval prend l'avantage sur les charges de fantassins. Les guerriers à cheval ou « chevaliers » bénéficient en effet d'une innovation technique : l'étrier, qui leur donne une grande stabilité. Conjugué à une armure en cuir ou en métal, il leur assure une quasi-invincibilité face aux fantassins (combattants à pied).

Mais le changement le plus important réside dans les techniques de fortifications, de plus en plus savantes, qui rendent les places quasiment imprenables. Les guerres de conquête se limitent au siège des places fortes et les batailles frontales, armée contre armée, se font rares.

Invincibles forteresses

L'approche de l'An Mil voit l'apparition des premiers châteaux forts en pierre. Jusque-là, les seigneurs se contentaient de fortifications en bois entourées de palissades, juchées sur une colline ou, à défaut, sur une « motte castrale » (une colline artificielle).

Les restes du donjon de Foulque Nerra, à Langeais (photo: André Larané)Le premier château en pierre est dû au comte d'Anjou, le fameux Foulque Nerra (« Faucon Noir » dans la langue de l'époque), contemporain du roi Hugues Capet.

Il est érigé à Langeais, au bord de la Loire, et on peut encore en voir les restes près du château Renaissance qui lui a succédé.

Dès l'An Mil, les châteaux forts se multiplient. Dans le Languedoc, à Peyrepertuse par exemple, les pitons rocheux se prêtent particulièrement bien à leur construction, la pierre étant prélevée et taillée sur place sans qu'il soit besoin de la transporter.

Construits de façon savante, les châteaux forts et forteresses se révèlent très efficaces dans la défense d'un territoire. Il faut en général au moins 20 fois plus d'assaillants que d'assiégés pour avoir raison d'un château bien fortifié et tant qu'un château n'est pas conquis, il est très risqué pour une armée ennemie de s'avancer sur son territoire car elle est à la merci d'une sortie surprise des troupes du château.

La construction des châteaux forts relève d'un savoir-faire sans cesse amélioré :
– les murailles en pierres qui ceignent la forteresse sont entourées de fossés parfois remplis d'eau (les douves) pour empêcher l'ennemi de s'approcher,
- elles sont renforcées de proche en proche et aux angles par des tours où peuvent circuler et se concentrer les défenseurs ; au XIIe siècle, de carrées, les tours deviennent rondes pour mieux résister aux assauts et aux catapultes,
– la base des murailles est légèrement oblique pour faciliter le rebond des objets divers jetés du haut sur les assaillants,
– les murailles sont percées de fentes verticales, les archères, qui permettent de lancer des flèches sur les assaillants en restant à l'abri,
– la crête des murailles est parcourue d'un chemin de ronde, qui facilite le déplacement des défenseurs,
– une alternance de créneaux et de meurtrières (ouvertures) permet aux défenseurs du chemin de ronde de tirer sur l'ennemi tout en restant à l'abri de leurs coups,
– entre la ligne des créneaux et le chemin de ronde est ménagé une ouverture vers le bas, le mâchicoulis, qui permet de laisser tomber sur les assaillants des objets divers (jamais d'huile bouillante contrairement à une légende courante !),
– l'entrée du château est protégée par un pont-levis jeté au-dessus des douves (on le lève en cas d'attaque),
– pour éviter que les assaillants puissent défoncer avec un bélier la porte d'entrée, celle-ci est précédée par une barbacane, autrement dit un mur en angle qui empêche les ennemis de prendre leur élan avec le bélier,
– au-dessus de la porte se tient une herse, en bois plutôt qu'en métal coûteux, que l'on fait tomber en dernier ressort pour empêcher l'entrée des attaquants,
– au-dessus des portes du château, côté intérieur, sont aménagées des niches, ou assommoirs, où se tiennent des gardes prêts à tomber par surprise sur d'éventuels intrus.
– au centre du château, une tour elle-même bien fortifiée, le donjon, sert d'ultime refuge si l'ennemi a réussi à franchir la première ligne de murailles ; c'est dans le donjon que sont généralement aménagés les locaux d'habitation de la troupe et du seigneur du lieu.

Les armes de siège

Notons que dès les alentours de l'An Mil, les armées disposent d'armes de siège relativement efficaces :
– catapultes à gros boulets : balistes, perrières ou chaables,
– armes à levier et contrepoids : trébuchets ou mangonneaux (boulets plus petits que les catapultes),
– tours de siège sur roues, destinées à transporter des soldats jusqu'aux murailles, abritées des flèches enflammées par des peaux de bête humides.

Mais ce n'est qu'avec l'emploi de la poudre et des canons, à la fin du Moyen Âge, que les armées offensives reprendront l'avantage sur les châteaux forts. Les batailles rangées redeviendront désormais la règle comme sous l'Antiquité, avec pour conséquence des pertes humaines beaucoup plus importantes.

Les armes individuelles

Tout au long du Moyen Âge, les armes offensives dont disposent chevaliers et combattants à pied sont de plusieurs natures :
– armes de choc : marteau et maillet,
– armes d'hast ou armes à fer : lances et piques, haches et faux,
– armes de jet : javelot, frondes, arcs,
– armes de main : épées et dagues.

Notons que les arbalètes, déjà connues sous l'Antiquité, sont interdites par l'Église dans les combats entre chrétiens du fait de leur redoutable efficacité !

L'armement individuel évolue au cours des siècles :

À l'époque carolingienne, avant l'An Mil, les guerriers portent sur le corps la broigne ou brogne une cuirasse recouverte de plaques de métal.

Vers le XIIe siècle, les combattants se protègent également avec la cotte de maille ou haubert. Très coûteuse, elle recouvre de ses anneaux métalliques tissés la poitrine et la gorge.

Au XIIIe siècle, cette protection est complétée par les gantelets et chausses métalliques.

Au XVe siècle, la cotte de maille est peu à peu remplacée par l'armure de fer articulée, ou armure de plates, encore plus coûteuse et lourde.

La tête est protégée par un casque, le heaume. Avant l'An Mil, celui-ci est en forme de cône, avec une protection nasale. Au XIIe siècle, il enveloppe la tête et ne comporte qu'une fente pour les yeux. Au début du XIVe siècle, avec la guerre de Cent Ans, il est remplacé par le bassinet, plus léger et confortable, avec une visière qui se relève.

Les combattants se protègent avec un bouclier en bois recouvert de cuir, l'écu. Il est rond au début, puis allongé de façon à protéger aussi les jambes. À partir du XIIIe siècle, il est orné des armoiries de son propriétaire, qui sont l'élément de reconnaissance indispensable sur le champ de bataille.

D'apparence redoutable, l'armure médiévale pèse au maximum 20 à 30 kilogrammes ; pas plus que la charge imposée aux soldats modernes. Bien articulée et répartie sur tout le corps, elle permet au combattant de conserver sa liberté de mouvement, de monter et descendre seul de cheval, voire de courir.

Qu'il s'agisse de châteaux forts ou d'armement individuel, l'art de la défensive prend le pas au Moyen Âge sur l'art de l'offensive... avec l'avantage d'une économie de vies humaines !

Alban Dignat
Publié ou mis à jour le : 2022-05-21 09:35:17
Capremont (04-02-2014 21:55:47)

Une seule et glorieuse exception tout de même : le château de Chèvremont près de Liège. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Ch%C3%A8vremont . Des vestiges de ses impressionnante... Lire la suite

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