6 mars 2016

L’Histoire : une passion française

Bonne nouvelle ! Les Français sont fous d’Histoire. C’est la principale leçon du sondage réalisé par l’institut BVA et publié par la presse quotidienne régionale ces 5 et 6 mars 2016.

Vous pouvez découvrir ci-après les résultats détaillés de ce sondage.

85 % des Français se déclarent intéressés par l’Histoire (dont 40% tout à fait intéressés). Une passion française très prononcée qui varie selon les âges, le genre et la catégorie sociale des personnes interrogées. Elle s’exerce plus chez les hommes (88%) que chez les femmes (83%) et plus chez les retraités (89%) et les cadres (87%) que chez les employés et ouvriers (79%). Par ailleurs cet engouement croît avec l’âge, passant de 79% chez les 18-34 ans, à 86% pour les 35-64 ans et atteignant 91% auprès des 65 ans et plus.

Sans doute les émissions de télévision et de radio contribuent à populariser l’Histoire même si certaines d’entre elles le font parfois par le petit bout croustillant de la lorgnette. Mais le talent de conteur de leurs animateurs embarque les téléspectateurs et les auditeurs dans notre récit national, suscitant une saine curiosité.

Il existe sans doute une explication plus profonde. En cette période de doute, de manque de repères, l’Histoire est constitutive de l’identité nationale, c’est une mémoire collective, un héritage qui rassemble. Et dans ce même creuset chacun peut puiser ses références, ses valeurs et sa propre… histoire.

Ce sondage révèle aussi les paradoxes, voire les contradictions des Français. Voilà un peuple qui n’a cessé de ferrailler en son sein entre les Armagnacs et les Bourguignons, entre les protestants et les catholiques, qui a participé à trois révolutions au moins, s’est entretué à Paris pendant la Commune, s’est profondément divisé pendant l’affaire Dreyfus, puis entre Résistants et « collabos » sous l’Occupation, voilà un peuple champion des manifestations et des pétitions – comme le prouve encore le succès de l’appel contre la réforme du Code du travail -, qui se défie de la démocratie représentative, en pince de plus en plus pour la démocratie participative, et pourtant il désigne trois hommes à poigne au sommet du hit-parade de ses personnages préférés : Charles de Gaulle, Napoléon Ier et Louis XIV.

Comme si après s’être ébroués, les Français ressentaient le besoin d’autorité, de se ranger derrière une figure tutélaire, père de la Nation, incarnation d’un État fort… qui trouve sa traduction contemporaine dans la fonction de président de la République.

Mais ce trio, dont le bilan global n’est pas aussi reluisant qu’un superficiel coup d’œil dans le rétroviseur fait miroiter, renvoie surtout à des époques de grandeur de la France, d’un prestige qui s’étendait au-delà de nos frontières et rendait fier d’être français, alors qu’aujourd’hui les responsables politiques sont associés à un sentiment de décadence.

Pourtant, commentant ce sondage dans les colonnes de La Dépêche du Midi, l’historien Marc Ferro nuance cette impression : « Dès la chute de Napoléon, l’idée de la « décadence » était dans l’air et on peut dire que depuis, elle a toujours régné sauf lors de quelques rares moments, au début de la Troisième République ou après la guerre de 14-18. L’idée que le pays était « décadent » face à des pays plus petits comme l’Angleterre ou la Prusse, néanmoins surpuissants, a toujours fait partie, si j’ose dire, de notre patrimoine, suscitant une colère tantôt à l’extrême gauche, tantôt à l’extrême droite. »

Le sondage BVA montre aussi que nos compatriotes ont une vision large puisqu’ils englobent également dans leur Panthéon historique des scientifiques comme Pierre et Marie Curie, un membre de la société civile comme l’abbé Pierre, et un écrivain engagé, Victor Hugo.

Parmi les autres enseignements de cette étude, il faut souligner que si les deux tiers des Français jugent que l’adhésion de la France à l’Union européennea été une bonne chose (66%) un tiers déclare qu’elle a été néfaste au pays (33%). Plus précisément, les retraités (72%) et les cadres (71%) y voient davantage une bonne chose que la moyenne des Français alors que les employés et ouvriers sont moins de 6 sur 10 à penser de même (58%).

L’espoir qu’a représenté la construction européenne après la deuxième guerre mondiale s’est progressivement effrité depuis une vingtaine d’années. D’abord parce que la promesse de paix sur le continent a été flétrie par la guerre dans les Balkans puis par le conflit en Ukraine. Ensuite parce que le progrès économique et social que devait apporter l’Europe a été mis à malpar la crise économique, la montée du chômage et des boulots précaires, dont les classes défavorisées sont les premières victimes.

Ce sondage met à jour qu’au moment où les programmes scolaires font l’objet de polémiques, les Français estiment que l’Histoire devrait être davantage enseignée à l’école.Enfin, nos compatriotes qui s’intéressent à l’Histoire le font très majoritairement par des documentaires (80%) mais aussi par des visites de musées ou de lieux historiques, la lecture de livres ou de magazines. Une minorité effectue des recherches sur Internet (41%). À cette frange de passionnés on peut rappeler que Herodote.net est là pour les instruire sur la Toile…

Jean-Pierre Bédéï
Publié ou mis à jour le : 2019-04-28 17:31:15
Serge Joseph (01-10-2016 04:41:24)

C'est vrai dans cette période de troubles ,avec les attentats , les difficultés de la vie ,les gens doutent , se questionnent et parfois se tournent vers les croyances . L'histoire , l'héritage de ... Lire la suite

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