Le sobriquet « poilus » désigne en France les combattants de la Première Guerre mondiale (1914-1918) et plus particulièrement les fantassins des tranchées. Il fait référence aux qualités « viriles » et à la force physique prêtées à ces combattants. Il ne faut y voir aucune allusion au système pileux d'autant que le port de la barbe et de la moustache ont été très vite prohibés par le règlement militaire pour permettre l'emploi des masques à gaz.
Inspiré par le langage des faubourgs, ce terme affectueux était déjà employé au XIXe siècle. On le trouve chez Balzac (Le médecin de campagne, 1833) pour désigner les pontonniers de la Bérézina.
Pendant la Grande Guerre, il était utilisé à l'arrière et s'est imposé pour la postérité mais, dans les tranchées, les fantassins, dont la moitié étaient d'origine paysanne, se qualifiaient eux-mêmes de « bonhommes ». Ils s'appelaient aussi, avec une pointe d'amertume, « P.C.D.F. » (Pauvres Couillons du Front), pour se distinguer des « embusqués » de l'arrière et des états-majors et souligner l'humilité de leur condition (ils touchaient une solde de 25 à 50 francs par mois, contre environ 300 francs pour un ouvrier qualifié).
Les ennemis avaient aussi droit à un sobriquet. Les Allemands étaient traités de « Boches » par les Français et de « Huns » par les Anglais. Eux-mêmes traitaient les Français de « Calmüser ». Quant aux Anglais, ils étaient qualifiés par leurs alliés français de « Sanglés », en référence à leur tenue impeccable. Les femmes n'étaient pas oubliées. Celles qui travaillaient dans les usines d'armement, dans des conditions d'hygiène et de sécurité épouvantables, étaient gentiment appelées « munitionnettes » (on en a compté un total de 400 000 en France).
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