L'époque carolingienne s'étend sur deux siècles, les VIIIe et IXe siècles. Elle doit son nom à Charlemagne, empereur d'Occident (carolingien vient de son nom latin, carolus).
Sous son autorité, le vieux monde, tiraillé entre la nostalgie du passé romain et les horreurs barbares du présent, s'est épousseté et donné les moyens d'une renaissance.
L'Antiquité s'est prolongée dans le monde occidental (l'Europe et les rives de la Méditerranée) jusqu'au VIIe siècle. Sous Clovis et les premiers rois mérovingiens de sa descendance, la Gaule vit encore à l'heure romaine.
Les villes conservent toute leur importance, quoique l'insécurité et les invasions les aient considérablement amoindries. Dans ces villes résident les détenteurs du pouvoir civil et religieux, comtes et évêques.
Dans ces villes se concentrent aussi l'artisanat, le commerce et ce qui reste d'activité intellectuelle. Grâce à elles se maintiennent des courants d'échanges entre l'Orient et l'Occident, via la mer Méditerranée.
Tout change au cours du VIIe siècle (après l'an 600) avec l'irruption de cavaliers exaltés par une nouvelle foi, l'islam, et la scission du monde méditerranéen en trois blocs antagonistes : l'empire arabo-musulman, l'empire byzantin, enfin, l'empire d'Occident ou empire carolingien.
Ce dernier est le résultat de la rénovation de l'ancien royaume franc de Clovis, qui s'étendait des Pyrénées à la Rhénanie, par une illustre famille franque des environs de Metz, les Pippinides (de Pépin, nom d'un ancêtre), plus tard appelés Carolingiens (de Charlemagne, son plus illustre rejeton).
Dans leur ascension, les Pippinides bénéficient de l'appui du pape, évêque de Rome, qui ne peut plus compter sur la protection de l'empereur byzantin, trop occupé par ailleurs à guerroyer contre les musulmans.
Les Pippinides eux-mêmes ne ménagent pas leur soutien à la papauté. Dès le règne de Pépin le Bref (grand-père de Charlemagne), ils organisent de nombreux conciles pour réformer les institutions ecclésiastiques. Les évêques jouent un rôle déterminant dans la société carolingienne car ils conseillent le souverain.
C'est ainsi qu'émerge chez certains clercs, tel le moine anglais Alcuin, l'idée de restaurer un empire romain en Occident. Charlemagne se laisse convaincre et il est couronné par le pape Léon III à Rome en l'an 800.
À la différence de l'ancien empire romain, où les sujets se reconnaissaient par la soumission à une même loi, ce qui fait l'unité du nouvel empire d'Occident est l'appartenance commune à la chrétienté occidentale, dirigée par le pape.
La diversité ethnique de l'empire n'est pas remise en cause et chaque groupe ou peuple conserve ses lois propres. À noter aussi que l'empire reste dominé par les Francs. On qualifie même le peuple franc d'«élu de Dieu», sans connotation raciste, sa supériorité militaire étant le fruit de sa piété.
Bien qu'illettré et de langue germanique, Charlemagne s'inquiète de la disparition du latin dans l'empire d'Occident en lequel il veut voir une prolongation de l'ancien empire romain ! Il fait donc venir des lettrés de tous horizons. Le plus important est un moine d'Angleterre, le savant Alcuin. Il impose la création d'une école par diocèse et par monastère. Il lance des programmes de copie des manuscrits antiques.
Les moines d'Irlande, qui ont pieusement conservé la pratique du latin à l'abri des invasions et des troubles, apportent leur concours à Alcuin dans les différentes abbayes du continent.
C'est ainsi que l'usage du latin va à nouveau s'épanouir dans tous les milieux cultivés d'Occident...
On trouve les traces de son retour dans les langues modernes avec des mots à deux racines. Par exemple, eau est une déformation populaire ancienne du latin aqua tandis qu'aquatique est une création savante tardive de la renaissance carolingienne, plus proche de la racine latine.
Les moines copistes de l'époque carolingienne inventent aussi une écriture cursive qui leur permet de travailler plus vite qu'avec l'écriture en capitale héritée des Romains. Cette écriture proche de nos minuscules actuelles est dite «caroline» en l'honneur de Charlemagne. Les serments de Strasbourg (842) en offrent un bon exemple.
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Carlos (22-12-2016 12:46:46)
Ne serait-ce pas Justinien qui est réinstaura le grec dans l'empire byzantin ?
kourdane (16-02-2014 18:26:42)
l'empereur a la barbe fleurie est une invention du 19 ème siècle qui visait à créer une image de rassemblement autour d'un roi dont la capitale et la villégiature principales étaient AACHEN bien... Lire la suite
kourdane (16-02-2014 18:17:28)
Charlemagne ! Aix la Chapelle..au lieu de Karolus et d'AACHEN, Thionville au lieu de Diedenhofen ou mieux encore Theodonis villa. Cette francisation constante des appellations par les historiens ... Lire la suite
le joncour (30-01-2014 23:13:36)
Charlemagne, allemand réhabilitant le latin,pour disposer d'un moyen d'unification, est un grand européen méconnu. A quand une langue autre que l'anglais ( hors jeu de l'Europe par calcul )pour fa... Lire la suite
cotte (04-01-2009 16:54:43)
Quelqu'un a-t-il des info sur une relation possible entre le couronnement de Charlemagne et la descripton des derniers temps ( ou Apocalypse ) du Pseudo-Méthode ou pseudo-Methodos?