Syrie

Cinq mille ans de patrimoine

Parce qu'elle est située géographiquement dans une position stratégique, la Syrie est depuis des millénaires une terre d'envahisseurs et de bâtisseurs. Alors que l'actualité la place de nouveau sous les projecteurs, allons visiter les plus grands sites de ce pays pour découvrir la richesse infinie de son histoire.

Deir-Moussa, peinture murale (Syrie) (photo : G. Grégor)

Au bord de l'Euphrate : Mari (3e millénaire avant JC)

Statue d?Ebih-il, super-intendant de la cité mésopotamienne de Mari, Paris, musée du Louvre.Remontons au 3e millénaire avant notre ère, dans l'est de la Syrie, aux frontières de l'actuel Irak. Devant nous s'étend la ville mésopotamienne de Mari, bâtie de toutes pièces pour profiter de la position stratégique du site : s'installer dans cette plaine revenait en effet à contrôler le trafic sur l'Euphrate.

Devenue rapidement prospère, la cité-État était protégée par une digue et reliée au fleuve par un canal. Le système de canalisation était d'ailleurs sa fierté, puisqu'elle pouvait s'enorgueillir de la construction d'un autre canal de près de 120 km, reliant l'Euphrate au fleuve Khabur.

De forme circulaire, ses bâtiments en briques s'organisaient autour d'une ziggourat et d'un palais royal dont les 300 pièces aux décors peints étaient protégées par des murs atteignant parfois 4 mètres de haut. C'est ici qu'on a retrouvé une exceptionnelle collection de 15.000 tablettes éclairant l'organisation du pays sous le règne de son dernier roi (vers 1800 avant JC), avant que les troupes du roi de Babylone Hammourabi ne la détruisent.

Les lions néo-hittites : Aïn Dara (XIe siècle avant JC)

Ain Dara (Syrie), statue de lion hittite (photo : G. Grégor)Originaires d'Anatolie, les Hittites ont étendu leur royaume jusqu'au nord de la Syrie, construisant au XIe s. av. J.-C. une cité près de la source d'Aïn Dara.

La ville était placée sous la protection de son temple, certainement dédié à la déesse de l'amour et de la fertilité Ishtar. Pour entrer dans le bâtiment en basalte noir, dont la base des murs est toujours ornée de bas-reliefs, il faut passer devant un impressionnant lion, gardien du lieu.

La magnificence romaine : Apamée et Bosra

Apamée (Syrie), mosaïque romaine (photo : G. Grégor)Au 1er millénaire av. J.-C., Assyriens, Babyloniens puis Perses se disputent la Syrie qui tombe vite entre les mains d'Alexandre le Grand grâce à sa victoire d'Issos en 333 avant JC. À sa mort, le pays passe aux mains de son général Seleucos Nicator et de ses descendants, les Séleucides, jusqu'à l'arrivée des armées de Pompée en 64 avant JC qui en fait une province romaine.

La pax romana s'étend alors sur la région, permettant aux riches cités hellénistiques de se développer sur les routes des caravanes. C'est le cas d'Apamée qui profite de la sédentarisation de la population pour développer un cadre de vie grandiose.

La ville, qui tient son nom de l'épouse de Seleucos, a compté jusqu'à 500.000 habitants avant d'être frappée par plusieurs tremblements de terre. On peut encore imaginer sa grandeur passée en se promenant sous les 400 colonnes ouvragées du cardo maximus, long de presque 2 kilomètres.

À l'autre bout du pays, à la frontière jordanienne, se dresse un autre exemple du savoir-faire romain : le théâtre de Bosra.

Pratiquement intact, il doit son exceptionnel état de conservation à son utilisation militaire et à l'accumulation du sable et des gravats à l'intérieur, au fil des siècles.

Bosra (Syrie), théâtre (photo : G. Grégor)

Palmyre, cité de légende (1er-IIIe siècles)

Depuis 3.000 ans, Palmyre est l'aimant qui attire les voyageurs au centre de la Syrie... En 1691, c'est cependant par hasard que des marchands anglais redécouvrent les ruines au milieu du désert.

Palmyre (Syrie) (photo : G. Grégor)

L'ancienne oasis, déjà citée dans la Bible sous le nom de Tadmor, est située idéalement sur les grandes routes des caravanes commerçant avec l'Orient (...).

Publié ou mis à jour le : 2020-11-29 15:45:52
Claude POSTEL (06-08-2012 14:46:10)

articles merveilleux -

j'ai eu le bonheur de passer 2 semaines en Syrie , il y a 15 ans environ - on pourrait écrire des livres sur ce pays - actuellement dévasté - BOSRA , APAMEE , PALMYRE ( ce miracle dans le désert ALEP - ( comme sorti des mille et une nuits )- DAMAS et l'ex-quartier chrétien avec sa vieille chapelle et ses rues - toute le Syrie est un pays magnifique - un seul exemple - la mosquée des OMEYADES
qui parait irréelle tellement elle est à la fois belle et grandiose etc etc et quand pourrons nou envisager d'y retourner????????????

Adelya22 (09-03-2012 19:04:44)

Ce pays magnifique est sous l'emprise de la dictature depuis des décennies. Tous s'accommodaient de la situation du temps du père de l'actuel dictateur. Du temps de Hafez el Assad, on admettait ce régime fort imprégné d'un culte de la personnalité et d'un autoritarisme de type soviétique, il avait succédé à un régime militairedont les factions ont eu le plus grand mal à maintenir la paix dans le pays et surtout à réguler la situation du pays proche le Liban, tiraillé de toutes parts et quasiment mis sous tutelle syrienne après guerre. Il était déjà question que ce serait le fils aîné Bassel dont la photo trônait à une époque un peu partout dans les grandes villes de Damas à Alep : d'ores et déjà le népotisme s'avérait un mode de fonctionnement de ce pays. Les pays occidentaux s'accomodaient bien de cette mainmise ferme sur cette partie du monde même si le Liban a chèrement payé par la guerre en 1975 pour plus de dix ans. Je suis allée au Liban en 1999 et en Syrie, tout semblait pacifié malgré le manque de liberté dont les citoyens syriens se savaient quelque peu privés. Du temps de Hafez, ne pas être pour lui était une manière d'être contre lui mais bon an mal an, les affaires marchaient et le peuple essayait de s'en tirer tant bien que mal dans cette république à démocratie variable. D'aucun pensait, à la mort de Bassel dans un accident de voiture que ce serait un grand dommage car on voyait mal chez le plus jeune frère l'étoffe d'un chef d'Etat susceptible de régner à l'abri des factions diverses qui tiraillaient la Syrie mais aussi le Liban et d'une manière plus générale le moyen-orient. Donc, on ne peut qu'observer l'ineluctable échec de cette fausse démocratie et la montée violente de la colère du peuple excédé de ne pas pouvoir exprimer sa volonté et toujours voué à subir les aléas d'un pouvoir uniquement capable de gérer la contestation par la violence, l'emprisonnement ou encore la torture.

Hervé Camier (08-03-2012 17:45:35)

Il est indispensable de lire, de la défunte Fr. Gange, le livre Avant les Dieux la Mère universelle, pour interprêter correctement l'histoire ancienne, et le livre Jésus et les Femmes, pour les temps dits "chrétiens". Sinon on écrit des sottises, inspirées par l'illusion du patriarcat-existant-de temps-immémorial, selon l'expression de F.G.

B. de Bien (08-03-2012 16:01:25)

Vraiment très intéressant ce racourci de l'histoire d'une région charnière qui fut si importante. Quel malheur que la situation actuelle qui meurtrit la population qui y vit.

elisabeth drye (06-03-2012 16:53:57)

La Syrie est un pays merveilleux et passionnant. Quelle tristesse de la voir anéantie par une dictature impitoyable ! Respect et honneur à son peuple héros.

André Allard (06-03-2012 15:54:53)

Bonjour.
Je retrouve avec plaisir des sites que j'ai visités il y a déjà un temps certain...
Cordialement.

Viken (06-03-2012 14:58:06)

Agréable article retraçant en quelques lignes l'histoire compliquée de la région, on pardonnera donc ses "raccourcis".
Par contre, il faut arrêter d'entretenir la légende selon laquelle le mot "assassin" dériverait de "hashashin" au sens de consommateur de cette drogue courante par ailleurs dans la région. Cette hypothèse est pour le moins contestée, et s'il est juste de l'évoquer, il faut néanmoins insister sur sa fragilité sur le plan historique.

hubert (06-03-2012 10:36:15)

J'ai eu le privilege, ayant effectué une mission d'aide pédagogique au Liban Sud de profiter de vances de 8 jours qui m'ont permis de connaître dans cette période Bosrah, Damas d'où j'ai rayonné jusqu'à Palmyre, Alep, Homps tristement sous les "feux" de l'actualité, Hama, ville martyre également qui en 2000 gardait encore le souvenir des bombardements du pere du souverain actuel qui s'en montre aussi indigne. Merci pour ce retour dans le passé lointain et mes souvenirs récents.

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