60 av. J.-C.

Rome livrée à un triumvirat

En 60 av. J.-C., à Rome, trois ambitieux, Pompée le Grand, le riche Crassus et le dandy César, concluent un pacte secret, connu dans l'Histoire comme le premier triumvirat (un second triumvirat sera conclu en 43 av. J.-C. par leurs successeurs ou héritiers).

Les triumvirs projettent de se partager le pouvoir sur le dos du Sénat. Cette fière assemblée réunit les représentants des familles patriciennes à l'origine de la fondation de Rome. Elle est le socle du régime républicain. Mais celui-ci connaît depuis deux générations une crise profonde du fait de la montée de nouvelles classes sociales et d'une expansion territoriale que les sénateurs ne maîtrisent plus.

Fabienne Manière

L'étoile montante de Pompée

Pompée le Grand  (29 septembre 106 av. J.-C. - 28 septembre 48 av. J.-C.,  Péluse,  Égypte)Quelques années plus tôt, le dictateur Sylla, de 82 à 79 av. J.-C., a déjà tenté de mettre de l'ordre dans les institutions républicaines. Mais après son abdication et sa mort, les troubles civils ont repris.

Le Sénat a donc fait appel à Pompée pour y mettre un terme.

Né en 106 av. J.-C., cet ancien lieutenant de Sylla a combattu Marius, un rival de son maître, puis participé à la guerre contre le roi du Pont (la région du Pont-Euxin, ancien nom du détroit du Bosphore). En récompense, Sylla lui a offert un premier triomphe à Rome avec en prime le titre de Grand, quelque peu exagéré.

Là-dessus, Pompée a poursuivi en Espagne Sertorius et Perpenna, deux anciens partisans de Marius. Les combats se sont éternisés pendant quatre ans sans que Pompée arrive à emporter la décision. C'est seulement l'assassinat de Sertorius par Perpenna qui lui permit d'en finir.

Pendant que Pompée rétablissait la souveraineté de Rome en Espagne, les choses se gâtaient en Italie avec la révolte des esclaves à l'appel d'un gladiateur charismatique originaire de Thrace, Spartacus.

Revenant en Italie avec ses troupes, Pompée, servi par la chance, détruit les dernières bandes d'esclaves après que Crassus eut défait le gros de leurs troupes.

Pompée obtient un deuxième triomphe pour son expédition d'Espagne et s'attribue qui plus est la victoire sur les gladiateurs révoltés. Crassus doit se contenter d'une ovation.

Malgré cette indélicatesse, Pompée et Crassus s'entendent pour obtenir l'un et l'autre le consulat en l'an 70 av. J.-C.. Issus tous les deux de la mouvance de Sylla, ils gagnent la confiance du parti populaire en annulant les réformes de l'ancien dictateur favorables au parti aristocratique.

Ils sont aidés en cela par les exactions de Verrès, ancien gouverneur de la Sicile, qui jettent le discrédit sur la noblesse et affaiblissent le parti aristocratique.

Soucieux d'accroître sa popularité, Pompée obtient du Sénat des pouvoirs exceptionnels, comme celui de faire la paix et la guerre, ainsi qu'un commandement pour le pourtour de la Méditerranée, en vue de débarrasser celle-ci des pirates qui l'infectent. C'est chose faite en trois mois, en l'an 67 av. J.C..

Mais voilà qu'en Orient, Mithridate IV, roi du Pont et de Bithynie, se fait à nouveau menaçant.

Le général Lucullus réduit la rébellion de Mithridate et de son beau-père, le roi d'Arménie Tigrane. Jaloux de son succès, Pompée obtient un nouveau commandement en Asie et arrive juste à temps pour cueillir la reddition de Tigrane et constater la mort de Mithridate.

En l'an 63 av. J.-C., le Pont, la Bithynie et la Syrie séleucide deviennent des provinces romaines.

Fort de ses succès en Orient, Pompée le Grand (Cneius Pompeius Magnus) apparaît désormais comme l'homme fort de Rome.

Vers le partage du pouvoir

Illusion. Pendant que Pompée se battait contre Mithridate, Catilina, un noble ruiné, fomentait une conjuration à Rome et briguait le consulat. C'est en définitive l'orateur Cicéron qui emporte l'élection. Dans une séance fameuse au Sénat, il dénonce la conjuration et oblige Catilina à s'enfuir. Cicéron reçoit le titre de « Père de la Patrie ».

La république sénatoriale paraît sauvée. Elle est en fait à la merci d'un général ambitieux. Sera-ce Pompée ? Celui-ci débarque à Brindes, en Italie du sud, après des campagnes triomphales en Grèce et en Asie. Mais il commet l'imprudence de licencier ses légions de sorte qu'à Rome, après avoir obtenu un troisième triomphe de orbe terrarum (« sur le monde entier ! »), il est mis sur la touche par le Sénat sans pouvoir s'y opposer.

Pour conserver son autorité, Pompée n'a plus d'autre solution que de se rapprocher du richissime Crassus et de... César. Crassus, consul aux côtés de Pompée en 70 avant J.-C., s'était illustré en massacrant Spartacus et sa bande d'esclaves révoltés. César, quant à lui, revient d'Espagne où il a mené des campagnes de pacification en qualité de propréteur. Il est connu pour sa vie dissipée et ses frasques de dandy.

Afin de convaincre chacun de ses bonnes intentions, César donne sa fille Julia en mariage à Pompée. Ce mariage de convenance entre une jeune femme de 24 ans et un général de 47 ans va devenir un mariage d'amour ! Mais il ne va durer qu'une demi-douzaine d'années jusqu'à la mort de Julie suite à un accouchement difficile.

En attendant, les trois compères forment le premier triumvirat (ou gouvernement à trois, d'après l'expression latine tres viri reipublicae constituendae) en 60 av. J.-C.. Mais leur entente n'est que de façade. Chacun aspire à prendre le pas sur les autres et le meilleur moyen d'y parvenir est la gloire militaire.

Tandis que Crassus obtient le gouvernement de la Syrie et s'en va combattre les Parthes en Orient, Pompée reçoit le gouvernement de l'Espagne et César celui de la Gaule cisalpine ainsi que la charge de consul.

L'ascension de Jules César

En butte à l'hostilité du Sénat, le nouveau consul n'hésite pas à en appeler au peuple et cultive avec soin sa popularité.

Jules César use ainsi de sa fortune acquise en Espagne pour organiser des jeux mémorables. Il obtient par ailleurs des terres pour les vétérans de Pompée. Sollicité par Ptolémée XI Neos Dionysos, roi d'Égypte, Jules César le fait confirmer sur son trône moyennant une grosse indemnité.

En 58 av. J.-C., le Sénat lui donne les pouvoirs militaires (imperium) en Gaules cisalpine, transalpine et Illyrie, avec quatre légions. Les sénateurs, qui craignent son ambition, veulent de cette façon l'éloigner de Rome. L'ambitieux politicien n'a cure de leurs intentions cachées. Il voit dans la mission qui lui est confiée l'occasion d'obtenir la gloire militaire qui lui fait défaut.

C'est ainsi qu'il va profiter de ses fonctions pour conquérir la Gaule insoumise et, fort de ce succès, va marcher sur Rome avec ses légions pour évincer définitivement Pompée et soumettre le Sénat à ses volontés.

Publié ou mis à jour le : 2021-11-03 18:24:50

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