Le 6 novembre 1975, une « Marche verte » conduit 200 000 Marocains vers la colonie espagnole du Rio de Oro (Sahara occidental). Pour le roi Hassan II comme pour ses sujets, cette partie du Sahara appartient naturellement et historiquement au Maroc.
Ce morceau de désert de 280 000 km2, grand comme la moitié de la France, est peuplé en 1974 de seulement 82 000 personnes dont 15 000 Européens. Les autres habitants, au nombre d'un demi-million en 2020, sont des nomades berbères de la tribu des Sanhadja.
Le territoire a été occupé par l'Espagne à la fin du XIXe siècle. Il est devenu la colonie puis la province du Rio de Oro mais n'a intéressé la métropole qu'en 1963 avec la découverte d'importants gisements de phosphate.
Un élément-clé de la rivalité entre Maroc et Algérie
Profitant de ce qu'à Madrid, le vieux caudillo Francisco Franco est à l'agonie, le Maroc et la Mauritanie réclament instamment à l'Espagne la cession du Sahara. L'Algérie, de son côté, soutient la formation d'un front de libération indépendantiste, le Polisario.
Le 14 novembre 1975, une semaine avant la mort de Franco, l'Espagne consent à se retirer de sa province et à partager celle-ci entre le Maroc et la Mauritanie. Mais le 27 février 1976, le front Polisario soutenu par l'Algérie proclame l'avènement d'une République arabe sahraouie et se lance dans des opérations de guerilla.
Comme le Maroc et l'Algérie menacent de se faire la guerre, la Mauritanie se retire du jeu en cédant au Maroc sa part de l'ex-colonie espagnole le 14 août 1979. En novembre 1979 enfin, grâce à l'habileté de la diplomatie algérienne, le front Polisario obtient de l'ONU la condamnation de l'annexion par le Maroc du Sahara occidental. En attendant un référendum d'autodétermination que refuse Rabat, l'ONU considère que le Sahara occidental est toujours sous l'autorité administrative de l'Espagne !
La situation est depuis lors figée. De 1980 à 1987, les Marocains ont érigé un « mur des Sables » de 2 700 kilomètres gardé par un corridor de mines et 100 000 militaires ! Ainsi le Sahara utile, ses phosphates et son littoral, sont-ils à l'abri des incursions sahraouies.
À la surprise générale, les États-Unis de Donald Trump ont entériné en décembre 2020 le projet d'autonomie promis au Sahara par le gouvernement marocain et reconnu la souveraineté de Rabat sur le territoire. En mars 2022, le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez l'a reconnue à son tour avec l'espoir d'une ouverture sur les présides de Ceuta et Melilla, revendiquées par Rabat. Pour l'heure, Madrid n'a pas obtenu satisfaction mais Alger n'a pas attendu pour prendre des mesures de rétorsion à l'encontre des entreprises espagnoles... En juillet 2023, Benyamin Netanyahou, Premier ministre dIsraël, a été le troisième dirigeant à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

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