Le 6 novembre 1956, à minuit, prend fin l'expédition de Suez. Les parachutistes français et britanniques doivent cesser le feu quelques heures à peine après avoir sauté sur le canal et défait les troupes égyptiennes.
Imposé par les Soviétiques et les Américains, ce cessez-le-feu sonne pour la France et la Grande-Bretagne la fin de l'ère coloniale et la fin de leur influence au Moyen-Orient. Il annonce aussi l'émergence du tiers monde et des pays arabes ainsi que l'intervention des États-Unis dans la politique moyen-orientale.
Pris de court par la nationalisation du canal par le président égyptien Nasser, les Français et les Britanniques, qui perçevaient les droits de péage sur le canal, avaient d'abord protesté tout en hésitant sur la conduite à tenir.
Là-dessus s'étaient greffés des facteurs extérieurs...
Le socialiste Guy Mollet, chef du gouvernement français, eut l'idée de punir Nasser de son soutien aux indépendantistes algériens. De son côté, le jeune État d'Israël, fidèle allié de la France, manifesta le souhait d'une guerre préventive contre l'Égypte, soupçonnée de vouloir laver l'affront subi par les Arabes en 1948.
Une conférence internationale s'ouvrit à Londres le 16 août en vue de trouver un compromis. Pendant ce temps, dans la discrétion, les militaires français et britanniques acheminèrent des troupes vers Chypre. À Londres, le Premier ministre conservateur Anthony Eden eut plus de difficulté à rallier sa majorité à la perspective d'une guerre.
Le 22 octobre 1956, le Premier ministre israélien David Ben Gourion (70 ans) se rend discrètement en France avec son chef d'état-major Moshe Dayan et Shimon Pérés. La délégation rencontre à Sèvres, près de Paris, Guy Mollet ainsi qu'un représentant britannique.
Il est convenu deux jours plus tard que les Israéliens, décidés à « rompre l'encerclement », attaqueront les Égyptiens et qu'ensuite, Français et Britanniques adresseront un ultimatum aux adversaires et occuperont la zone du canal sous prétexte de les séparer !
Le 29 octobre, les troupes du général Moshe Dayan se lancent dans le Sinaï et mettent en déroute l'armée égyptienne.
Comme prévu, le 30 octobre, Londres et Paris envoient un ultimatum conjoint au Caire et à Tel Aviv, enjoignant aux combattants de cesser le feu et de se retirer à 10 miles du canal.
Israël s'incline mais l'Égypte, comme on peut s'y attendre, rejette l'ultimatum.
Le lendemain 31 octobre, Français et Anglais détruisent au sol les avions égyptiens. Et, les 5 et 6 novembre, les parachutistes sautent sur Port-Saïd, à l'endroit où le canal débouche sur la mer Méditerranée. Personne ne se soucie d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies adoptée trois jours plus tôt, le 1er novembre...
Pendant que l'attention du monde se porte sur le canal de Suez, les chars soviétiques entrent à Budapest et répriment le soulèvement des Hongrois contre leur régime communiste.
À peine les paras français et britanniques touchent-ils terre dans la zone du canal que les Soviétiques menacent d'intervenir avec des fusées intercontinentales à tête nucléaire si l'attaque n'est pas stoppée !
Washington fait alors pression sur ses alliés pour arrêter les frais...
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Vincent (06-11-2023 23:44:40)
Dans son roman "Le Livre des lumières", Chaïm Potok évoque les sentiments des troupes stationnées en Corée cette année-là . À l'époque, la peur de l'apocalypse nucléaire avait provoqué une flambée d'antisémitisme parmi eux.
C'est frappant de constater comme les Juifs continuent de servir de boucs émissaires.
Comme le dit Brecht: "Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde".
Romain (09-07-2017 18:53:53)
En 1956 les Americains ce croyaient les maîtres de l'Occident et de l'Orient et en 2017 ils ont toujours la meme attitude dommage