Le 21 octobre 1680, par lettre de cachet ou décret, le roi Louis XIV fonde la Comédie-Française. C'est la première troupe de théâtre permanente de France.
La Comédie-Française rassemble deux troupes rivales : celles de l'hôtel de Bourgogne et de l'hôtel Guénégaud. Cette dernière résulte de la fusion de la troupe de Molière, mort 7 ans plus tôt, et du théâtre du Marais.
Encore aujourd'hui, pour rappeler cette fusion originelle, on frappe six coups avant chaque représentation, et non pas trois comme dans les autres théâtres. Par ailleurs, à la fin de chaque représentation du Malade imaginaire, quand le « malade » Argan est intronisé médecin et prononce son serment : « Juro », les lumières s’éteignent et le silence se fait en souvenir de Molière qui fut victime d'une fluxion de poitrine en jouant cette pièce et mourut une heure après.
Avatars d'une troupe prestigieuse
Le roi Louis XIV usa de son pouvoir pour mettre fin à la concurrence stérile entre ces troupes qui les conduisait à jouer parfois en même temps les mêmes pièces et à se voler les comédiens à la mode. Le souverain voulait aussi, pour la grandeur de la monarchie, promouvoir le théâtre classique français.
Faisant concurrence à la comédie italienne, très en vogue au milieu du XVIIe siècle, la Comédie-Française présentait principalement les pièces du défunt Molière, de Racine, ainsi que de Corneille. Elle n'eut pas trop de mal à s'imposer car la plupart des chefs-d'oeuvre du théâtre français étaient déjà écrits quand elle naquit.
La Comédie-Française, plus tard appelée également Théâtre-Français, est établie dans un premier temps à l'hôtel Guénégaud mais déménage plusieurs fois au cours du siècle suivant. La troupe est dissoute pendant la Terreur révolutionnaire et rétablie en 1799 par le Directoire qui met à sa disposition la salle Richelieu, sur la place du Palais-Royal, où elle n'a depuis lors cessé de jouer.
Rebaptisée Théâtre de SM L'Empereur, la Comédie-Française sera épargnée par le décret sur les théâtres de Napoléon Ier qui, le 27 juillet 1807, réduira à huit le nombre de salles parisiennes. L'Empereur lui donnera en 1812 un nouveau règlement, toujours en vigueur.
Le décret en question sera rédigé à Paris mais antidaté de Moscou, 12 octobre 1812. Par cette tricherie de... comédie, Napoléon a voulu laisser croire que, même dans les pires situations, à l'autre bout de l'Europe, dans une ville en feu à des milliers de kilomètres des Tuileries, il il pouvait garder la tête froide et continuer de gérer les affaires courantes, ainsi que l'a montré l'historien Jean Tulard !...
Au fil des ans, la Comédie-Française est devenue le conservatoire du théâtre français mais aussi international, élargissant sa programmation à toutes les grandes oeuvres du répertoire (aujourd'hui 3000 pièces) et se prêtant à de nombreuses audaces... dont la première d'Hernani, le 25 février 1830.
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