Le néologisme «évergétisme» a été créé par un historien du XXe siècle à partir d'une expression grecque («qui veut le bien») pour qualifier une pratique caractéristique du monde gréco-romain : dans ces cités antiques qui ignoraient l'impôt sur le revenu, les particuliers les plus riches avaient le devoir moral de faire des dons à la cité pour organiser des jeux, construire des monuments, lever des armées ou soulager les pauvres... Même les plus réticents devaient s'y conformer pour ne pas être montrés du doigt.
Ceux qui aspiraient à une charge de magistrat devaient se montrer particulièrement généreux. Jules César sut tirer profit de ce système : s'étant enrichi comme tout un chacun en pillant les provinces dont il avait la charge, il redistribua (en partie) sa fortune au peuple de Rome pour s'en attirer les faveurs.
Plus tard, quand les liens sociaux se distendirent, les riches particuliers se replièrent de la vie publique et l'Église, riche des dons et legs de ses fidèles, prit en charge les pauvres et les malades. A la fin du Moyen Âge, en Occident, les États se renforcèrent en se dotant de ressources permanentes grâce à l'impôt. Ils commencèrent à relayer l'Église jusqu'à la remplacer presque complètement dans les affaires sociales.
La montée en puissance des ONG (organisations non gouvernementales) et des fondations privées comme celle de Bill Gates annoncent peut-être, qui sait ? un retour à l'évergétisme antique.
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