Au début des années 1980, tandis que les Soviétiques déployaient des fusées nucléaires pointées vers l'Ouest, personne n'aurait parié sur la révolution globalement pacifique vécue par l'Europe à la fin du siècle.
Le 13 mars 1985, l'arrivée à la tête de l'URSS d'un réformateur, Mikhaïl Gorbatchev (54 ans), s'accompagne d'une vaste tentative de modernisation de l'économie et des institutions.
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La «perestroika»
Les mots «perestroika» (réforme ou restructuration) et «glasnost» (transparence) résonnent dans le monde entier.
Mais il est trop tard pour une réforme en douceur du communisme. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl (26 avril 1986) et l'embourbement de l'Armée rouge en Afghanistan révèlent les failles béantes du régime. Quand surviennent les premières révoltes, Gorbatchev s'abstient sauf exception (Vilnius) de faire tirer la troupe.
Tout s'accélère en 1989. Début mai, les dirigeants hongrois annoncent leur intention d'ouvrir leur frontière avec l'Autriche. Des milliers d'Allemands de l'Est se précipitent en Hongrie pour profiter de l'aubaine et passer à l'Ouest. En Allemagne de l'Est, les pasteurs luthériens et leurs fidèles n'hésitent plus à manifester leur opposition.
Le 9 novembre 1989, enfin, de premiers coups de pioche sont donnés au Mur de la Honte qui coupe Berlin en deux. Les gardes demeurent l'arme au pied. La liesse est générale dans toute l'Europe.
Irrésistible, le mouvement d'émancipation des peuples emporte les régimes communistes et Gorbatchev lui-même. Le 21 décembre 1991, l'Union soviétique, vieille d'à peine 69 ans mais ô combien ridée, est dissoute et remplacée par une inconsistante Communauté des États Indépendants (CEI).
Les 15 Républiques qui composaient l'URSS prennent leur indépendance sans remettre en cause des frontières généralement artificielles. Leningrad redevient Sankt-Petersburg (Saint-Pétersbourg en allemand) !
Mais le nouveau maître du Kremlin, Boris Eltsine, commet l'erreur d'agresser en 1994 la petite République de Tchétchénie, dans le Caucase, avec des arrière-pensées électoralistes. C'est le début d'un fatal engrenage qui va entraîner la jeune démocratie russe à la dérive.
En Europe centrale, les nouvelles démocraties renouent avec leurs vieux démons, à commencer par la Yougoslavie. Un histrion, Slobodan Milosevic, se hisse dès 1989 à la tête de la République de Serbie et agite des revendications ultra-nationalistes au détriment des Musulmans, des Kossovars et des autres Slaves de la Fédération yougoslave. Dès 1992, avec le bombardement de Sarajevo, éclate la première guerre européenne depuis près d'un demi-siècle. Elle se soldera par l'éclatement de la Yougoslavie en six entités indépendantes dont le Kossovo.
Au même moment, le 1er janvier 1993, c'est en douceur que la Tchécoslovaquie, État artificiel issu de la Grande Guerre de 1914-1918, se scinde entre République tchèque et Slovaquie.
Avec au final une cinquantaine d'États indépendants, l'Europe d'après la guerre froide apparaît aussi éclatée qu'en ses temps anciens... et beaucoup plus qu'aucun autre continent de la planète.
Du fait de l'implosion de l'URSS et de la fin de la menace soviétique, les démocraties occidentales ont relâché leur effort d'intégration politique. L'Allemagne, par exemple, a jugé moins important de maintenir le lien qui l'unissait à la France que de renouer avec ses voisins de l'Est.
L'Union européenne a dès lors concentré tous ses efforts sur l'intégration économique du continent, en prenant le risque de diluer son identité géopolitique dans un élargissement précipité jusqu'au-delà du Bosphore. Une nouvelle Europe se dessine. Bien malin qui peut prédire ce qu'elle sera.
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André (14-05-2015 08:27:47)
On voit bien et on comprend mieux l'origine de la crise ukrainienne, justement à quand une actualisation de cette animation? Bravo à l'auteur pour ce travail très clair et si utile pour comprendre ... Lire la suite