10 décembre 2017. Les références antiques grecques dans l’iconographie contemporaine. Thèse d'histoire d'Audy Rodriguez, sous la direction de Pauline Schmitt-Pantel – Université de Paris 1 (en cours de rédaction).
De plus en plus ! Il suffit d'entrer dans une librairie pour les repérer facilement puisque la majorité des couvertures mettent en avant le duo infernal Eros et Thanatos, la sexualité et la mort. Avec l'allégement de la censure dans les années 70, l'antiquité devient un prétexte pour dessiner des personnages légèrement vêtus participant à des banquets lascifs...
Dans le même temps, hoplites, légionnaires et gladiateurs continuent à occuper le devant de la scène dans des représentations sanglantes. La violence devient une alléchante promesse d'action ! On trouve enfin d'autres modèles d'illustrations plus statiques mais tout aussi parlantes : la statue et la colonnade, symboles de ces civilisations, sont devenues des grands classiques de ce type de couverture.
Tout dépend de leurs objectifs. Certains font preuve d'une grande érudition tandis que d'autres vont se contenter de tirer parti d'un décor qui nous paraît «exotique».
Dans l'ensemble on cherche à se rapprocher le plus possible de la vérité ou du moins de la vraisemblance, même si parfois il y a des ratés malheureux : on peut ainsi voir apparaître, au détour d'une planche de la fameuse série Alix de Jacques Martin, le musée de l'Acropole d'Athènes, bâtiment qui n'a rien d'antique !
Cette option audacieuse est un bon exemple de l'approche de l'Antiquité de la plupart des auteurs, qui ne revendiquent pas la restitution parfaite. Les dessinateurs préfèrent multiplier les détails pour créer un effet de réel, pour que les lecteurs puissent se transporter facilement dans cet univers.
Chaque époque propose sa propre relecture : prenons par exemple l'image des déesses qui deviennent les représentantes de la libération de la femme. Circé transformant les marins d'Ulysse en porcs, quel symbole ! Il n'est pas étonnant que ce personnage ait été remis à la mode lors de la montée du féminisme.
On peut aussi voir dans la très discrète présence des dieux dans ces œuvres un effet du recul du surnaturel dans nos sociétés. Alors qu'ils étaient presque envahissants dans les textes antiques, ils n'apparaissent désormais qu'occasionnellement au détour des pages. Mais qu'ils ne s'inquiètent pas, du haut de leur Olympe : l'Antiquité grecque a encore de beaux jours devant elle dans le monde des bulles !
Audy Rodriguez, actuellement enseignant dans le secondaire, effectue des recherches sur les références antiques grecques dans l’iconographie contemporaine.
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