L'Histoire en quatrième

La monarchie absolue en France

Les institutions de la France moderne ont atteint leur maturité au temps de Louis XIV... de même que notre langue, magnifiée par des écrivains de génie.

Notre récit ci-après donne un sens à la succession des événements, de la victoire sur les Habsbourg à l'émergence d'un roi-soleil pour la France et à la France des Lumières.

 

La France, au sortir des guerres de religion, bénéficie d'une remise en ordre par l'entremise de brillants ministres, les cardinaux Richelieu et Mazarin.

Le roi Louis XIV, qui a pris pour symbole rien moins que le Soleil, rayonne sur la société française et sur l'Europe dans son ensemble. Mais les idées anglaises de démocratie vont contaminer les beaux esprits...

I]Victoire sur les Habsbourg

En 1618, une violente guerre de religion entre catholiques et protestants éclate en Allemagne. Elle saigne à blanc le Saint Empire romain germanique.

De façon surprenante, le cardinal Richelieu, ministre du roi de France Louis XIII, intervient dans le conflit aux côtés des protestants, contre l'empereur catholique, tout en réprimant à l'intérieur les tentations sécessionnistes des protestants français.

C'est que l'empereur est de la famille des Habsbourg. Or, l'habile ministre veut affaiblir a tout prix cette famille qui règne à Vienne sur l'archiduché d'Autriche et à Madrid sur le royaume d'Espagne.

Après quelques moments difficiles, la France remporte une victoire décisive sur les Espagnols à Rocroi, dans les Ardennes. Le vainqueur est un jeune homme de 22 ans, le duc d'Enghien, futur prince de Condé.

La victoire de Rocroi survient juste après la mort de Louis XIII et de Richelieu. Le nouveau roi, Louis XIV, n'a que 5 ans. Sa mère, Anne d'Autriche, assure la régence avec l'aide du cardinal Mazarin.

Comme à chaque fois que le royaume connaît une régence, les grands seigneurs et les bourgeois essaient d'en profiter pour abaisser la monarchie et s'offrir quelques privilèges (au nom de l'intérêt général, cela va sans dire!!!).

Cette fois, Anne d'Autriche et Mazarin doivent affronter deux révoltes successives, joliment nommées Fronde parlementaire (révolte du Parlement, autrement dit des représentants de la grande bourgeoisie) et Fronde nobiliaire (révolte de la noblesse).

Ils s'en tirent plutôt bien. Le jeune roi, qui avait du fuir la capitale, regagne son palais du Louvre et Mazarin peut enfin s'occuper des affaires extérieures. L'habile cardinal négocie les traités de Westphalie qui mettent fin en 1648 à la guerre de Trente Ans, cette affreuse guerre qui a ravagé l'Allemagne.

À la suite des traités de Westphalie, l'empereur n'a plus qu'un pouvoir symbolique en-dehors de ses domaines héréditaires. Et tous les seigneurs allemands, grands ou petits, deviennent quasiment indépendants. L'Allemagne se trouve divisée en... 350 États. Autant dire qu'elle est pour longtemps réduite à l'impuissance politique et ne risque pas de gêner ses voisins. C'est un grand succès posthume pour Richelieu.

II] Un Roi-Soleil pour la France

Ayant vaincu l'Espagne, la France peut lui offrir son amitié. Celle-ci se traduit par un mariage entre le jeune roi Louis XIV et sa cousine, l'infante Marie-Thérèse, aimable moyen de rapprocher les peuples!

La cour du roi de France, sous Louis XIII et Richelieu puis sous la régence d'Anne d'Autriche et Mazarin, devient le centre de la vie politique et culturelle du pays.

Richelieu stimule les arts et les lettres car il y voit le moyen de glorifier la monarchie. Il fonde l'Académie française. Le dramaturge Corneille inaugure une longue série d'hommes (et de femmes) de lettres de génie.

Louis XIV, âgé de 22 ans à la mort de son ministre Mazarin, décide de diriger désormais en personne son gouvernement. Travailleur, consciencieux, sachant bien s'entourer, respectueux des lois fondamentales du royaume et des préceptes de la religion chrétienne, il devient le paradigme (modèle) du monarque absolu.

Le roi anime les conseils spécialisés qui administrent l'État. Les affaires principales se traitent au conseil d'En-Haut. Le conseil des Finances gère le budget, le conseil des Dépêches les affaires de police et le conseil des Parties les affaires de justice.

Comme ses prédécesseurs du Moyen Âge, le roi a soin de choisir ses ministres et ses conseillers dans la bourgeoisie plutôt que dans la grande noblesse. Ces hommes, comme Colbert, Louvois et Le Tellier, Vauban... lui doivent leur pouvoir et leur richesse. Ils lui sont dévoués et le protègent contre les rébellions nobiliaires.

Comme ses prédécesseurs, le roi doit par ailleurs respecter les coutumes et les pouvoirs provinciaux assis sur la tradition. Il n'a rien d'un dictateur moderne...

Et s'il doit un jour, en 1685, révoquer l'Édit de tolérance signé à Nantes par son grand-père Henri IV, c'est qu'il y est poussé par son opinion publique, qui ne supporte pas que la minorité protestante bénéficie de droits particuliers.

Louis XIV partage les vues de Richelieu et Mazarin sur la France. Comme eux, il encourage les artistes et les hommes de lettres.

Pour offrir à sa dynastie un rayonnement international à la mesure de sa puissance et de sa richesse (et pour échapper aux Parisiens, qui ont si souvent tendance à se soulever), il abandonne le palais du Louvre, à Paris, et s'installe en 1682 à Versailles, au milieu d'une forêt giboyeuse, à 20 kilomètres de la capitale.

Le palais et son parc, oeuvre des architectes Le Vau et Mansart ainsi que du jardinier Le Nôtre, inaugurent un style classique, fondé sur la ligne droite, l'équilibre des volumes et la symétrie, avec des réminiscences de l'Antiquité. Ce style est à l'opposé du style baroque qui s'épanouit à Vienne.

La cour, soit plusieurs milliers de personnes, y entoure le roi dans le respect d'une stricte étiquette. Mais celle-ci n'exclut pas les fêtes de toutes sortes avec ballets, théâtre, feux d'artifice, jeux de hasard et festins.

La langue française, comme l'étiquette de la cour, l'architecture de Versailles et l'ordonnancement de ses jardins, subit l'influence du classicisme. Elle est purifiée et enrichie. Elle atteint des sommets d'élégance et de clarté dans les oeuvres de La Fontaine, Molière, Racine... comme dans les lettres de Mme de Sévigné. Dans les salons, les personnes distinguées cultivent l'art de la conversation avec une finesse qui ne survivra pas à la Révolution.

Au siècle suivant, toutes les cours du continent européen (à l'exception, comme d'habitude, de la cour anglaise) voudront imiter le modèle français du Roi-Soleil (surnom que se donne Louis XIV!). On construit à Vienne un palais à l'imitation de Versailles. C'est Schonbrünn et toutes les personnes cultivées se piquent de parler français.

Vers 1680, le roi atteint sa plus grande gloire. Tout paraît lui sourire. L'efficace contrôleur général des finances Colbert meurt en 1681 après 20 ans de loyaux services. Sa relève est assurée.

La discrète reine Marie-Thérèse meurt peu après et le roi, veuf, se marie en secret avec une ancienne maîtresse, Madame de Maintenon, une femme intelligente et pieuse.

Les nuages s'accumulent sur le royaume. Querelles religieuses entre partisans du pape et gallicans, entre jésuites et jansénistes (ou partisans de Jansénius) etc.

Le plus grave est l'expulsion des protestants en 1685. Environ 300.000 d'entre eux, entreprenants et instruits, s'installent en Angleterre, à Berlin (comme les ancêtres d'Oskar Lafontaine, un homme politique allemand) et même en Afrique du sud (comme les ancêtres de Frederick Deklercq - ou Leclerc -, un homme politique sud-africain).

Les guerres qu'affectionne tant le Roi-Soleil ne se terminent plus par de faciles victoires.

Après avoir ajouté à la France la Franche-Comté, l'Alsace, l'Artois, le Roussillon et quelques autres provinces de moindre importance (c'est à peu près la France d'aujourd'hui), le roi doit faire face à des coalitions de plus en plus importantes.

En 1700, le roi d'Espagne, mort sans fils, désigne le petit-fils de Louis XIV, le jeune duc d'Anjou pour lui succéder. Aussitôt, les autres puissances s'inquiètent de la rupture du sacro-saint équilibre européen: il ne s'agit pas qu'un pays devienne trop puissant par rapport aux autres.

La France usée par le long règne de Louis XIV est bientôt entraînée dans une interminable guerre de Succession d'Espagne entrecoupée d'épidémies et de famines. Elle se termine sans vainqueurs et sans vaincus peu avant la mort du vieux roi.

III La France des Lumières

Quand Louis XIV s'éteint le 1er septembre 1715, à près de 77 ans - et après 72 ans de règne! -, il n'a pour lui succéder qu'un arrière-petit-fils de 5 ans, Louis XV! Le duc Philippe d'Orléans exerce la régence. C'est sous son règne et en son honneur qu'est fondée en Louisiane la Nouvelle-Orléans.

Profitant de la faiblesse du régent, les nobles prennent leur revanche sur les bourgeois en occupant les meilleures places dans les conseils qui entourent le gouvernement.

Par la suite, au cours du XVIIIe siècle et jusqu'en 1789, à la veille de la Révolution française, la noblesse va tout faire pour restaurer ses anciens privilèges et même en inventer de nouveaux.

Cette réaction nobiliaire soulève un puissant ressentiment chez les paysans, auxquels les hobereaux (surnom méprisant qui désigne un oiseau de proie et que l'on donne aux petits seigneurs de village) réclament de vieux droits seigneuriaux, chez les bourgeois empêchés de se faire anoblir et chez les soldats ambitieux empêchés de devenir officier, les grades supérieurs étant désormais réservés aux nobles.

A la mort du Régent, en 1723, le jeune Louis XV assume le gouvernement avec l'aide du cardinal Dubois puis du sage cardinal Fleury.

Son règne, jusqu'à sa mort en 1774, est marqué par quelques guerres qui n'affectent pas le territoire national. C'est la guerre de Succession de Pologne puis la guerre de Succession d'Autriche, enfin la guerre de Sept Ans, catastrophique avec la perte de la Nouvelle-France (le Canada français) et des Indes, à l'exception de cinq comptoirs.

Sous le règne de Louis XV, la France s'agrandit de la Lorraine et de la Corse. Avec Louis XVI, à l'initiative de quelques jeunes nobles idéalistes comme le marquis de La Fayette, la France soutient la lutte des Treize Colonies anglaises d'Amérique du nord jusqu'à leur indépendance en 1783 sous le nom d'États-Unis d'Amérique! C'est une grande victoire sur l'ennemi héréditaire, l'Angleterre.

Au XVIIIe siècle, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, la France se refait une santé et oublie la tristesse des dernières années du Roi-Soleil, avec son cortège de guerres, d'épidémies et de disettes. Sa population s'accroît fortement, passant de 16 à 28 millions d'habitants en un peu moin d'un siècle.

Dans ses campagnes, des propriétaires éclairés mettent en oeuvre des méthodes modernes de culture comme en Angleterre, supprimant les jachères périodiques au profit de plantes fourragères.

Dans les villes et les ports, les initiatives de Colbert commencent à porter leurs fruits et des bourgeois entreprenants multiplient les manufactures (on dirait aujourd'hui usines). C'est au XVIIIe siècle qu'est fondée par exemple la Compagnie de Saint-Gobain, l'une des grandes entreprises françaises d'aujourd'hui.

Sous le règne de Louis XV comme sous celui de son successeur, le malheureux Louis XVI, la vie culturelle et artistique est plus active que jamais à Versailles, à Paris et dans les capitales provinciales. Ces dernières s'ornent de beaux monuments: le Capitole à Toulouse, la place Stanislas à Nancy...

Les idées généreuses du «siècle des Lumières» - ainsi les contemporains appellent-ils le XVIIIe siècle - influent sur les décisions du gouvernement lui-même. C'est ainsi que le roi Louis XVI abolit la torture et instaure l'égalité de droits entre les protestants et les catholiques.

Turgot, brillant contrôleur général des finances, prend de nombreuses mesures destinées à faciliter la circulation des marchandises, le travail des paysans...

Il tente aussi d'établir un impôt équitable qui frappe les privilégiés comme les gens modestes. Mais il se heurte à l'opposition des premiers et le roi Louis XVI est obligé de le renvoyer.

Dans les années qui précèdent la date fatidique de 1789, début de la Révolution française, la noblesse, le haut clergé et la haute bourgeoisie, intellectuels compris, se crispent sur leurs privilèges respectifs.

Ces minorités ravivent la division médiévale de la société en trois ordres ou États: clergé, noblesse et tiers état (en fait tout le reste). Le haut clergé et les aristocrates (ou nobles) prétendent justifier leurs privilèges fiscaux par leurs fonctions: le service de Dieu d'un côté, le service de la guerre de l'autre. Quant à la bourgeoisie d'affaires et à la bourgeoisie intellectuelle, elles n'apprécient pas d'être tenues à l'écart, avec le menu peuple.

Les crispations des privilégiés empêchent les réformes de bon sens qui auraient permis d'établir un minimum d'équité entre tous les citoyens et d'encourager les gens à l'esprit entreprenant, comme en Angleterre.

Le gouvernement est tiraillé entre les gaspillages de la cour et la difficulté de faire accepter de nouveaux impôts aux privilégiés. Pour éviter la banqueroute, le roi se résout à convoquer l'assemblée des états généraux pour lui demander de l'autoriser à lever de nouveaux impôts. Par cette décision, il va changer la face du monde.

Pour aller plus loin

Assistez à la Journée des Dupes qui vit le triomphe du cardinal de Richelieu [récit]

Tout sur l'arrestation du surintendant Fouquet par d'Artagnan et la prise de pouvoir du jeune roi Louis XIV (22 ans) [récit]

Voici comment le roi Louis XIV en vint à révoquer l'Édit de tolérance de Nantes [récit]

Des outils pour comprendre
- Lecture :

Vous pouvez lire avec profit le petit livre de l'historien Henri Sée : La France économique et sociale au XVIIIe siècle (1925).

Cet ouvrage disponible en version numérique offre un aperçu très clair et toujours pertinent sur l'état du royaume à la fin de l'Ancien Régime.

- Mesurer le temps :

La monarchie absolue s'est installée en un siècle en France:

- 1610: assassinat d'Henri IV et régence de Marie de Médicis,

- 1630 : journée des Dupes,

- 1643 : mort de Louis XIII et régence d'Anne d'Autriche,

- 1649 : fin de la Fronde parlementaire,

- 1661 : mort de Mazarin et pouvoir personnel de Louis XIV,

- 1685 : révocation de l'Édit de Nantes,

- 1715 : mort de Louis XIV (76 ans) et Régence du duc d'Orléans.

Vérifier les connaissances

- Connaissez-vous les fières paroles du maire de La Rochelle, lors du siège de sa ville ?... [réponse]

- ... Et l'amer constat du marquis de Cinq-Mars (22 ans) à l'instant d'être mené à l'échafaud ?... [réponse]

- Que signifiait RPR pour les contemporains de Louis XIV [réponse]

- Que désigne l'absolutisme ? [réponse]

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2020-05-02 18:13:25

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