Juliette Récamier (1777-1849)

Vestale de l'Empire

Belle entre les belles, Juliette Récamier est associée dans notre imaginaire à Joséphine de Beauharnais et Mme Tallien, l'une et l'autre maîtresses du Directeur Barras, ou encore à son amie Mme de Staël, fille du banquier Necker et muse de Benjamin Constant...

Mais en dépit des apparences, elle a peu à voir avec ces égéries de la fin de la Révolution ! Née dans la famille d'un riche notaire lyonnais, elle conclut à 15 ans, en 1793, en pleine Terreur, un mariage blanc avec le banquier Jacques Récamier, 42 ans, ancien amant de sa mère. Les deux époux n'auront pas d'enfant mais vivront en bonne entente jusqu'à ce que la mort les sépare.

Édouard Herriot, qui sera maire de Lyon, a publié en 1904 une thèse de doctorat sur Juliette Récamier qui fait toujours référence et dans laquelle il suggère qu'elle devait être la fille adultérine de son mari, lequel l'aurait épousée pendant la Terreur pour lui permettre d'hériter de sa fortune au cas où il aurait été guillotiné (le mariage n'a pour cette raison jamais été consommé) !

Juliette devient sous le Directoire et le Consulat l'une des reines de la mode. Elle comprend avant tout le monde le rôle de l'image et l'utilise en véritable star. Elle se fait représenter sur les premières revues de mode, ancêtres de nos magazines féminins, comme Le journal des dames et des modes, créé en 1797. Elle joue aussi sur la rareté de ses apparitions publiques et aime que la foule se presse autour d'elle lorsqu'elle se promène.

En faisant travailler de jeunes décorateurs novateurs, elle inaugure le style « Directoire » et propage la vogue du coton blanc. Elle lance la « mode à la grecque » ou à « l'étrusque », comme sur le tableau ci-contre du baron Gérard.

Entourée d'innombrables soupirants auxquels elle n'accorde que les « consolations de la bonté », Juliette compte parmi ses premiers admirateurs, Lucien Bonaparte, frère du Premier Consul, le général Bernadotte etc. Son amitié pour Mme de Staël lui vaut d'être exilée sur ordre de Napoléon en 1811.

Passionnément amoureuse du prince Auguste de Prusse, très liée ensuite au duc de Wellington, le vainqueur de Waterloo, puis à Benjamin Constant, Juliette rejette néanmoins toute idée de divorce et de remariage.

En mai 1817, elle noue une amitié amoureuse avec le vicomte François-René de Chateaubriand dont elle restera très proche jusqu'à sa mort. Sans doute est-ce le seul homme auquel la vestale aura succombé ! Le poète lui restera attaché, comme tous ses admirateurs, même lorsque des revers de fortune auront contraint Juliette et son mari à se replier dans une modeste habitation, l'Abbaye-aux-Bois...

Les meilleurs artistes du temps, tels les sculpteurs Antonio Canova et Joseph Chinard et les peintres Louis David et le baron Gérard, se font un plaisir de portraiturer Juliette Récamier.

Hommage posthume

En 1818, Juliette Récamier et son soupirant le prince Auguste commandent au baron Gérard le tableau : Corinne au cap Misène (ci-dessous) pour rendre hommage à leur amie, Mme de Staël, qui vient de mourir.

Le tableau illustre un roman de Mme de Staël, Corinne ou l'Italie, publié en 1807, l'année de leur rencontre. Il raconte un amour impossible entre Corinne et Oswald. Sur le tableau, Corinne a les traits de Mme de Staël. C'est devant ce tableau, à l'Abbaye-aux-Bois, que Chateaubriand fera la première lecture publique de ses Mémoires d'Outre-tombe. Le tableau est aujourd'hui exposé au musée des Beaux-Arts de Lyon.

Publié ou mis à jour le : 2021-12-03 16:53:35

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net