16 mars 2010

« La dame au bracelet d'ivoire »

Des analyses menées par les archéologues de l'université de Reading (Grande-Bretagne) ont révélé qu'une femme de la haute société romaine dans la ville d'York, aux confins septentrionaux de l'Empire, provenait très vraisemblablement d'Afrique du nord.

Cette découverte modifie la perception qu'on peut avoir des migrations internes à l'Empire romain…

Une étude approfondie du squelette d'une femme enterrée dans un sarcophage de grande qualité, avec des biens luxueux, a révélé qu'elle était noire ou plus probablement métisse.

Des isotopes de ses dents indiquent qu'elle a bu de l'eau contenant des minéraux présents en Afrique, alors que la forme de son crâne indique qu'elle était de race noire.

Décédée à environ 20 ans dans la seconde moitié du IVe siècle, à l'époque de l'empire chrétien, elle n'avait semble-t-il pas eu à effectuer de violents efforts physiques et était manifestement riche.

Migrations internes

L'analyse d'autres squelettes a montré que beaucoup d'habitants d'York étaient venus de régions lointaines, entre autres d'Afrique. On savait que des communautés orientales ou africaines s'étaient diffusées dans tout l'empire romain, mais les proportions apparaissent plus importantes qu'attendu.

Environ 20% des squelettes examinés à York proviennent de régions éloignées, un échantillon qu'il faudrait naturellement comparer à d'autres pour tirer des conclusions définitives.

York était en effet, à l'époque, capitale d'une province romaine et surtout une ville de garnison, soutien du mur d'Hadrien destiné à lutter contre les assaillants du nord. Les empereurs Septime-Sévère et Constance-Chlore (le père de Constantin le Grand) y moururent respectivement en 211 et 306. La présence de communautés étrangères est à ce titre moins étonnante qu'elle ne le serait dans d'autres villes.

Cette femme pourrait avoir été l'esclave ou la concubine d'un homme important, mais le fait qu'elle ait été enterrée avec un bracelet en ivoire, très rare, semble indiquer qu'elle avait pu garder un souvenir de ses origines, ce qui ne serait pas forcément le cas d'un descendant d'esclave.

Elle peut aussi bien avoir été la compagne d'un soldat africain qui se serait élevé dans la hiérarchie militaire. Par ailleurs, une plaque comportant (en latin) l'inscription «Ave sœur, puisses-tu vivre en Dieu» montre qu'elle était vraisemblablement chrétienne.

Le squelette et les objets funéraires associés seront exposés à partir d'août 2010 au musée du Yorkshire, à York, à l'occasion de sa réouverture après d'importants travaux : l'occasion pour ceux qui ne connaîtraient pas cette magnifique région de la découvrir !

Yves Chenal
Publié ou mis à jour le : 2020-05-09 11:37:09

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