En dépit de la vindicte napoléonienne à l’égard de la perfide Albion, les Britanniques sont bien présents dans la capitale française au début du XIXe siècle. Certains d’entre eux se lancent même dans l’édition et la presse pour informer leurs compatriotes. C’est grâce à eux que les Français vont découvrir des schémas éditoriaux inédits...
Les éditeurs britanniques débarquent à Paris
Dans la première moitié du XIXe siècle, la communauté britannique vivant à Paris déploie un grand dynamisme dans le domaine de la presse et de l’édition.
Ainsi, à partir de 1807, quelque mois à peine après l’échec d’un projet d’invasion de l’Angleterre par Napoléon Ier et en plein Blocus continental, un Britannique se lance dans l’édition à Paris. Il s’appelle Antonio Giovanni Galignani et va diffuser une revue de critique littéraire publiée en anglais.
Son activité va s’étendre sur plus de quarante ans, de 1807 à 1848. Grâce à lui, la France va découvrir le magazine hebdomadaire et bien d’autres schémas éditoriaux jusqu’alors inconnus de l’Hexagone.
Wyber, l'Écossais qui n'aimait pas le crachin d'Écosse
Dans ce petit monde de l’édition britannique parisien s’illustre aussi, à un moindre degré, un Écossais, John Lewthwaite Wyber. Né à Édimbourg vers 1816, il vient s’installer à Paris où il noue de nombreuses amitiés et tisse aussi maintes relations. Il s’y sent si bien qu’il finira par être naturalisé et devenir Français.
Il commence sa vie professionnelle parisienne en tant qu’employé de la société Galignani qui est à cette époque une librairie qui diffuse des livres en anglais. Initialement installée 18 rue Vivienne, près de la Bibliothèque nationale, cette société a emménagé rue de Rivoli en 1856, où elle se trouve toujours actuellement.
À cette époque, cette société édite un quotidien en anglais, le « Galignani's Messenger », qui va révéler à ses lecteurs de grands auteurs et des poètes de renom tels que Byron, Wordsworth, Thackeray ou encore Scott.
John Lewthwaite Wyber va ensuite s’associer à l’éditeur Robert Seton installé à Edimbourg. Une décision qu’il regrettera. Bien que né en Écosse, il ne pourra pas supporter le climat écossais ! Il décide donc de revenir à Paris où il devient le représentant de la maison d’édition Seton.
Il se marie en mars 1846 avec Alexandrine Aubry dans le district londonien de Lambeth. De cette union va naître un fils, William, dont la présence est avérée en tant qu’employé dans une librairie de Londres en 1870 (note).
Parallèlement, John Lewthwaite Wyber sert d'intermédiaire auprès de correspondants à l'étranger. En 1861, il a ainsi représenté un ami, Andrew Shanks, au nom duquel il va déposer un brevet pour une machine à laver (note). À cette même date, remplissant habituellement la fonction de commissionnaire en librairie, John Lewthwaite Wyber apparaît également comme éditeur (note).
Neuf ans plus tard, au début de 1870, il sera infecté par l'épidémie de variole particulièrement virulente qui s'abat alors sur Paris. Il décède le 4 mars à l'âge de 53 ans.
Le repérage de ses adresses successives, rue Vivienne, rue de Furstenberg, puis rue Jacob est intéressant dans la mesure où ces adresses demeurent, dans la longue durée, des hauts lieux de l’édition parisienne.
Sur les traces de John Lewthwaite Wyber :
1849-1858 : 8 rue Vivienne (2ème arrondissement de Paris),
1859-1864 : 3 rue Furstenberg (6ème arrondissement de Paris),
1865-1870 : 33 rue Jacob (6ème arrondissement de Paris).
(Annuaire commercial de Paris)
Un décès prématuré
« L'année 1870, le 5 mars à
Midi, acte de décès enregistré selon la loi de Jean
Wyber mort hier matin à 11h, faubourg.
St-Denis, 200, âgé de 53 ans, libraire, rue
Jacob, 33, né en Ecosse ; époux d'Alexandrine Aubry,
Sur la notification faite à nous officier de l'état civil
Du dixième arrondissement par Williams Wyber, âgé de
22 ans, libraire à Londres, fils, et Alfred
Moreau, 46 ans, maître d'hôtel, rue
De Furstenberg, 2 ans, qui a signé avec nous après la lecture. »
Bibliographie
Diana Cooper-Richet, « Les périodiques anglo-parisiens de la première moitié du XIXe siècle : passeurs de culture et de modèles éditoriaux », Études Épistémè [Online], 26 | 2014,
Diana Cooper-Richet, Emily Borgeaud, Les Galignani, Galignani, 1999.
Les annuaires commerciaux sont d’une utilité irremplaçable pour localiser nos ancêtres, en particulier à Paris où il n’existe aucun dénombrement de la population au XIXe siècle.
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