Grandes Découvertes

Vincent raconte les grandes explorations de l'Antiquité

Cette vidéo raconte l’histoire des grandes explorations du Monde antique et l’élargissement des connaissances géographiques qui furent essentiellement le fait des marchands, des diplomates et des militaires.

Les grandes explorations de l'Antiquité

Tout commence à la charnière de l’Afrique, de l’Europe et de l’Asie. Vers 2500 av. J.-C., 2 civilisations dominent la région : l’Egypte et la Mésopotamie. En Egypte, c’est principalement la recherche de ressources précieuses qui étend le réseau d’influence : vers la Nubie pour l’or, vers le Sinaï pour le cuivre et la turquoise, et jusqu’à Byblos pour le bois. En Mésopotamie, c’est surtout l’unité géographique de la plaine du Tigre et de l’Euphrate qui entraîne l’existence d’une aire culturelle très vaste. Enfin une 3e civilisation majeure prend son essor beaucoup plus à l’est dans la plaine de l’Indus.

Le prince Hirkhouf, nomarque d'Assouan, sous les règnes de Mérenrê Ier et de Pépi II.A cette époque, les Egyptiens se retrouvent bloqués en amont du Nil par le royaume de Kerma. Ils décident alors de contourner l’obstacle : d’abord par la Mer Rouge qui les emmène jusqu’au lointain Pays de Pount, probablement situé dans l’actuelle Erythrée. Deux siècles plus tard, le gouverneur d’Elephantine Hirkhouf s’avance sans doute jusqu’au Darfour et devient donc le 1er grand explorateur de l’Histoire dont on ait conservé le nom.

A cette époque, Sargon d’Akkad unifie toute la Mésopotamie et mène des expéditions dans toutes les directions, notamment jusqu’au pays de Magan dans l’Oman actuel. Ce nouveau rayonnement amorce des contacts directs avec la civilisation de l’Indus que les Akkadiens appellent Meluhha. La civilisation de Jiroft s’épanouit à mi-chemin de cette nouvelle route commerciale. De même les cités levantines connaissent un nouvel éclat grâce aux échanges entre l’Egypte et la Mésopotamie.

Cet apogée ne dure qu’un siècle : l’empire d’Akkad et l’Ancien Empire égyptien s’effondrent presque en même temps. Peu après, c’est la civilisation de l’Indus qui disparaît définitivement face à l’arrivée des Indo-Aryens. En parallèle, 2 nouvelles civilisations émergent : celle des Hittites en Anatolie et celle des Minoens en Crète. Ça déporte le nouveau centre de vitalité en Méditerranée Orientale, et l’île de Chypre devient le nouveau nombril du monde en tant que plaque tournante du cuivre.

Enfin c’est l’époque où une civilisation émerge de façon complètement indépendante en Chine : sous la dynastie Shang, les connaissances géographiques des Chinois connaissent un véritable bond en avant. Cela dit, on remarquera qu’on est encore loin d’une interconnexion avec le Proche-Orient.

Vers 1500 av. J.-C., l’essor du Nouvel Empire égyptien entraîne une nouvelle bouffée de vitalité : au sud, la conquête du royaume de Kerma fait sauter le verrou et permet enfin aux Egyptiens de remonter le Nil jusqu’au Sahel. En parallèle, la côte levantine fait l’objet d’une compétition acharnée avec les Hittites. Enfin les Mycéniens mettent en place une nouvelle civilisation centrée sur la Grèce.

Les relations diplomatiques font voyager les émissaires d’une capitale à l’autre, et les connaissances géographiques se chevauchent largement : on montre ici le monde arpenté par les Egyptiens ; voici maintenant celui des Mésopotamiens ; puis celui des Hittites tourné vers l’intérieur des terres ; enfin celui des Mycéniens qui est au contraire tourné vers la mer. On représente aussi celui des Chinois à la même échelle, pour comparaison.

A ceci s’ajoute une nouvelle civilisation qui commence à émerger vers 1200 av. J.-C. sur le continent américain : celle des Olmèques. Centrée sur le golfe du Mexique, cette culture va former le substrat de base de toute la Mésoamérique, depuis les Mayas jusqu’aux Aztèques.

A cette même date se produit le plus grand effondrement de la Haute Antiquité au Proche Orient : d’une part la raréfaction de l’étain nécessaire pour le bronze affaiblit les civilisations en place ; d’autre part l’apparition de chevaux assez forts pour être montés donne une nouvelle impulsion aux peuples des steppes. De proche en proche, ça provoque l’extinction des Hittites et des Mycéniens et l’affaiblissement des Egyptiens et des Mésopotamiens.

Ça permet aux peuples levantins de retrouver une plus grande autonomie, à commencer par les Phéniciens. La recherche de nouvelles sources de métaux les pousse à s’avancer toujours plus loin vers la Méditerranée occidentale jusqu’à franchir le détroit de Gibraltar. Leurs comptoirs commencent à se transformer en colonies à partir de 850 av. J.-C. sous l’impulsion de Tyr. Ça inclue notamment Carthage dans l’actuelle Tunisie. Ce sont les Phéniciens qui détiennent alors la plus vaste connaissance du monde.

Les Phéniciens influencent profondément les Grecs qui commencent à reformer une unité culturelle après une longue période obscure. Poussés par la surpression démographique, les Grecs partent explorer les rives de la Méditerranée et de la Mer Noire pour y fonder des colonies. Les colonies grecques et phéniciennes établissent des liens commerciaux et la connaissance géographique fait un nouveau bond de géant.

En parallèle, les Grecs interviennent de plus en plus dans l’armée égyptienne en tant que mercenaires tandis que les Phéniciens intègrent sa flotte. C’est ainsi qu’on en arrive au périple le plus ancien et le plus fascinant qui nous ait été rapporté : vers 600 av. J.-C., le pharaon Nechao II aurait demandé à des marins phéniciens de contourner l’Afrique par le sud, sans doute pour reconnaître une nouvelle route commerciale vers les rives de l’atlantique. Ce périple aurait duré 3 ans, une prouesse incroyable au vu de la taille de ce continent. Toujours est-il que cette route s’avèrera non rentable, et les connaissances géographiques engrangées ne tarderont pas à être oubliées.

En termes d’exploration géographique, c’est une époque complètement folle : après les Phéniciens et les Grecs qui auront fait une véritable percée vers l’occident, voilà qu’arrivent les Mèdes et les Perses qui vont ouvrir une nouvelle fenêtre sur l’orient.

C’est d’abord le Mède Cyaxare qui forme un 1er empire en s’avançant jusqu’aux portes de la Lydie ; puis c’est le Perse Cyrus II qui récupère le lot. Il conquiert l’empire babylonien tout en progressant jusqu’à l’Indus et l’Asie Centrale. Ces conquêtes sont complétées par ses successeurs qui s’emparent de l’Egypte et s’avancent vers la Grèce.

A cette expansion militaire, on doit ajouter les relations diplomatiques et commerciales qui augmentent encore la superficie du monde connu par les Perses : c’est la 1ère fois qu’on doit changer l’échelle de la carte, et c’est un signe. Les Perses viennent de tourner la page de la Haute Antiquité. Ils commercent vers les cités grecques, vers Carthage, et vers les états voisins de l’Inde. Une route maritime est également ouverte par le sud de l’Arabie : elle est consolidée par le désensablement du canal des pharaons qui permet de relier directement la Méditerranée à l’Océan Indien.

Vers 480 av. J.-C., le grand roi Xerxès Ier charge son cousin Sataspès de faire le tour de l’Afrique, mais on sait juste que ce navigateur est rentré bredouille après plusieurs mois d’absence. Même problématique avec le Carthaginois Hannon, dont le récit est un peu plus détaillé mais ne cadre pas du tout avec la géographie réelle des lieux.

Finalement, les connaissances géographiques des Perses se stabilisent et il faut attendre l’épopée d’Alexandre le Grand pour connaître un nouveau chamboulement : en conquérant l’intégralité de l’empire perse en 325 av. J.-C., celui-ci élargit le monde grec jusqu’à l’Inde. En plus c’est de cette époque que date le périple de Pythéas, un Grec de Marseille, qui part reconnaître les routes de l’ambre et de l’étain vers le nord de l’Europe. Il aurait poussé jusqu’à l’Islande, mais ce n’est pas une certitude. Toujours est-il que ses expéditions resteront sans lendemain.

En Inde, l’arrivée des Grecs provoque un réveil remarquable : depuis sa capitale Pataliputra, la dynastie Maurya crée un véritable empire sur la quasi-totalité du sous-continent, qui connaît son apogée sous le règne d’Ashoka en 261 av. J.-C.. Grâce aux contacts commerciaux et diplomatiques avec les Grecs, la connaissance géographique des Indiens s’étend d’un coup jusqu’à la Méditerranée. Dans le même temps, l’adoption du bouddhisme par Ashoka favorise un prosélytisme qui pousse les missionnaires hors des frontières, notamment vers le Sri Lanka dont le roi de convertit. Cette île devient un nouveau centre de vitalité qui attire les marchands grecs jusque là.

Le commerce avec l’Inde pousse également à la réouverture de la route maritime par le sud de l’Arabie, mais qui est surtout contrôlée par les Sabéens de l’actuel Yémen. Enfin les Grecs d’Egypte commercent avec le royaume de Méroé en amont du Nil.

A cette époque, un Grec peut voyager de Marseille jusqu’à l’Inde sans jamais quitter le monde hellénistique : ces connaissances géographiques vont bientôt être récupérées par un nouveau peuple, les Romains.

Ceux-ci viennent d’étendre leur domination sur toute l’Italie et le commerce leur ouvre déjà une bonne part des côtes de la Méditerranée. En 201 av. J.-C., la 2e guerre punique leur donne tous les territoires de Carthage, et les Romains peuvent amorcer la conquête de l’Espagne. Au siècle suivant, leur influence sur le monde hellénistique se resserre tandis que des expéditions sont lancées vers le Danube.

Pendant ce temps-là en Iran, les Parthes fondent un nouvel empire sur les décombres des royaumes hellénistiques. Ils deviennent le principal intermédiaire commercial entre l’Inde et la Méditerranée, et pas seulement : c’est aussi à cette époque que la Chine sort de son autarcie.

Fondé en 221 av. J.-C., l’empire chinois rayonne sous la dynastie Han, et l’empereur Han Wudi cherche à reconnaître la route de l’ouest par où transitent de précieuses marchandises. En 139 av. J.-C., il envoie le diplomate Zhang Qian qui s’avance jusqu’aux limites de l’empire parthe et jusqu’aux rives de l’Indus : ça marque symboliquement l’ouverture de la route de la soie. Les Parthes deviennent le connecteur essentiel entre les Romains et les Chinois qui ne se rencontreront jamais directement.

Cependant Rome poursuit son ascension avec la conquête de la Syrie par Pompée, de la Gaule par Jules César, et de l’Egypte par Octave. Tandis que l’empire romain poursuit son expansion vers l’Europe du nord et tente une incursion dans l’empire parthe, quelques explorateurs romains parviennent à traverser le Sahara et le désert arabique.

La volonté de contourner le monopole des Parthes dans le commerce avec l’Inde pousse les Romains à redynamiser la route maritime par le sud de l’Arabie. Maîtres de ce commerce, les royaumes sabéens viennent fonder des comptoirs sur la côte orientale de l’Afrique jusque dans l’actuelle Zanzibar, notamment pour le commerce de l’ivoire. Certains marchands romains atteignent ces régions, mais ça reste exceptionnel.

Malgré l’effondrement de l’empire Maurya, les marchands indiens ne sont pas en reste : à l’ouest ils atteignent l’Afrique, et à l’est l’Indonésie. C’est là, autour du détroit de Malacca, qu’ils entrent en contact avec des marchands chinois. Ainsi s’ouvre la route maritime de la soie : cette fois, ce sont les Indiens qui servent d’intermédiaires entre les empires romain et chinois pendant que les Parthes se chargent de la voie terrestre.

C’est le moment ou jamais de récapituler les aires géographiques des différentes civilisations : voici déjà celle des Romains ; voici maintenant celle des Chinois, d’extension comparable. On constate que ces deux zones de circulation ne se rencontrent pas. Ce sont les Parthes qui connectent ces 2 aires par voie de terre ; et les Indiens qui les connectent par voie de mer.

L’ancien monde est devenu presque entièrement connecté grâce au dynamisme de ses 2 extrémités, Rome et la Chine. Au même moment en Mésoamérique, les héritiers des Olmèques se trouvent rassemblés autour d’un centre religieux en plein essor, Teotihuacan : elle fait la jonction entre de nombreux peuples tels que les Mayas, les Zapotèques et les Mixtèques. On remarquera néanmoins que l’aire géographique de la Mésoamérique reste très ténue par rapport à celle de l’Ancien Monde.

Pour être tout à fait complet, il reste à dire un mot sur l’aire de civilisations des Andes-Pacifique. On y trouve de nombreuses civilisations connectées culturellement, telles que la culture Moche au nord, celles de Nazca et de Tiwanaku au sud. Mais il n’y a pas de ville centrale ou de peuple unificateur comme en Mésoamérique qui aurait une vision d’ensemble de cette aire géographique.

En termes de connaissances géographiques, la supériorité de l’Ancien Monde est déjà indiscutable. Sa plus grande superficie favorise les interactions, qui sont sources de progrès : l’Amérique précolombienne semble déjà bien mal engagée.

A partir des années 180, les empires romain et chinois vont entamer un déclin pratiquement simultané, mais la connexion entre l’Orient et l’Occident ne sera jamais rompue : ce sont les nomades turco-mongols et les Arabo-musulmans qui prendront le relais en tant que connecteurs géographiques, jusqu’à ce que les Européens mettent tout le monde d’accord en se lançant seuls à la conquête du reste du Monde.

Une autre vidéo sera consacrée à la suite de ces explorations jusqu’à nos jours. N’hésitez pas à vous abonner à la chaîne pour être informé des prochaines sorties, en cliquant sur la cloche pour recevoir les notifications. Je précise enfin que cette vidéo existe grâce au soutien du site herodote.net, vous y trouverez une quantité impressionnante d’articles sur tous les domaines de l’Histoire. Merci pour vos commentaires et à bientôt pour d’autres épisodes !

Vincent Boqueho
Publié ou mis à jour le : 2022-06-13 17:44:25

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