Préhistoire et haute Antiquité en cartes animées

Vincent raconte le Moyen Empire égyptien (-2020 à -1535)

Huitième épisode :

Égypte : le Moyen Empire (-2020 à -1535)

Cette vidéo s’intéresse au Moyen Empire égyptien qui voit une explosion des relations commerciales et l’épanouissement d’une nombreuse classe moyenne.

On va reprendre à la fin de la 1ère période intermédiaire : l’Egypte est alors divisée entre 2 pharaons, celui d’Hérakléopolis et celui de Thèbes, tandis que le delta est aux mains d’envahisseurs étrangers. Vers 2060 av JC, Montouhotep II monte sur le trône de Thèbes. Il passe les 30 premières années de son règne à guerroyer contre son rival. Le roi d’Hérakléopolis finit par s’effondrer et Montouhotep poursuit son avantage en amorçant la reconquête du delta. En l’an 39 de son règne, l’Egypte est enfin pacifiée après 160 ans de guerres intestines. Cela marque le début du Moyen Empire, et la XIe dynastie fondée un siècle plus tôt à Thèbes s’impose comme la seule légitime.

La dernière partie du règne de Montouhotep voit un renouveau du rayonnement de l’Egypte. Il bâtit beaucoup de temples et remet en état les terres agricoles ravagées par la guerre. Il reprend aussi les anciennes expéditions vers la Nubie, le Sinaï, et le Liban.

Il meurt en 2009 av JC et se fait enterrer à proximité de son temple funéraire de Deir el-Bahari, se démarquant des traditionnelles pyramides de l’Ancien Empire.

Son fils Montouhotep III poursuit l’œuvre de reconstruction déjà bien entamée par son père. Les expéditions commerciales traditionnelles reprennent de la vigueur, y compris avec le lointain pays de Pount. Echaudé par les attaques d’envahisseurs venus du Sinaï pendant la guerre civile, il bâtit toute une série de forteresses sur la frontière nord-est.

La fin de son règne est toutefois marquée par des troubles qui montrent que le pays n’a pas encore retrouvé sa pleine stabilité.

À sa mort, son fils Montouhotep IV doit faire face à des révoltes exacerbées par les famines. Il peine à asseoir son autorité, et le pays retombe dans la guerre civile. Son vizir Amenenhat décide alors de prendre les choses en main : en 1991, il se proclame pharaon et mène une guerre victorieuse contre 2 autres prétendants. Il fonde ainsi la XIIe dynastie, qui règnera jusqu’à la fin du Moyen Empire. La paix revenue, il associe au pouvoir son fils Sésostris pour faciliter la succession : cette pratique permettra à la XIIe dynastie de traverser 2 siècles d’Histoire.

Amenenhat Ier fonde également une nouvelle capitale à Licht, près de Memphis, à la fois pour retrouver une position plus centrale et pour s’inscrire dans la tradition de l’Ancien Empire. Sa nécropole renoue aussi avec le concept de la pyramide, à l’opposé des innovations de la XIe dynastie.

Amenenhat Ier meurt assassiné par un complot de harem après 30 ans de règne. Cet événement inspirera l’une des plus célèbres œuvres littéraires de l’Egypte antique : le conte de Sinouhé.

Le règne de Sésostris Ier, qui dure 34 ans, marque pourtant un essor remarquable de l’Egypte. A l’intérieur, les constructions de monuments religieux se multiplient : le culte d’Amon, le dieu de Thèbes, prend de l’importance aux côtés du culte de Rê. A l’extérieur, il poursuit les efforts de ses prédécesseurs en imposant la suzeraineté de l’Egypte sur toute la Nubie, jusqu’à la 3e cataracte. Bouhen redevient une forteresse essentielle, qui permet de surveiller le royaume de Kerma au sud, toujours hostile.

Enfin au nord est, le commerce égyptien s’étend jusqu’à la ville d’Ougarit, qui commence à prendre son essor au nord de Byblos.

Les successeurs de Sésostris Ier continuent de bénéficier de l’exceptionnelle prospérité de l’Egypte. De nouveaux échanges commerciaux sont initiés, notamment avec la Crète et Chypre. Le pays continue d’être mis en valeur, notamment grâce à l’assèchement des marais du Fayoum près de Licht.

L’apogée du Moyen Empire est atteint sous le règne de Sésostris III, qui dure 36 ans. Afin d’affaiblir les pouvoirs locaux toujours puissants, il supprime la charge de nomarque au profit d’une organisation plus centralisée. Il mène aussi de nombreuses campagnes militaires, en Nubie toujours turbulente, mais surtout jusqu’en Palestine pour sécuriser la principale voie de pénétration de l’Egypte.

Les 45 ans de règne de son successeur Amenenhat III se font dans l’opulence. La mise en valeur du pays a permis l’émergence d’une classe moyenne aisée. Les marges frontalières sont stabilisées. Le commerce est si prospère que les villes de Byblos et d’Ougarit s’égyptianisent. La multiplication des grands chantiers attire une main d’œuvre nombreuse venue du Proche Orient.

Tout semble aller pour le mieux, sauf que les pharaons ont un mal fou à procréer. A la mort d’Amenemhat IV vers 1790, c’est sa sœur et épouse Néférousobek qui prend le pouvoir. Elle devient donc la 2e femme pharaon après Nitocris, et marque la fin du Moyen Empire comme Nitocris avait marqué celle de l’Ancien Empire. Après elle, la logique de succession apparaît très obscure : les pharaons de la XIIIe dynastie se succèdent à un rythme élevé sans appartenir à la même lignée.

Les querelles de succession récurrentes entraînent des périodes de troubles qui alternent avec des périodes plus stables. 2 lignées rivales se distinguent, celle de Thèbes et celle de Licht. Les fonctionnaires assurent cependant la continuité, ce qui empêche le pays de sombrer dans le chaos.

Cela dure ainsi jusqu’au règne de Sobekhotep IV vers 1730, qui marque un dernier regain de vitalité avec ses 10 ans de règne. Mais sa mort marque une fragmentation plus durable de l’Egypte. Dans le delta, un royaume prend son indépendance sous l’impulsion de chefs d’origine étrangère, qui fondent la XIVe dynastie. D’abord situé à Xoïs, le centre du pouvoir se déplace ensuite à Avaris plus à l’est.

Les 60 ans qui suivent sont très méconnus et voient un faible rayonnement de l’Egypte. Au sud, le royaume de Kerma, appelé pays de Koush par les Egyptiens, en profite pour s’étendre sur toute la Nubie et atteint son apogée. Il connaît un boom démographique et la capitale s’embellit. Ses relations avec l’Egypte sont pacifiques et il joue un rôle d’intermédiaire commercial essentiel.

Comme lors de la 1ère période intermédiaire, la faiblesse de l’Egypte favorise l’installation de peuples venus du Proche-Orient dans le delta, connus sous le nom de Hyksos. Ceux-ci profitent du grand retard de l’Egypte en matière d’armement, lié à son isolement relatif au cœur du désert. Vers 1650 av JC, les Hyksos parviennent à s’emparer du pouvoir dans le delta et fondent la XVe dynastie. Depuis leur capitale Avaris, ils progressent ensuite vers le sud jusqu’à la Moyenne Egypte : le pharaon retranché à Thèbes doit alors payer tribut pour stopper leur avancée.

Les Hyksos constituent un système d’états vassaux dans le pays, dont les chefs correspondent la XVIe dynastie. Au sud, la Haute Egypte reste indépendante : une lignée parvient à s’y stabiliser, la XVIIe dynastie. La situation va ainsi perdurer pendant environ un siècle.

Loin d’amener le chaos, l’invasion des Hyksos favorise au contraire un renouveau de l’Egypte : d’une part ils s’égyptianisent rapidement et perpétuent donc les traditions. D’autre part, ils amènent avec eux les innovations du Proche-Orient, notamment dans le domaine militaire : ainsi le char de guerre, qui est utilisé depuis près d’un millénaire en Mésopotamie, gagne l’Egypte à cette époque et constituera une composante essentielle des armées du Nouvel Empire.

Le pharaon hyksos le plus connu est Apophis Ier, qui règne de 1580 à 1545 av JC. A cette époque, la Haute Egypte commence à prendre de l’assurance : vers 1560, le pharaon de Thèbes Seqenenrê Taa refuse de verser tribut, ouvrant la guerre entre les 2 royaumes. Apophis Ier cherche alors à s’allier avec le royaume de Kerma, mais ne parvient pas à stopper l’avancée de la Haute Egypte. Seqenenrê Taa meurt au combat et son successeur Kamosé poursuit la lutte : au sud il attaque le royaume de Kerma et progresse jusqu’à Bouhen. Au nord, il continue la progression en Moyenne Egypte et prend le contrôle de la route des oasis.

La reconquête est achevée par son successeur Ahmosis Ier : il entre dans le delta et parvient à s’emparer de la capitale Avaris après 18 ans de combats, vers 1535 av JC. Cet événement marque le début du Nouvel Empire, au cours duquel l’Egypte antique va atteindre son apogée.

Dans le prochain épisode, on va voir ce qui s’est passé en Mésopotamie pendant ce temps-là. Cette civilisation connaît alors une période de refondation spectaculaire.

Vincent Boqueho

Publié ou mis à jour le : 2021-11-30 18:15:40

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