Préhistoire et haute Antiquité en cartes animées

Vincent raconte la Basse Époque d'Égypte (-1100 à -525)

Dix-huitième épisode :

Égypte : la Basse Époque (1100 à 525 av. J.-C.)

On s’intéresse ici à l’époque tardive de l’Égypte antique qui sépare l’effondrement du Nouvel Empire et la conquête par l’empire perse.

En 1100 av. J.-C., les attaques des Peuples de la Mer et des Libyens ont affaibli le pouvoir royal au profit du clergé d’Amon basé à Thèbes. Ramsès XI, qui règne environ 30 ans, est le dernier pharaon du Nouvel Empire. En 1080, il se décide à combattre le grand-prêtre d’Amon , mais il est trahi par son propre vizir qui récupère le titre de grand-prêtre et se proclame roi dans la foulée.

L’Égypte se coupe ainsi en 2 et Ramsès XI ne contrôle plus que le delta. Quant au pays de Koush, il en profite pour larguer les amarres vis-à-vis de l’Égypte.

Le successeur de Ramsès XI, Smendès, fonde la XXIe dynastie. Il déplace la capitale à Tanis non loin de Pi-Ramsès, tandis que le grand-prêtre d’Amon règne depuis Thèbes. Des accords sont passés entre les 2 royaumes et la situation se stabilise. Cependant, les nomades libyens continuent de mener des razzias en Haute-Égypte et ils s’installent toujours plus nombreux dans le delta. Un siècle bien terne s’écoule. C’est à cette époque que les tombes royales sont pillées.

C’est finalement l’un de ces Libyens du delta, Sheshonq Ier, qui s’empare du pouvoir en 943 et fonde la XXIIe dynastie. Il va redonner une certaine vitalité à l’Égypte.

Il parvient d’abord à placer ses fils à la tête du clergé thébain, réunifiant le pays. Puis il lance une campagne en Palestine dont il reprend le contrôle. Enfin, il restaure la domination égyptienne sur les oasis. L’Égypte peut à nouveau bénéficier du commerce avec Byblos au nord, et sur la mer Rouge au sud. Le nouvel afflux de richesses permet de reprendre la construction de monuments dans tout le pays. Peu à peu, des déesses locales du delta commencent à rivaliser avec le culte d’Amon.

En accord avec la tradition libyenne, Sheshonq Ier met en place de nombreuses chefferies dans le delta qu’il offre à des princes libyens, et qui vont s’avérer de plus en plus turbulentes.

Les premiers successeurs de Sheshonq perdent rapidement le contrôle sur le Levant. L’Égypte intervient une seule fois, pour aider les royaumes du Levant à contrer l’expansion de l’empire assyrien : ça se passe sous le règne d’Osorkon II en 853.

Mais la situation se dégrade encore sous son successeur. En 820 av. J.-C., un chef libyen local se proclame pharaon à son tour : le delta se retrouve partagé entre les XXIIe et XXIIIe dynasties et s’enfonce dans la guerre civile. En Haute Égypte, le grand-prêtre de Thèbes en profite pour retrouver son indépendance. Enfin, une dynastie locale de culture égyptienne commence à émerger dans le pays de Koush, avec pour capitale Napata. Cette situation se maintient pendant 80 ans, pendant lesquels l’Égypte perd tout rayonnement. Puis en 747, la confusion s’aggrave encore quand 3 nouveaux royaumes proclament leur indépendance en Moyenne Égypte : le chaos du delta se propage ainsi vers le sud.

Le pharaon Piankhy de Napata en profite : il s’empare de la Basse Nubie et de la Haute Égypte en 740. Face à la menace des Koushites, des princes fondent la XXIVe dynastie à Saïs en 727, qui tente de rallier toutes les forces de Basse et Moyenne Égypte. Mais il est trop tard : après de violents combats, Piankhy parvient à unifier l’Égypte sous son autorité vers 716 av. J.-C..

La XXVe dynastie, d’origine nubienne, marque ainsi la fin de la 3e période intermédiaire et le début de la Basse Epoque.

Cela dit c’est une simple convention puisque les phases de crise et de prospérité vont continuer de s’enchaîner comme avant. Certains roitelets conservent d’ailleurs une grande autonomie dans le delta, surtout à Tanis, l’ancienne capitale de la dynastie libyenne.

La dynastie koushite marque un retour aux traditions de l’Ancien Empire. En particulier, elle renoue avec le concept de la pyramide qui sert de tombeau, toutes construites près de la capitale Napata. La construction de nombreux temples reprend dans tout le pays.

Sur le plan extérieur, l’Égypte doit surtout faire face à la menace assyrienne. L’Égypte soutient dans l’ombre les révoltes en Palestine et en Phénicie, mais ça renforce l’hostilité de l’empire assyrien. Sous le règne de Taharqa, les Assyriens attaquent l’Égypte, menés par Assarhadon. Ils parviennent à envahir le delta, saccageant la ville de Memphis en 672. Mais aussitôt l’armée assyrienne repartie, Taharqa reprend le contrôle du delta. La mort d’Assarhadon laisse à l’Égypte un dernier répit, avant qu’Assurbanipal ne revienne en force.

Il conquiert tout le pays jusqu’à la 1ère cataracte. Taharqa se réfugie au pays de Koush, qui reste indépendant. Son successeur Tounamon poursuit la lutte contre l’Assyrie, mais son armée est à nouveau écrasée et Thèbes est mise à sac. Cet événement marquera les esprits, car la ville sainte n’avait jamais vu d’envahisseur étranger depuis les débuts de l’Égypte antique.

L’empire assyrien laisse le pays géré par des roitelets locaux, au 1er rang desquels se trouvent les princes de Saïs. L’un d’eux, Psammétique Ier, parvient à accroître son pouvoir avec l’aide des Lydiens et des Grecs, jusqu’à contrôler l’ensemble du pays. En 645, il rejette la suzeraineté assyrienne. L’empire assyrien, emporté par d’autres révoltes internes, ne parviendra pas à riposter. Psammétique Ier porte ainsi la 26e dynastie, dite saïte, à la tête de l’Égypte, ouvrant enfin une période de stabilité plus durable. Il place sa nouvelle capitale à Memphis. En remerciement aux Grecs, il les laisse fonder leur propre port dans le delta, Naucratis. Tandis que les Grecs continuent à servir dans son armée, les Phéniciens servent dans sa flotte.

Nechao II lui succède en 610 av. J.-C.. Il tente de profiter de l’effondrement de l’empire assyrien pour reprendre pied au Levant, et soumet notamment le royaume de Juda. Mais il subit une défaite à Karkemish face à Nabuchodonosor, et toute la côte tombe finalement sous l’emprise de l’empire babylonien. Nechao II renforce ensuite ses relations commerciales en Méditerranée et en Mer Rouge, reprenant notamment les expéditions vers le pays de Pount. Pour faciliter ces entreprises, il fait percer un canal du Nil à la mer Rouge, ancêtre du canal de Suez, peut-être sur les traces d’un ancien canal ensablé datant du Moyen Empire. Enfin, il aurait demandé à ses marins phéniciens d’essayer de contourner l’Afrique par le sud. Ils auraient mis 3 ans pour faire ce voyage, mais un tel exploit semble tout de même difficile à croire au vu des moyens de l’époque.

Son successeur Psammétique II mène des campagnes sur 2 fronts : au Levant il encourage la révolte des populations contre Babylone. En Nubie il mène une vaste offensive contre le royaume de Koush, qui tente toujours de reconquérir l’Égypte. Il s’empare de la capitale Napata qu’il saccage en 591. Le royaume de Koush entre alors dans une phase méconnue et il amorce une expansion vers le sud en amont du Nil. Il conserve cependant sa culture égyptienne et la construction des pyramides se poursuit.

Pendant ce temps, l’Égypte parvient à résister aux attaques de l’empire babylonien sous le règne d’Apriès, puis d’Ahmosis II qui s’empare du pouvoir par un coup d’état.

Le règne d’Ahmosis II est particulièrement énergique. Il renforce sa présence commerciale en Méditerranée, allant même jusqu’à contrôler Chypre. Il resserre encore ses liens avec les Grecs, confirme son alliance avec la Lydie, et finit même par s’allier à Babylone pour contrer la menace perse. Pourtant, cela n’empêche pas l’empire perse de s’emparer de tout le Proche-Orient. Ahmosis meurt en 526 av. J.-C., au moment même où les Perses envahissent l’Égypte. Un an plus tard, le pays devient à son tour une simple satrapie perse. Pourtant à la différence de la Mésopotamie, cela ne marque pas la fin de la civilisation égyptienne : fiers de leur Histoire, les Egyptiens vont secouer inlassablement le joug perse jusqu’à l’arrivée d’Alexandre le Grand.

Dans cet épisode, on aura pu voir que la physionomie du Proche-Orient a beaucoup changé depuis l’arrivée des Peuples de la Mer. Dans le prochain épisode, on va s’intéresser à la naissance d’Israël. 

Vincent Boqueho

Publié ou mis à jour le : 2021-11-30 18:08:31

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net