L'empire perse sassanide (de 224 à 651)
Dans cette vidéo, on raconte les 4 siècles de rayonnement de l’Iran sous la dynastie des Perses sassanides.
Démarrons en l’an 224 : la région est alors encore sous le contrôle des Parthes, peuple iranien hellénisé originaire du nord-est. Le seigneur perse Ardashir lève une rébellion dans le Fars, défait l’armée parthe et tue l’empereur Artaban V : il récupère ainsi le contrôle de l’empire et fonde la dynastie des Sassanides, qui garde Ctésiphon pour capitale. Les prétentions des Perses sur les provinces asiatiques de l’empire romain ouvrent plusieurs décennies de guerres qui contribuent beaucoup au chaos politique que Rome traverse à cette époque. Le règne de Shahpur Ier, qui succède à Ardashir, est glorieux : à l’ouest il annexe l’Arménie en 252 et parvient à capturer l’empereur romain Valérien. A l’est, il s’empare d’une partie de l’empire kouchan et s’avance jusqu’aux limites de l’Inde. Un royaume kouchan plus réduit est maintenu sous suzeraineté sassanide.
Roi bâtisseur, Shahpur Ier contribue à affermir la nouvelle dynastie qui traversera plus de 4 siècles d’histoire. Cette période marque aussi l’âge d’or du zoroastrisme, qui devient religion d’Etat. Dans le même temps, le prophète Mani fonde le manichéisme, religion syncrétique qui va connaître un rayonnement de Rome à la Chine.
Ce premier apogée dure jusqu’en 283 : à cette date, les Romains profitent d’une lutte de succession couplée à une attaque des Kouchans pour piller Ctésiphon. Les Perses sont contraints d’abandonner l’Arménie, qui retrouve son rôle de royaume-tampon. Puis en 298, ils doivent céder quelques provinces occidentales à l’empereur romain Dioclétien.
Les royaumes arabes des Ghassanides et des Lakhmides, alliés respectivement aux Romains et aux Perses, se retrouvent impliqués dans ces rivalités.
En 309, l’arrivée au pouvoir de l’empereur Shahpur II (ou Chapour II) va redonner une nouvelle vigueur à l’empire en 70 ans de règne. Il fait de l'antique religion de la Perse, le mazdéisme ou zoroastrisme, la religion officielle de son empire. Mais celui-ci n'en compte pas moins de nombreuses autres confessions, dont le christianisme, le judaïsme, le bouddhisme, l'hindouisme, etc.
En 337, l'empereur engage contre les Romains une série de guerres qui dureront 26 ans. Dans le même temps, il s’empare du royaume kouchan à l’est. Puis il triomphe des tribus nomades et impose son autorité sur une partie de l’Asie Centrale. Enfin en 363, il parvient à récupérer les provinces qui avaient été cédées à Dioclétien, mettant fin aux guerres contre l’empire romain d’orient.
Il prend aussi le contrôle de la côte sud du golfe persique. L’Arménie reste indépendante mais passe sous influence perse. Cela contribue à renforcer l’identité arménienne qui se forge contre la culture perse : en particulier, l’invention de l’alphabet arménien permet à la langue arménienne de supplanter le grec, l’araméen et le persan qui étaient utilisés auparavant. D’autre part, l’empire perse réprime sévèrement le christianisme par opposition à l’empire romain : par réaction, la christianisation de l’Arménie se renforce.
Lorsqu’il meurt en 379, Shahpur II laisse un empire vaste et prospère dont ses successeurs vont profiter. Les décennies suivantes sont surtout marquées par la lutte contre les Huns Blancs qui s’avancent en Asie Centrale où ils fondent le puissant royaume hephtalite. La poussée d’autres tribus hunniques sur le Caucase contraint même les Perses et les Romains à s’allier pour faire face à cette nouvelle menace. Puis la guerre entre les deux empires reprend en 420, sur fond de querelles religieuses. Huit ans plus tard, les Perses annexent l’Arménie.
Les incursions des Hephtalites restent très menaçantes. En 457, ils interviennent même dans une lutte de succession pour le trône perse. A partir de 476, ils ravagent l’est de l’Iran et s’étendent en direction de la Chine dans le bassin du Tarim. L’empire sassanide entre alors dans une phase de repli. Les guerres contre les Hephtalites entraînent des difficultés économiques qui provoquent des révoltes : l’empereur Péroz Ier est tué par les Huns en 484 et son successeur est renversé par des nobles. Après lui, Kavadh Ier tente d’affaiblir la puissance du clergé, ce qui lui vaut d’être déposé et emprisonné. Ce sont les Hephtalites eux-mêmes qui lui permettent de retrouver le trône.
Malgré la reprise des guerres contre les Byzantins, Kavadh Ier finit pourtant par redresser le pays en matant les révoltes. Lorsque son fils Khosro Ier lui succède en 531, il hérite ainsi d’une situation beaucoup plus favorable. Il fait preuve de tolérance religieuse, apaisant les tensions. Il soutient la médecine et la philosophie en provenance de Byzance et de l’Inde. Il mène de nombreuses réformes dans le système de taxes et dans l’armée où la cavalerie joue un rôle prédominant. Cela lui permet de poursuivre les guerres contre les Byzantins dans une position plus favorable : il envahit la Syrie, pille Antioche et déporte sa population près de Ctésiphon. Ses armées s’avancent jusqu’aux rives de la mer Noire. Les frontières restent inchangées mais l’ennemi byzantin s’en trouve durablement affaibli. Au sud, l’empire perse renforce son contrôle sur la côte arabique. Sur le front oriental, Khosro Ier profite de l’expansion des Göktürks originaires des monts Altaï, qui marque l’entrée dans l’Histoire des peuples turcs. Il s’allie avec eux contre les Huns et remporte une victoire décisive en 563. Le territoire hephtalite est réparti entre les 2 vainqueurs : la Bactriane revient aux Perses, et les terres plus au nord reviennent aux Turcs. Ces derniers s’allient ensuite avec les Byzantins et deviennent bien vite de nouveaux adversaires.
Dans l’actuel Yémen, le royaume d’Himyar vient de tomber sous la domination des Ethiopiens aidés des Byzantins. Les Perses interviennent à la demande des nobles d’Himyar et s’emparent du pays en 570.
À la mort de Khosro Ier, l’empire perse a retrouvé tout son éclat. Son successeur poursuit les guerres contre les Turcs et les Byzantins, mais sa gestion maladroite des victoires provoque une insurrection de l’armée et il finit assassiné.
Khosro II lui succède en 590 et mène l’empire sassanide à son apogée territorial. Il lutte d’abord contre un usurpateur, puis il destitue le dernier roi arabe des Lakhmides. Il relance alors la guerre contre les Byzantins, très affaiblis : en 616, il s’empare de la Syrie, de la Judée et de l’Egypte. Puis les Perses s’allient aux Avars, un peuple turc qui a migré jusqu’en Europe. Les Perses s’avancent jusqu’à Constantinople sans réussir à s’en emparer. L’empereur byzantin Héraclius s’allie alors aux Khazars, autre peuple turc installé au nord du Caucase, et il mène la contre-attaque. Il remporte la bataille de Ninive qui lui ouvre la route de Ctésiphon. Khosro II, qui s’est fait de nombreux ennemis par ses dérives despotiques, est tué par des nobles. L’empire perse doit renoncer à ses nouvelles conquêtes tandis que celui des Göktürk se désagrège.
Après ça, l’empire perse devient instable, affaibli par une épidémie de peste, puis par les premières attaques des Arabes musulmans et les invasions des Khazars. Les empereurs se succèdent à un rythme rapide et finissent souvent assassinés. Yazdgard III qui s’empare du trône en 632 est le dernier sassanide à régner sur la Perse. Les Arabes musulmans parviennent à s’emparer de la capitale Ctésiphon, puis remportent la bataille de Nehavend en 642 qui leur ouvre le reste de l’empire. Yazgard III doit s’enfuir vers l’est où il finit assassiné. La domination du califat arabe va conduire à diffuser rapidement l’islam dans la région : c’est la fin de l’Iran pré-islamique.
Dans le prochain épisode, on va voir ce qui s’est passé en Inde pendant ce temps-là. Après une période de divisions, celle-ci connaît un nouvel apogée sous l’empire Gupta.
Vincent raconte...
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