Au pied de la chaîne des Pyrénées, à mi-distance de l'Atlantique et de la Méditerranée, l'ancien comté de Comminges témoigne d'un riche patrimoine. Il remonte aux Romains (Montmaurin, Lugdunum Convenarum, Valentine, Chiragan...) et, bien au-delà, à la Préhistoire (Aurignac, Lespugue).
Nous vous proposons ci-après un circuit de 126 km pour découvrir son patrimoine connu et moins connu...
Cette région de collines boisées et de vallons fertiles, adossée aux montagnes et traversée par la haute vallée de la Garonne, a franchi les siècles sans grands heurts, si l'on met à part les dévastations pendant la croisade contre les Albigeois, en 1218. Le comté est rattaché à la couronne capétienne en 1454 et disparaît en 1510. L'évêché de Comminges subsistera quant à lui jusqu'à la Révolution.
Mêlée d'influences aragonaises, catalanes et gascones, elle a joui d'une relative prospérité jusqu'au début du XXe siècle, avant que l'hécatombe de la Grande Guerre et une soudaine chute de la fécondité ne vident les villages de leur jeunesse.
Miraculeusement préservés, ces villages font aujourd'hui les délices des résidents français, anglais, belges ou encore néerlandais.
Les Commingeois se retrouvent dans des moungetades (réunions de village autour d'un plat de haricot - moungetes - et de mouton). Ils ne dédaignent pas non plus les banquets à base de foie gras, de confit à la graisse de canard et de cèpes.
Leur art de vivre, faut-il s'en étonner ? résiste de plus en plus mal aux règlements parisiens, aux directives européennes et au principe de précaution.
Martres-Tolosane se situe à 60 km au sud de Toulouse, sur la route des Pyrénées, près de la Garonne. Bastide circulaire, elle offre un plan en forme de roue : l'église Saint Vidian en est le moyeu et le boulevard, sur l'emplacement des anciennes fortifications, le pourtour. Toutes les ruelles convergent vers l’église.
La présence de kaolin a favorisé la naissance de faïenceries réputées au XVIIIe siècle. À l'époque gallo-romaine, une immense et somptueuse villa s'élève au sud de la ville actuelle au lieu-dit Chiragan. Sans doute la plus grande villa gallo-romaine identifiée à ce jour et l'une des plus luxueuses avec celle de l'empereur Hadrien !
Ce beau village s'étire sur une crête, face aux Pyrénées et au massif forestier d'Aurignac d'un côté, à la vallée de la Louge de l'autre.
Sa vaste place centrale, à l'écart du flux de la circulation, se prête aux rencontres et aux fêtes. Rectangulaire, elle donne sur une église paroissiale à clocher-mur. À droite, la halle où les villageois se rencontrent pour de fréquents banquets.
Alan connaît une relative gloire au XVe siècle, quand les évêques de Comminges, qui résident habituellement à Saint-Bertrand, au pied des Pyrénées, y installent leur villégiature d'hiver.
Plusieurs maisons de la place centrale conservent des vestiges de cette résidence somptueuse. Ne manquez pas à votre gauche, une grille ouvragée. C’est l’entrée de l’ancien palais épiscopal. Poussez la grille. Au bout de l’allée, une tourelle et un porche surmonté de son surprenant tympan en forme de vache dans le style gothique flamboyant.
Aurignac, petit bourg d'un millier d'habitants, s'étire sur un éperon rocheux avec à son sommet une pittoresque église en gothique flamboyant et un château fort dont on peut encore voir l'une des trois enceintes et le donjon.
Ce château fait partie d'un réseau de huit châtellenies bâties par les comtes de Comminges vers 1230-1240 pour maintenir l'ordre et la sécurité dans la région.
Le paysage est superbe et suffirait à la réputation du lieu. Mais ce dernier est aujourd'hui principalement connu du fait de la découverte en 1860 de quelques vestiges de la préhistoire dans un modeste abri au flanc d'une colline par Édouard Lartet.
Ces vestiges (outils à base d'os, sagaies...) ont été étudiés par l'abbé Henri Breuil (1877-1961) l'un des premiers grands spécialistes de la Préhistoire.
À la suite de ces études, l'abbé a désigné sous le nom d'Aurignacien la période qui correspond à l'apparition en Europe de notre ancêtre l'homme de Cro-Magnon (35 000 à 28 000 BP). C'est une période très féconde du Paléolithique comme en témoignent les peintures de la grotte Chauvet-Pont d'Arc, deux fois plus anciennes que celles de Lascaux !
Un beau musée de l'Aurignacien et de la Préhistoire a été inauguré en avril 2015 en lisière du village pour témoigner de cette culture.
Ce village attache aussi son nom à la Préhistoire depuis la découverte à proximité, en 1922, d'une superbe statuette féminine en ivoire de mammouth. Vieille de 24 000 ans, la « Vénus de Lespugue », chef-d'oeuvre du paléolithique (culture du Gravettien ; on dit aussi Périgordien), est aujourd'hui conservée au Musée de l'Homme à Paris. Lespugue nous offre aussi une porte d'entrée sur les gorges de la Save, superbe défilé naturel qui mène à la plaine de Montmaurin.
À notre connaissance, aucune villa gallo-romaine n’est mieux conservée que celle-ci. Située dans une plaine proche du village de Montmaurin, à la sortie des gorges de la Save, elle présente des vestiges en très bon état et nous permet d’imaginer très précisément le mode de vie des riches propriétaires, à la fin de l’empire romain.
Édifiée vers le milieu du 1er siècle de notre ère, elle se serait développée jusqu'aux environs de 350 et aurait été remaniée au cours des 3e et 4e siècles avant qu’une troupe de barbares vienne tout saccager.
Le domaine agricole de l’heureux propriétaire devait couvrir 1500 hectares ! Sur 19 hectares de surface bâtie, les archéologues ont identifié 200 pièces d'un confort plus ou moins marqué. Décorées de marbre ou de mosaïques, leurs fenêtres étaient vitrées et elles bénéficiaient d'un système de chauffage par le sol et de l'eau courante.
Quoi de plus saisissant que l’arrivée à Saint-Bertrand-de-Comminges ? La cathédrale et son très modeste village (300 habitants) se tiennent sur une petite éminence au milieu d'un impressionnant écrin de montagnes, d'où le surnom de « Mont-Saint-Michel des terres » parfois donné au site !
À cet emplacement a été fondé en 72 av. J.-C. une colonie romaine, peuplée de gens de diverses provenances, Lugdunum Convenarum (de ce dernier mot viendrait par déformation phonétique le nom de l'ancien comté et évêché de Comminges).
La cité romaine aurait compté au IIe siècle de notre ère jusqu'à 5 000 à 10 000 habitants ! Les vestiges de ses nombreux monuments (cirque, forum...) dorment encore pour la plupart sous la terre, sur un rayon de plusieurs kilomètres.
Une nouvelle cité renaît au XIe siècle à l'initiative de l'évêque du Comminges Bertrand de l'Isle-Jourdain (1083-1123).
Elle attire bientôt aussi des pèlerins sur le tombeau de l'évêque, qui est canonisé vers 1218 et laisse son nom à la ville.
Beaucoup de pèlerins poursuivent leur route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
La cité médiévale comporte trois espaces : l'enclos cathédral et la ville haute, protégés par un rempart percé de trois portes et dont on distingue encore les vestiges ; enfin le faubourg, à l'extérieur des remparts et de la cité proprement dite (rappelons que le mot ne signifie rien d'autre que « faux bourg »).
La cathédrale Sainte-Marie, avec son clocher-tour roman, assimilable à un donjon, rappelle qu'elle eut elle-même un rôle militaire et défensif.
La capitale actuelle du Comminges porte le nom d'un obscur martyr du haut Moyen Âge.
On peut visiter la collégiale, splendide église romane du XIe siècle transformée en collège de chanoines par les bons soins de l'évêque Bertrand de l'Isle-Jourdain.
Son cloître, remarquablement réhabilité, comporte un magnifique ensemble de chapiteaux romans.
Ces chapiteaux historiés racontent des épisodes de l'Ancien et du NouveauTestament.
Terminez le circuit par l'ancienne abbaye cistercienne de Bonnefont, qui sommeille au milieu des bois. Au Moyen Âge, les comtes du Comminges s'y faisaient enterrer. Dépecée au XIXe siècle, elle est aujourd'hui en voie de restauration...
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible