Le 8 mars 1702, le roi d'Angleterre Guillaume III meurt inopinément d'une chute de cheval. Petit-fils par sa mère du roi Charles Ier, il est aussi le gendre de l'ancien roi Jacques II Stuart dont il a épousé la fille Marie. Faute d'héritier direct, il laisse la couronne à sa belle-soeur Anne.
Âgée de 37 ans à son avènement, Anne est la seconde fille de Jacques II Stuart et d'Anne Hyde, sa première épouse.
Prévenir les conflits de succession
Mariée en 1683 au prince Georges de Danemark, Anne en a eu... 17 enfants, tous morts en bas âge ! Le dernier étant décédé en 1700, il est dès lors devenu probable qu'elle n'en aura pas d'autres.
Aussi les parlementaires ont-ils soin de prévenir tout conflit de succession, sans attendre la mort du roi Guillaume III. Ils votent une loi de succession (Act of Settlement) qui prévoit que la couronne passerait après Anne à sa lointaine cousine l'Électrice Sophie de Hanovre et à ses descendants pourvu qu'ils fussent protestants.
Anne elle-même a l'avantage immense d'avoir été élevée dans la religion anglicane, contre l'avis de son père, farouchement catholique. Cela lui vaut d'être bien acceptée par ses sujets anglais.
La reine Anne prend à coeur sa tâche de souveraine tout en s'efforçant d'attribuer à son mari des fonctions à la mesure de son rang.
Malbrough s'en-va-t'en-guerre...
Consciente de ses devoirs, la reine va défendre avec ardeur l'anglicanisme, en prenant appui au Parlement sur le parti whig.
Elle s'entiche aussi avec passion d'une amie de jeunesse, Sarah Jennings, dont elle va assurer la fortune. Cette Sarah Jennings est l'épouse d'un intrigant, un certain John Churchill, qui doit à la faveur de Guillaume III le titre de comte et à celle d'Anne celui de duc de Marlborough.
Il va révéler ses grandes qualités de stratège pendant la guerre de la Succession d'Espagne (que les Anglais appellent « Queen Anne's War »).
Ainsi remporte-t-il en Bavière la victoire de Höchstädt ou Blenheim le 13 août 1704, ce qui lui vaut de recevoir un cadeau substantiel de la reine, grâce auquel il va ériger une somptueuse résidence près d'Oxford. Elle sera baptisée Blenheim et qualifiée de palais, un privilège normalement réservé aux résidences royales.
Mais si grands soient-ils, les talents militaires de John Churchill seront dépassés ceux de son plus illustre descendant, Winston !... Les Français, pour leur part, l'immortaliseront dans une comptine à sa gloire : Malbrough s'en-va-t-en guerre.
Un bilan honorable
C'est sous le règne d'Anne Stuart que, le 1er mai 1707, les élites anglaises et écossaises vont s'accorder après un siècle d'atermoiements sur l'union de l'Angleterre et de l'Écosse sous le nom de Royaume-Uni de Grande-Bretagne (United Kingdom of Great-Britain).
En 1711, Anne, sur un caprice, lâche Sarah et par voie de conséquence le duc de Marlborough. Elle s'entiche de la propre cousine de Sarah Jennings, Abigail Hill (qui deviendra Lady Masham).
Dans le même temps, le Parlement dominé par les whigs s'épuise à tenter d'abattre le roi de France Louis XIV. La guerre traîne en longueur et l'opinion publique se lasse. «Après dix ans d'une guerre triomphale, nous dire qu'il est impossible d'obtenir une bonne paix semble surprenant» écrit le pamphlétaire Jonathan Swift, plus connu pour les aventures de Gulliver.
Du coup, les tories, conduits par le vicomte de Bolingbroke Henri de Saint-John, accèdent au pouvoir.
Ils concluent le règne d'Anne par le traité d'Utrecht qui met fin à la guerre de la Succession d'Espagne et assure à l'Angleterre une position prépondérante en Europe et aux Amériques.
Pour faire voter le traité par la Chambre des Lords, qui conserve une majorité whig, la reine Anne commet un précédent qui a l'allure d'un coup d'État : elle crée douze nouveaux lords, évidemment tories et favorables au traité.
À sa mort, le 12 août 1714 (1er août selon le calendrier julien encore en vigueur en Angleterre), Anne lègue le trône au fils de Sophie de Hanovre, qui lui succède sous le nom de Georges Ier.
Indifférent aux affaires anglaises et ne parlant pas anglais, le roi laissera les ministres diriger le pays sous la seule surveillance du Parlement, ce qui aura pour effet de consolider la démocratie parlementaire.
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Voir les 4 commentaires sur cet article
kiko (12-03-2018 16:51:04)
et il y aura le catastrophique Traité de Paris en 1763 qui ne laissera à la France, de son empire "colonial" américain, que St Pierre et Miquelon .C'est pourquoi Louis XVI et Lafayette iront volont... Lire la suite
Lizzie Werner (11-03-2018 10:29:46)
Anne eut pourtant un fils qui mourut à l’âge de 11 ans, en 1700.
Huber (11-03-2016 15:43:49)
Bien bien