Le 10 février 1755 meurt à Paris Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu. On peut le considérer comme le fondateur des sciences politiques modernes.
L'illustre écrivain est né 66 ans plus tôt, le 18 janvier 1689, au château de La Brède, non loin de Bordeaux.
Étudiant brillant, il hérite à 27 ans d'une charge de président au Parlement de Bordeaux. Il se signale très tôt à l'attention du public cultivé par un petit ouvrage: les Lettres persanes (1721). Il s'agit d'une critique spirituelle de la société française sous la Régence du duc d'Orléans.
Académicien et auteur à succès, il fait le tour de l'Europe avant de se retirer dans sa belle demeure de la Brède pour écrire, ou plutôt dicter, son chef-d'oeuvre, L'Esprit des Lois (1748).
Dans cet ouvrage d'observation et de réflexion, il recommande de confier les pouvoirs législatif (la rédaction des lois), exécutif (l'exécution des lois) et judiciaire à des organes distincts les uns des autres.
– Il propose de confier le pouvoir judiciaire à des juges renouvelés à chaque procès.
– S'inspirant du modèle anglais et du philosophe John Locke, il propose par ailleurs de diviser le pouvoir législatif entre deux assemblées :
– une assemblée tirée des corps du peuple qui crée la loi (chambre « basse », chambre des députés ou Communes),
– une assemblée de nobles héréditaires qui corrige la loi (Sénat, chambre « haute » ou chambre des Lords à la manière anglaise).
Ces principes de distribution des pouvoirs sont à l'origine de nos constitutions politiques. Mais leur inventeur doutait qu'ils puissent fonctionner dans de très grands États, comme c'est pourtant le cas aujourd'hui.
Montesquieu, écrivain à l'esprit fin et souvent caustique, est aussi, de façon paradoxale, un aristocrate tourné vers le passé. Il confesse une admiration sans bornes pour la Rome antique et la tient pour un modèle politique indépassable dans ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734).
Il emprunte au grec Hippocrate et au latin Tacite la « théorie des climats » pour expliquer de façon « rationnelle » les différences entre les sociétés humaines, un point de vue déterministe qui a perdu beaucoup de sa pertinence...
Grands historiens
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PHD52 (12-04-2022 08:10:28)
« Cela ne vaut pas en matière de commerce entre nations... »
Ça, c'est un préjugé !
BOYER (19-01-2019 09:46:04)
Le livre de Maurice JOLY, "Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu" mériterait d'être cité dans votre article.
marc-aurel (10-02-2016 11:09:23)
Franchement, le passage sur les "vertus" des pays froids et les "vices" des pays chauds me laisse perplexe mais je n'arrive pas à le rejeter...