L'aventurier Henry Stanley représente la face la plus sombre de la colonisation de l'Afrique. Immoral et dépourvu d'humanité, il a gagné la confiance de ses commanditaires, au premier rang desquels le roi des Belges Léopold II, grâce à ses talents de journaliste et de bonimenteur.
À la rencontre de Livingstone
Fils illégitime d'une servante de ferme du Pays de Galles, John Rowlands s'embarque à 14 ans comme mousse pour l'Amérique. Il est adopté par un commerçant de la Nouvelle-Orléans dont il prend le nom et, pendant la guerre de Sécession, mène aux États-Unis une vie errante.
Il devient journaliste et au cours d'un reportage en Abyssinie (ancien nom de l'Éthiopie), assiste en 1868 à une victoire des Anglais sur le roi local. Il en informe son journal avant tous ses confrères après avoir soudoyé le télégraphiste de Suez.
Ce succès lui vaut d'être embauché par le New York Herald Tribune. Le journal l'envoie peu après sur les traces du pasteur et missionnaire écossais David Livingstone, dont on a perdu la trace en Afrique depuis plusieurs années.
Parti de Zanzibar, sur la côte de l'océan Indien, Stanley retrouve Livingstone après une marche de 3500 km et 411 jours ! L'aventurier sans scrupules est bouleversé par la rencontre du pieux missionnaire.
Avec lui, il explore pendant cinq mois les rives du lac Tanganyika avant de regagner Londres et d'y cueillir la récompense de son succès. Livingstone, quant à lui, reste en Afrique où il ne tarde pas à mourir d'épuisement.
Violences tropicales
Stanley, gagné par le virus de l'exploration, repart le 17 novembre 1874 de Zanzibar pour l'embouchure du Congo avec une impressionnante caravane de 350 hommes, dont trois Européens seulement, ainsi qu'un bateau en pièces détachées, le Lady Alice (nom d'une éphémère fiancée de 17 ans qui n'attendra pas le retour de l'explorateur pour se marier avec un paisible industriel).
L'expédition atteint le royaume du Bouganda (Ouganda actuel), sur les rives du lac Victoria, le plus grand lac d'Afrique, non sans devoir affronter les populations locales.
Le Lady Alice est remonté et remis à l'eau sur le lac, dont il fait le tour. Puis l'expédition repart à pied vers le lac Tanganyika, plus au Sud, déjà entraperçu par l'explorateur Richard Burton. Stanley en fait le tour avec son bateau puis atteint le cours supérieur du Congo. Le grand fleuve d'Afrique équatoriale forme une immense boucle en fer à cheval entrecoupée de dangereux rapides avant de se jeter dans l'océan Atlantique.
C'est à bout de forces que Stanley arrive trois ans plus tard au pied des chutes gigantesques qui barrent l'embouchure du fleuve Congo. Il ne lui reste plus que 114 hommes et il est le seul Européen survivant. Mais il a accumulé d'innombrables informations sur les fleuves et les lacs africains et démontré en particulier l'absence de relation entre le Nil, grand fleuve du nord du continent, et les fleuves du sud.
Conquête du Congo
Dans un article publié par le Daily Telegraph en novembre 1877, Stanley adjure son gouvernement d'occuper le bassin du Congo qu'il vient lui-même d'explorer. Mais Londres dédaigne l'offre.
Qu'à cela ne tienne, le roi des Belges Léopold II, qui vient de créer une «Association internationale pour l'exploration et la civilisation de l'Afrique centrale», financée sur sa cassette personnelle, reçoit l'aventurier le 10 juin 1878 à Bruxelles.
Séduit par son bagout, peu regardant sur ses méthodes, il lui confie la mission d'explorer le bassin du Congo et de construire une voie ferrée de façon à franchir les chutes qui barrent l'embouchure du fleuve (le Stanley Pool) et permettre l'exploitation commerciale des ressources naturelles de la région.
Assisté de plusieurs mercenaires européens et de supplétifs africains, Stanley remonte cette fois le fleuve Congo depuis son embouchure. N'hésitant pas à faire usage de ses armes, il obtient la soumission des chefs locaux...
Massacres et pillages sont à inscrire au passif de l'explorateur, lequel ne se prive pas de tirer les Noirs comme des lapins, à moins que, homosexuel refoulé, il ne s'en serve comme jouets sexuels.
Mais il renonce à s'emparer de la rive droite du Congo revendiquée au nom de la France par Savorgnan de Brazza et défendue avec détermination par Malamine, un sergent sénégalais au service de ce dernier.
Avant de prendre sa retraite, Stanley part encore au secours d'Emin Pacha, un aventurier allemand converti à l'islam et parti explorer la région des lacs africains.
Rentré à Londres, Stanley reprend la nationalité britannique. Homosexuel, il se marie sur le tard sans d'ailleurs réussir à honorer sa malheureuse épouse. Il est élu à la Chambre des Communes et anobli.
La France et l'Afrique
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Voir les 5 commentaires sur cet article
Bruno Kreusch (26-01-2022 11:49:18)
Extrait du petit lexique bleu blanc rouge :
HM Stanley : Ignoble individu
S de Brazza : Ange radieux
pmlg (13-06-2020 10:02:35)
@ Sarba Khan (21-09-2013 22:16:55) Je comprends bien vos interrogations. J'en partage le sentiment. Nous sommes sur un site qui sans être parfait est vraiment un site qui veut parler d'histoire mais... Lire la suite
JP Saels (15-04-2017 12:58:26)
Bonjour à tous, C'est vrai, sans que je cherche à l'affirmer ou le nier. Mais, il faut se remettre dans le contexte de l'époque. (Conquête de l Ouest, croissance démographique, etc ...). ... Lire la suite