Ce film d'aventures franco-allemand est inspiré, d'après son réalisateur Arnaud de Pallières, par une nouvelle de Heinrich von Kleist, un écrivain allemand qui s'est suicidé à 34 ans, en 1811...
Michael Kohlhaas débute dans le paysage sauvage, désertique et venté des Cévennes. On reconnaît ses maisons en pierres plus ou moins abandonnées et quelques fortifications héritées du Moyen Âge.
Le scénario, totalement fictif, tient en quelques mots : un marchand de chevaux ne supporte pas l'injustice d'un baron local ; il lève une petite armée de paysans et de vagabonds et met ses terres à feu et à sang. La suzeraine du baron, regrettant de n'avoir pas été informée de la malveillance de son vassal, promet au marchand de lui rendre justice...
Le rôle du marchand est joué par l'acteur danois Mads Mikkelsen (ce qui explique son accent nordique). Nous avions beaucoup apprécié son talent dans Royal Affair (2012), un très remarquable film relatif à l'époque des Lumières (XVIIIe siècle), fidèle en tous points à l'Histoire.
Intemporel
Avec Michael Kohlhaas, rien de tel. Le film est distrayant, quoiqu'un peu long (deux heures), avec une succession de combats et de galopades dans la brume cévenole. L'acteur Mads Mikkelsen témoigne d'une très forte présence mais tout cela ne suffit pas à donner du sens à un récit hors du temps et de l'Histoire.
Les costumes s'apparentent à la mode de la Renaissance et la suzeraine est présentée comme la soeur du roi François 1er, Marguerite de Navarre (morte en 1549). Et de façon inattendue, on voit le prédicateur Martin Luther faire la morale à Michael Kohlhaas.
Ces détails mis à part, rien ne rappelle l'atmosphère, les moeurs et les mentalités du XVIe siècle.
On comprend mal que des paysans aient pu rejoindre le marchand de chevaux dans sa lutte personnelle contre le baron félon et leur révolte n'a rien qui ressemble aux jacqueries et aux révoltes fiscales de la fin du Moyen Âge et du XVIe siècle.
La religion est singulièrement réduite à l'abstraction (pas de croix ni d'ornements dans l'abbatiale…) avec des formulations générales qui pouraient aussi bien s'appliquer au bouddhisme ou au judaïsme. Relevons un singulier contresens : le héros demande à Luther de le confesser en oubliant que le prédicateur a aboli la confession !
Par charité, nous éviterons un recensement fastidieux de toutes les incongruités historiques du film. Admettons qu'en adaptant les costumes et en remplaçant les chevaux par des tractions avant ou des vaisseaux spatiaux, on aurait aussi bien pu transposer le scénario dans l'Amérique des trusts ou la guerre des étoiles.
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