Pirates et corsaires

Pirates de la mer de Chine (3/4)

En Extrême-Orient comme en Occident, le développement des échanges par voie maritime  entraîna un spectaculaire regain de la piraterie aux XIVe-XVIIe siècles. C’est au point que les autorités chinoises durent mobiliser de grandes flottes pour en venir à bout...

Bataille navale entre les pirates wakô et les Chinois, Anonyme, XVIIe siècle, Amsterdam, Rijksmuseum.

Apparition des wakô

Appelés wakô, les pirates japonais et chinois sèment la terreur sur les littoraux de la mer de Chine et dans l'intérieur des terres, entre le XIVe et le XVIe siècle.

Une attaque de wakô, XVIe siècle.Les premiers wakô, sous la dynastie Ming, sont des bandes de paysans et de pêcheurs qui pillent les greniers de riz sur les côtes coréennes et enlèvent les populations pour les réduire en esclavage. Ils mènent aussi des raids à cheval dans l’intérieur des terres.

Puis, une nouvelle piraterie se développe au XVIe siècle qui, cette fois, vise les côtes chinoises. Elle profite de ce qu’en 1523, suite à l’anarchie régnant au Japon, le commerceentre le continent et l’archipel fut sévèrement réglementé.

Les wakô développèrent en conséquence un commerce de contrebande.

Général Ch'i Chi-Kuang. Agrandissement : Buste de Ch'i Chi-Kuang à Fuzhou, province du Fujian.Cette contrebande culmina dans les années 1550 quand un chef  nommé Wang Zhi s'illustra dans la contrebande du soufre, une matière première destiné à la fabrication des explosifs.

Les activités des wakô s’étendirent dans toute la mer de Chine jusque dans la péninsule malaise. Des marins portugais en rupture de ban les auraient même rejoints !

Les wakô disparurent enfin lorsqu’un pouvoir fort se reconstitua au Japon au début du XVIIe siècle.

Le pirate Limahong face aux conquistadors

À la fin du XVIe siècle apparut le plus grand pirate de la mer de Chine, Limahong ou Lim Hong. Il commit d'abord des raids contre les ports du Guangdong et du Fujian avec deux mille hommes et 95 navires puis prit pied sur la grande île de Luçon, dans l’archipel des Philippines, où s’étaient déjà installés les Espagnols

Il en fut chassé par le conquistador Juan de Salcedo avant de revenir à la charge et de tenter de s'emparer de la capitale Manille. Mais il échoua une nouvelle fois et dès lors se fit oublier.

Zheng Zhilong Yguan, illustration du XVIIe siècle.

Zheng Zhilong et son fils Koxinga

Au siècle suivant, le pirate Zheng Zhilongconnut son heure de gloire quand la dynastie chinoise des Ming, qu'il avait servie avec diligence, fut chassée par les Mandchous en 1644.

Portrait anonyme daté du vivant de Koxinga, XVIIe siècle,Taipei, musée national du palais. Agrandissement : Koxinga (vêtu d'une robe bleue), peinture sur soie, XVIIe siècle, Pékin, musée national de Chine.S’ouvrit une période de crise durant laquelle la piraterie se développa à nouveau dans la mer de Chine. Zheng Zhilong entra en guerre contre le nouvel empereur mais fut capturé et tué en 1646.

Son fils Koxinga reprit le combat . Il échoua à prendre Nankin, la capitale des Mandchous, et décida de se rabattre vers l’île de Formose (Taiwan) que les Hollandais occupaient depuis une quarantaine d’années.

Le 30 avril 1661, il débarqua sur l'île et en chassa les Hollandais. Formose fut reprise en 1691 par l’empereur Kangxi.

Le lieutenant Turner et l'équipage du navire Tay faits prisonniers par les pirates Ladrones wakô, Anonyme, vers 1800.

Le renouveau de la piraterie chinoise à la fin du XVIIIe siècle

À la fin du XVIIIe siècle, des pirates vietnamiens et chinois mettent à profit une guerre civile  au Vietnam pour piller les côtes du Zhejiang, du Fujian et du Guangdong. Ils constituent une « Confédération » avec 40 000 hommes et de 600 navires divisée en six flottes.

Leurs activités consistent à piller les villages du littoral chinois et attaquer les navires marchands de toutes nationalités qui voyagent entre la Chine et la Malaisie des marchandises de luxe telles que de la soie, des épices, mais aussi des cargaisons d’or et d’argent.

Menacé, le pouvoir chinois en vient à proposer au chef des pirates Zheng Yi un poste élevé au sein de la marine impériale. Mais à la mort de Zheng Yi, en 1807, sa femme Zheng Yi Sao (plus connue sous le nom de Ching Shih) reprend la piraterie avec plus de 300 jonques et vingt à quarante mille hommes.

En 1810 enfin, la Chine obtient la reddition des flottes de la Confédération en offrant l’amnistie aux pirates. 


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Publié ou mis à jour le : 2023-03-27 18:33:45

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