Le dictionnaire de l'Histoire

Palestine

« La dénomination Palestine apparaît pour la première fois dans la littérature gréco-latine, chez Hérodote. Par la suite, c'est l'expression Syrie palestinienne qui est le plus souvent employée pour désigner la plaine côtière jadis habitée par les Philistins, à l'exclusion, en général, de la Judée, c'est-à-dire de l'intérieur, le pays de Juda, » écrit l'historien Bernard Lewis (L'Histoire, novembre 1984).

Cette dénomination dérive d'une expression ancienne désignant le « Pays des Philistins », autour de Gaza. Les Philistins étaient l'un des mystérieux « Peuples de la mer » qu'évoquent les chroniques égyptiennes. Il s'agit de populations indo-européennes qui auraient envahi aux XIIIe et XIIe siècles av. J.-C. le littoral de la Méditerranée orientale. Très fertile et d'une exceptionnelle densité humaine (on lui attribue trois millions d'habitants au début de notre ère), cette région guère plus grande que la Bretagne a régulièrement attiré les envahisseurs...

Peu après les Philistins, les Hébreux, des nomades originaires de Mésopotamie, envahissent à leur tour cette Terre Promise. Leur livre saint, la Bible, la désigne sous le nom de « Pays de Canaan », Canaan étant l'un de ses anciens peuples. Les affrontements ne vont, semble-t-il, jamais cesser entre les nouveaux-venus et les Philistins et autres occupants.

Constitués de douze tribus selon la Bible, les Hébreux étaient unis par leur foi commune en un Dieu unique et le célébraient dans le Temple de Jérusalem, au coeur des montagnes de Judée, d'où le nom de juifs qui leur sera plus tard donné. Eux-mêmes étaient divisés en deux royaumes rivaux, le royaume de Juda (capitale : Jérusalem) et le royaume d'Israël (capitale : Samarie).

Brièvement conquis par Nabuchodonor (VIe siècle av. J.-C.) puis occupé par Alexandre le Grand (IIIe siècle av. J.-C.), enfin par les Romains (Ier siècle av. J.-C.), l'État juif a cessé d'exister à la suite d'une deuxième guerre juive (133-135 après J.-C.), au temps de l'empereur Hadrien. Celui-ci a fait en sorte alors d'effacer à tout jamais l'identité juive en chassant les pratiquants du culte israélite, en détruisant le Temple et en effaçant même le nom de Jérusalem, devenue Colonia Ælia Capitolina.

Les Romains poussèrent le cynisme jusqu'à rebaptiser leur province de Judée du nom de ses premiers habitants, les Philistins, ennemis jurés des juifs. De là le nom officiel de « Palestine » donné dès lors à la région.

Soumise plus tard aux Arabes, aux Mamelouks, aux Turcs ottomans et, après la Grande Guerre, aux Britanniques, la Palestine n'a jamais été qu'une province de second rang dans de grands empires, sauf pendant le bref épisode des croisades. Elle n'a jamais constitué un État ou une nation.

Émergence de l'entité géopolitique de Palestine

Le nom même de Palestine disparaît après les croisades et ne sera repris qu'après la Première Guerre mondiale. Les deux rives du Jourdain ayant été occupées par les Britanniques, ceux-ci reçoivent en 1920 un mandat sur la région, laquelle retrouve alors le nom de Palestine.

En 1923, ils détachent de la Palestine sa partie orientale, à l'Est du Jourdain, et en font un « émirat hachémite de Transjordanie » qu'ils offrent à leur protégé Abdallah ben Hussein, fils du chérif de La Mecque. C'est aujourd'hui le royaume de Jordanie (NB : sans cette scission de pure forme, le partage de la Palestine par l'ONU en 1947 eut inclus dans la dotation palestinienne les vastes étendues de la Transjordanie et peut-être cela eut-il facilité le règlement de la question palestinienne).

Au XIXe siècle arrivent d'Europe des militants sionistes qui s'appliquent à défricher et mettre en valeur la plaine littorale, à l'origine constituée de landes marécageuses et très peu peuplée.

Les montagnes de Judée et Samarie restent quant à elles très majoritairement peuplées d'Arabes musulmans et en partie chrétiens ainsi que d'une petite communauté juive dont les ancêtres ont pu éviter la diaspora. Ces Arabes ne diffèrent en rien de leurs voisins et l'on peut dire d'un Arabe de Jérusalem qu'il est moins dépaysé à Damas ou Amman qu'un Breton à Marseille ou Strasbourg. Cela est évidemment encore plus vrai pour les Arabes de Jordanie ou de Syrie venus travailler dans les fermes et les usines créées par les colons sionistes sur le littoral...

Tout change en 1948, quand l'ONU tente de partager la Palestine entre les Arabes et les colons juifs.

Ces derniers fondent l'État d'Israël cependant que les Arabes palestiniens choisissent soit de cohabiter avec les juifs au sein de leur État faute de mieux, soit de s'enfuir, soit de résister dans les territoires échappant à la tutelle d'Israël, dans les montagnes de Cisjordanie (Judée-Samarie) et dans la bande de Gaza, sur le littoral méditerranéen. 

Cette fuite de plusieurs centaines de milliers d'Arabes est aujourd'hui qualifiée de Nakba (« catastrophe » en arabe) dans le souci d'établir une équivalence entre le sort des Juifs, marqué par la Shoah, et celui des anciens habitants de la Palestine.

Voir : L'imbroglio palestinien

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