Des archéologues du Schleswig-Holstein ont découvert dans le Jutland l'unique porte qui permettait de franchir le danevirk, ou danewerk, une palissade par laquelle les Vikings du roi Godfrid se protégeaient des soldats de Charlemagne.
C'est une découverte archéologique qui met en émoi les historiens du monde scandinave et germanique : des chercheurs allemands du Land de Schleswig-Holstein ont annoncé avoir découvert l'unique porte qui permettait de traverser le danevirk, ou danewerk.
Ce mur, érigé au début du IXe siècle, protégeait les Danois des attaques franques et slaves, en coupant la péninsule du Jutland à travers le Schleswig (région danoise jusqu'en 1864, aujourd'hui allemande).
À l'inverse de la Grande Muraille de Chine, du limes romain, ou du mur construit en Angleterre par le roi Offa de Mercie (757-796) contre les Gallois, c'est ici le peuple considéré comme «barbare» qui se défend contre le «civilisé».
Sous la conduite de Charlemagne, les Francs mènent en effet depuis la fin du VIIIe siècle une vigoureuse politique d'expansion vers le nord et l'est de la Germanie. La difficile annexion de la Saxe, réalisée entre 772 et 804, place les hommes de Charlemagne au contact des Danois, autrement dit des Vikings, si redoutés par ailleurs.
Pour se défendre, leur roi Godfrid entame en 808 la construction de cette structure de terre. Il renforce en réalité ce qui était auparavant une palissade, que la dendrochronologie (étude des végétaux) permet de dater entre le milieu du VIIe siècle et celui du VIIIe.
La réalisation de tels monuments impressionne d'autant plus qu'elle implique un fort pouvoir de contrainte sur des hommes nombreux, donc une précoce structuration du royaume, par opposition à la Suède ou à la Norvège.
Reste qu'en l'état actuel, le danevirk, à peine discernable dans l'humus, a peu de chance d'attirer les foules.
Le danevirk est constitué d'une palissade renforcée, en bois, derrière laquelle se trouve un rempart de terre de 2m de haut environ pour 7 de large, et un fossé. On pense qu'il ne disposait que d'une porte pour le traverser, que les archéologues viennent donc de découvrir. Large de 11m, haute d'au moins 3,50m, elle permettait de laisser passer les chars tirés par des bœufs pour commercer en direction du sud.
Sa localisation, à proximité du grand marché d'Haithabu, plaque tournante du commerce dans tout le nord de l'Europe, rappelle en effet que les Vikings étaient aussi des commerçants, en contact, entre autres, avec Byzance, d'où ils importaient des objets de grand prix.
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