Les historiens Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory s'insurgent contre la décision de la ministre de la Culture de réimprimer le livre des commémorations nationales 2018 en enlevant la page consacrée au polémiste Charles Maurras dont c'est le 150e anniversaire. On ne saurait selon eux confondre une commémoration -sans connotation partisane - avec une « célébration »...
Relevons aussi la chronique de Michel Guerrin dans Le Monde du 3 février 2018 : « Rayer Maurras, c'est refuser de voir l'influence énorme qu'il a eue sur les esprits au-delà de l'Action française et donc s'interdire de comprendre la société des années 1920-1940. C'est prendre en otage l'histoire au nom des enjeux actuels. C'est refuser d'affronter le passé antisémite du pays et ses connivences avec l'occupant nazi. C'est laisser la place aux fantasmes, notamment sur Internet, autour d'un réprouvé. Outre que son revirement fait désordre, Mme Nyssen, bien de son époque, cède à une panique morale des élites, qui entendent trier dans notre histoire les bons, à glorifier, et les méchants, à mettre sous le tapis. C'est juste un peu plus compliqué ».
De fait, la censure relative à Maurras relève d'une méconnaissance profonde de l'Histoire et de la nature humaine. Il n'y a personne en effet à qui on ne puisse reprocher un jour ou l'autre un méfait, un choix malencontreux ou une mauvaise pensée. Si nous ne devons honorer que les personnes sans tâche - au regard de notre morale ici et maintenant -, débaptisons sans attendre les rues et les collèges. Un exemple entre autres : colonialiste, antisémite, guillotineur et massacreur, il s'agit du François Mitterrand d'avant 1958.
L'utilité de l'Histoire n'est pas de réinventer le passé mais de comprendre à la lumière de celui-ci pourquoi des hommes de bonne volonté peuvent être amenés à faire des choix qui apparaîtront comme plus tard comme répréhensibles...
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