Le Mexique et l'Amérique centrale constituent les principaux foyers de civilisation de l'Amérique précolombienne avec le Pérou.
Les Olmèques, Toltèques, Chichimèques, Mayas et autres Aztèques... Ces noms aux sonorités métalliques sont autant de jalons sur le cours de l'histoire du Mexique.
Bien que ces civilisations, perméables les unes aux autres, restent assez mystérieuses, toutes ont laissé des témoignages artistiques remarquables et des vestiges imposants, encore visibles au Mexique comme au Guatemala, en particulier des temples érigés au sommet de pyramides à escaliers.
Les monuments et les très rares manuscrits arrivés jusqu'à nous témoignent d'une écriture évoluée, d'un système de datation très performant et d'excellentes connaissances mathématiques.
Mais on note aussi que ces peuples d'Amérique centrale ignoraient la métallurgie du fer, la monnaie, la domestication des animaux et l'usage de la roue. Ils fabriquaient leurs outils et leurs armes à partir de silex (comme les hommes préhistoriques ou encore les anciens Égyptiens). Ils utilisaient également une autre pierre dure, l'obsidienne.
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Sur le golfe du Mexique s'est développée au 1er millénaire av. J.-C. la civilisation olmèque. Sur le modèle des cités olmèques est née près de l'actuelle Mexico, au coeur du Mexique, la grande cité de Teotihuacan, laquelle a rayonné sur le pays jusqu'en l'an 750 de notre ère.
Les Olmèques ont surtout inspiré la civilisation maya et ses nombreuses cités-États, lesquelles se sont épanouies successivement au Guatemala puis dans la péninsule du Yucatàn pendant près de deux millénaires. Victimes de guerres intestines et sans doute aussi de l'épuisement des sols, elles ont péri de leur propre fait peu après l'arrivée de Christophe Colomb.
Au XVe siècle, les Aztèques ont établi une domination impériale et brutale sur un vaste territoire qui s'étend jusqu'au Guatemala actuel. Ceux-là ont péri du fait de la conquête par l'Espagnol Hernan Cortès.
Le maïs à l'origine des civilisations mésoaméricaines
La présence humaine est attestée dans la vallée de Mexico depuis au moins 20 000 ans avant notre ère. Mais c'est vers 4 000 av. J.-C. que germent les premiers éléments de la civilisation, avec un début de sédentarisation et surtout la culture du maïs. Cette céréale généreuse est à l'origine de toutes les civilisations mésoaméricaines.
Elle va permettre de nourrir de grandes cités de plusieurs dizaines de milliers d'habitants avec, en leur centre, les monuments de pierre et les résidences de la caste dominante : clergé, nobles et souverain (un « downtown » comme on en voit dans les États-Unis actuels) et, en périphérie, les innombrables cahutes des paysans.
Ignorant la métallurgie du fer et la charrue, les agriculteurs précolombiens n'ont d'autre choix que la culture sur brûlis : ils brûlent une parcelle de forêt, attendent que les cendres mêlées à l'eau de pluie aient un peu enrichi le sol puis enfouissent le maïs dans la terre, grain à grain, avec un simple plantoir.
Dans les régions tropicales, les agriculteurs arrivent à faire deux récoltes par an mais c'est au prix d'un rapide épuisement des sols. Les rendements ne tardent pas à décliner faute de jachère suffisante.
Pour nourrir une population croissante, les agriculteurs sont alors obligés de défricher des parcelles de plus en plus éloignées de leur cité. Mais ils en sont rapidement empêchés car ils ne disposent pas d'animaux de trait et, s'ils connaissent le principe de la roue, ils n'ont pas de métal ou de bois assez solide pour fabriquer des essieux de chariots.
Il vient donc un moment où la survie de la population passe par l'abandon de la cité et l'émigration vers un territoire encore vierge. Ce moment fatal peut être précipité par la déforestation, laquelle rend plus dramatiques les sécheresses épisodiques. Il peut s'accompagner aussi d'une flambée des tensions à l'intérieur de la cité ainsi que de jacqueries (révoltes paysannes), pour cause de disette.
Comme on le verra avec les Mayas, ces différents phénomènes, bien analysés par l'agronome Pierre Gourou, ont concouru à plusieurs vagues d'émigration, avec abandon des anciennes cités et création de nouvelles à quelques dizaines ou quelques centaines de kilomètres de distance.
En marge du maïs, base de l'alimentation mésoaméricaine, notons un autre nutriment qui nous est devenu au moins aussi cher : le cacao ! Les peuples de la région tirent des fèves du cacaoyer une boisson épaisse, parfois pimentée, destinée à un usage rare et sacré : c'est la boisson des prêtres et des dieux ; c'est aussi un cadeau de grand prix.
Ainsi Christophe Colomb se voit-il offrir des fèves de cacao par des piroguiers mayas, lors de son troisième et dernier voyage qui l'a mené en août 1502 sur les côtes du Yucatàn. Quoi de plus justifié, diront les vrais amateurs de vrai chocolat, même si leur boisson favorite a peu à voir avec le jus amer qui faisait le régal des Mayas...
Vers 1 000 av. J.-C. apparaît autour de Veracruz et Tabasco, sur le golfe du Mexique, la première civilisation mésoaméricaine (d'Amérique centrale), celle des Olmèques.
Les Olmèques bâtissent les premières villes du continent américain, avec leurs temples en pierre et leurs places de marché. En l'absence d'animaux domestiques, ils ont uniquement recours à la force humaine. On suppose que sont requis pour les travaux de construction les paysans en morte saison (entre les semis et les récoltes).
Pour des raisons essentiellement religieuses, les Olmèques étudient avec soin les cycles des jours et créent de premiers calendriers. Ils se montrent habiles mathématiciens et ébauchent une écriture à base d'idéogrammes (comme les hiéroglyphes égyptiens).
Ils lèguent enfin à l'humanité de grandes statues monolithiques caractérisées par les joues grasses et les bouches aux grosses lèvres et aux expressions dédaigneuses des personnages. Ils disparaissent vers 500 av. J.-C., peut-être à la suite d'agressions extérieures.
Relativement mal connus, les Totonaques succèdent aux Olmèques et dominent la région du golfe du Mexique jusqu'au XIIe siècle de notre ère. Parallèlement, les Zapotèques s'installent dans l'isthme de Tehuantepec, une zone riche en or, en jade et en cochenille, utile pour obtenir une teinture rouge. On connaît aujourd'hui leurs urnes funéraires aux formes anthropomorphiques.
Établis sur l'océan Pacifique, les Mixtèques (les habitants du « pays des nuages ») ne sont pas aussi bons architectes qu'eux mais sont en revanche de bons archivistes : dans des manuscrits pictographiques, ils retracent soigneusement les lignées de leurs rois du VII au XIIe siècle de notre ère. C'est également un peuple de guerriers. Les Zapotèques l'apprennent à leurs dépens, quand les Mixtèques envahissent leur territoire et s'approprient leur ville sainte. Dans la nécropole zapotèque, ils installent sans vergogne leurs propres morts, richement parés d'or et des pierres précieuses.
Ces peuples ont été occultés à juste titre par la civilisation maya, autrement plus prestigieuse, qui s'est développée bien plus au sud, dans la partie tropicale de l'isthme centre-américain, à partir de l'héritage olmèque...
Les Amériques
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