25 janvier 2023 : le spectacle du Puy du Fou a été créé en 1978 au cœur de la Vendée par un jeune énarque, Philippe de Villiers. Centré sur l’Histoire nationale, dans une approche traditionnelle, il est devenu l’un des plus grands complexes de loisirs du monde et ses animateurs projettent maintenant de taquiner le septième Art. C’est ainsi que sort ce jour Vaincre ou mourir, un film sur les guerres de Vendée et l’un de ses principaux protagonistes, le chef vendéen Charette (1763-1796), coréalisé par Vincent Mottez et Paul Mignot, avec Hugo Becker dans le rôle principal.
Au départ, le producteur envisageait une docufiction et cela se ressent dans le résultat final : le film est précédé par les commentaires de deux ou trois historiens et, par moments, une voix off et l’incrustation d’une date rappellent le contexte. Pour le reste, on est dans un film d’action qui raconte au pas de charge les trois années dramatiques entre le soulèvement des paysans vendéens en mars 1793 et l’exécution de François Athanase Charette de la Contrie, le 29 mars 1796, à Nantes.
Vaincre ou mourir évoque les péripéties et les drames de ces guerres qui ont fait au minimum cent mille victimes, principalement parmi les humbles paysans du département de la Vendée. Mais le film étant centré sur le parcours de Charette, on peut regretter que n’apparaissent pas les autres chefs chouans ou vendéens.
La personnalité ambigüe du héros est elle-même édulcorée. Résolument fidèle à la dynastie et aux successeurs du feu roi Louis XVI, Charrette, officier de marine d’ascendance noble, tente dans un premier temps d’échapper à la bande de paysans qui le supplient de prendre leur tête. Se ralliant enfin à eux, il va se montrer courageux, batailleur et déterminé tout en sachant dès le départ que sa cause est perdue.
Mais c’est aussi un homme à femmes qui s’accorde de longues pauses avec ses amazones au risque de compromettre le succès de ses troupes. C’est enfin un homme colérique qui peine à s’accorder avec les autres chefs de la rébellion. Brutal, voire cruel, il laisse exécuter les prisonniers républicains et fait aussi exécuter tel ou tel allié qui l’a déçu.
Pour le reste, le film laisse transparaître la violence des guerres de Vendée à travers les scènes de bataille ou de pillage et sauf à vouloir être médisant, reconnaissons-lui un grand effort d’objectivité. D’emblée est exposé le dilemme insoluble qui oppose le gouvernement républicain aux paysans. Le premier, à la suite des dérapages successifs de la Révolution, est conduit à mobiliser toutes les forces de la Nation pour résister à l’invasion étrangère. Les paysans vendéens, quant à eux, n’ont pas conscience du danger qui menace le pays et n’ont nulle envie de risquer leur vie pour un gouvernement qui a guillotiné le roi, qui a fermé leurs églises et s’en prend à leurs antiques coutumes.
Dans le conflit qui s’ensuit, la palme de l’horreur revient indubitablement au commissaire de la République Carrier, à Nantes, et au général Turreau. Mais les chefs vendéens, Charette le premier, n’échappent pas à la critique. À côté de cela, on aurait pu évoquer quelques nobles figures dans les deux camps, comme Nicolas Haxo et le général Hoche d’un côté, Beauchamp et d’Elbée de l’autre. Mais il eut fallu pour ce faire une série télé de plusieurs heures.
Vos réactions à cet article
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PAB (29-01-2023 18:20:32)
Censure = Ce film n'est pas diffusé, entre autres, dans les salles de l'Eure et Loir (L'Echo Républicain du 28/1) et de la Manche (La Manche libre du 28/1). Quid ailleurs ?
Jean Loignon (26-01-2023 23:25:09)
La féroce répression menée par la 1ère République contre la Vendée insurgée est également l'héritière de la façon dont le pouvoir royal précédent réprimait les révoltes : il suffit de l... Lire la suite
Bernard (25-01-2023 11:21:31)
Les guerres de Vendée furent le premier génocide de l'époque moderne, préfigurant entre autres les camps de la mort Anglais en Afrique du Sud où ont péri des milliers de Boers, le massacre des A... Lire la suite