Héritière de l'Antiquité gréco-romaine, Byzance a prolongé celle-ci de 800 ans en dépit des agressions de toutes sortes (Arabes, Bulgares, croisés francs et Turcs !). Elle a duré assez longtemps pour nous transmettre son patrimoine, du droit romain à l'art roman en passant par les écrits hellénistiques et la peinture figurative.
Injuste est la réputation faite à cette civilisation par les philosophes du « Siècle des Lumières » qui ne voulaient y voir que « querelles byzantines » et interminable « décadence » !
Une Antiquité tardive
Rome a dominé le bassin méditerranéen pendant quatre siècles et lui a assuré une paix relative. A l'orée du IVe siècle, l'empire est épuisé et peine à repousser les ennemis de l'extérieur, les barbares. L'énergique Dioclétien répartit entre quatre personnes la direction de l'empire. A chacun son territoire.
Mais en 306, l'année qui suit la mort de l'empereur, le système se grippe. Le fils de l'un des « tétrarques » est proclamé empereur par ses troupes à York.
Il s'appelle Constantin et, après une courte guerre civile, va réunifier à son profit l'immense empire. Constantin n'arrive pas plus que Dioclétien à gérer l'ensemble. Il fonde une « nouvelle Rome » sur le détroit du Bosphore qui sépare l'Europe de l'Asie, à l'emplacement d'une cité grecque du nom de Byzance.
La nouvelle capitale de l'empire va prendre le nom de l'empereur, Constantinople.
Dans le monde romain de cette époque, les religions traditionnelles reculent au profit du christianisme, encore minoritaire sauf dans quelques villes d'Orient. Constantin décide de s'appuyer sur cette nouvelle religion pour consolider l'unité de l'empire. Il n'hésite pas à s'ériger en arbitre en réunissant à Nicée le premier concile oecuménique. Lui-même se fait baptiser sur son lit de mort en 337. Dans le siècle qui suit, le christianisme progresse rapidement jusqu'à devenir sous le règne de Théodose 1er (379-395), la seule religion autorisée.
Théodose, en mourant, partage l'empire entre ses fils. À l'un l'Occident, de culture latine, à l'autre l'Orient, de culture grecque. Ce partage, à la différence des précédents, va être définitif. Il va amener l'Orient et l'Occident à évoluer chacun de leur côté et l'on retrouve encore dans la frontière qui sépare la Croatie de la Bosnie-Herzégovine et de la Serbie la coupure héritée de Théodose.
Après l'effondrement de l'empire romain d'Occident sous les coups des barbares, Justinien le Grand, empereur de Constantinople, lance ses troupes, elles-mêmes essentiellement composées de mercenaires barbares, à l'assaut des royaumes d'Occident, comme celui des Ostrogoths en Italie ou celui des Vandales en Afrique, autour de Carthage.
L'empereur accomplit aussi une grande oeuvre administrative, notamment en compilant le droit romain dans un Digeste qui servira de base bien plus tard à notre propre droit civil.
On lui doit aussi la basilique Sainte-Sophie, chef d'oeuvre byzantin par excellence.
Mais la « reconquête » et les efforts de restauration de Justinien n'auront pas de suite.
Le règne de Justinien est entaché par l'apparition en 541 du fléau de la peste.
L'épidémie, qui va se prolonger longtemps à l'état endémique, va entraîner une première et brutale récession démographique dans la plupart des provinces byzantines, y compris dans la capitale.
Cinq ans après la mort du grand empereur (565) naît au fin fond de l'Arabie un homme nommé Mahomet dont l'action va définitivement clore l'Antiquité gréco-romaine.
Dans l'empire byzantin, comme dans l'empire romain qui l'a précédé, le choix d'un nouvel empereur se fait par acclamation de l'armée, du Sénat (les représentants des principales familles) et du peuple de la capitale. À Constantinople, à partir de Justinien, le patriarche (le chef religieux) consacre ce choix en sacrant le nouvel empereur dans la basilique Sainte-Sophie.
Le titre impérial se transmet souvent au sein d'une même famille et un prestige particulier s'attache aux personnes qui sont nées dans la chambre pourpre réservée au couple impérial, dans le Grand Palais. Ces personnes sont dites « porphyrogenètes » (expression grecque qui signifie « né dans la pourpre »).
Mais l'opinion admet volontiers l'irruption d'usurpateurs pourvu qu'ils gouvernent sainement l'empire. La transmission du titre impérial de père en fils ne va pas de soi comme dans les royaumes occidentaux mais elle devient de plus en plus courante à l'approche de l'An Mil.
Au début du VIIe siècle, l'empire d'Orient est attaqué au Nord par les Avars, des barbares apparentés aux Turcs, et à l'Est, du côté de la Mésopotamie, par les Perses sassanides. Dans le même temps, des tribus slaves s'installent pacifiquement dans la péninsule des Balkans, vidée de ses habitants par la dénatalité et l'insécurité. Au sud de la péninsule (la Grèce actuelle), ces Slaves vont rapidement s'intégrer et adopter la langue grecque populaire encore en usage.
L'empire, au bord de l'effondrement, est sauvé par un général de grand talent, Héraclius. Il devient en 614 empereur d'Orient (ou plutôt basileus, selon le terme grec qui revient à la mode pour désigner le souverain).
Sous Héraclius, l'administration renoue avec ses racines grecques et la langue officielle de l'empire n'est plus le latin mais le grec, langue usuelle des habitants. On ne parle plus guère d'empire (romain) d'Orient mais d'empire byzantin. Le nom de Constantinople est lui-même délaissé au profit de Byzance (mais reste en usage dans les affaires religieuses).
Héraclius, délaissant l'Occident, tourne tous ses efforts vers l'Orient.
Il livre une guerre très dure aux Perses en agitant l'étendard de la guerre sainte du christianisme contre le mazdéisme (religion des Perses sassanides).
Cette guerre va cependant épuiser les deux empires, cela au moment même où surgissent du désert les cavaliers de l'islam.
Les disciples de Mahomet tirent parti de cet épuisement mutuel ainsi que des divisions religieuses dans la société byzantine entre chrétiens (monophysites contre orthodoxes...).
Avant de mourir en 641, Héraclius a le temps d'assister à la débâcle de son oeuvre : la Syrie, l'Arménie, l'Égypte... sont envahies par les nouveaux-venus.
Sous le règne de ses successeurs, en 674-677, les Arabes arrivent même jusque sous les murailles de Constantinople... mais ils sont repoussés grâce en particulier à l'usage du feu grégeois (ou feu grec), une arme secrète des Byzantins.
Les Byzantins, qui ont échappé aux Arabes, ne sont pas sortis d'affaire pour autant car d'autres menaces se profilent, en particulier l'arrivée dans la région du Danube de Bulgares, tribus païennes proches des Mongols et des Huns. A Byzance même, les Héraclides, héritiers d'Héraclius, sombrent pendant longtemps dans les querelles et les guerres civiles.
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Nicole (27-06-2006 14:49:56)
le survol d'une longue période d'histoire, tout en restant objectif et précis, ... cette présentation de Byzance est fort instructive.
Merci de l'avoir réalisée et BRAVO