Frère cadet de Qinzong, le prince Kang monta sur le trône en passant au Sud. Malgré la cavalerie Jurchen lancée à ses trousses pendant plus de deux ans ou encore une mutinerie de deux de ses généraux, l’empereur Gaozong réussit à assurer la continuité dynastique en déplaçant sa petite cour de cité en cité.
Guerre et absolutisme (1127-1162)
Cette résistance obligea l’empire Jurchen des Jin, décidé à réduire les affrontements directs dans un environnement difficile pour sa cavalerie, à créer en 1130 un royaume tampon dans le Shandong, le Qi. Gaozong en profita pour pacifier les territoires du Sud avant d’installer durablement sa « capitale provisoire » à Hangzhou en 1138.
Favorable au camp de la paix, il choisit de renoncer aux opérations qui auguraient d’une possible reconquête de la plaine du Nord. Sa priorité politique était désormais de casser l’influence des militaires en s’appuyant sur le mécontentement des élites locales du Sud pour lesquels il était impensable d’être seules à financer la poursuite de la guerre. La mise au pas des principaux généraux représente une rupture qui conduisit en 1142 à la signature d’une paix fragile, imposant aux Song de reconnaître la perte de la Chine du Nord et de verser un tribut annuel aux Jin.
Cet épisode marque surtout l’apparition d’un nouveau régime politique caractérisé par le pouvoir dictatorial d’un Grand conseiller. Architecte du plan de paix et artisan de la mise à l’écart des militaires, Qin Gui imposa sa loi en évitant de s’allier durablement avec quiconque, sinon des membres de son clan. Gaozong fut incité à gouverner par décret et Qin imposa par la terreur la restauration finale du pouvoir dynastique.
Le gouvernement entreprit de consolider les structures d’enseignement, de réformer la fiscalité et de mettre fin aux désordres fonciers, aggravés par l’arrivée massive des migrants venus du Nord.
Une nouvelle société émergeait, marquée par l’intensification des échanges commerciaux qui s’organisaient sur la côte et tout le cours du fleuve Yangzi, autour de plusieurs grandes cités dont le dynamisme profitait de la décentralisation administrative consécutive au chaos de la guerre. Le spectre de celle-ci réapparut moins de trois ans après la mort de Qin Gui. Elle éclata finalement en 1161 et les opérations longtemps sporadiques entraînèrent le retrait de celui qui avait voulu en nier l’imminence : l’empereur abdiqua en 1162 en faveur de son fils adoptif.
Des empereurs sous tutelle (1163-1233)
Xiaozong se retrouva aussitôt sous la tutelle de Gaozong. Le pouvoir que ce dernier continuait d’exercer sur celui qui lui devait tout était désormais incontrôlable par la bureaucratie. La guerre se solda pour les Song par quelques concessions arrachées lors de la signature d’un nouveau traité en 1165.
Cette paix ne calma guère les bellicistes, enclins à organiser une nouvelle campagne dont les préparatifs tournèrent court. L’épisode révéla que Xiaozong était plutôt soucieux de satisfaire les exigences des militaires en s’appuyant sur ses eunuques et surtout les favoris qu’il continuait à placer à des postes clefs.
Il mena certes des réformes, qui se révélèrent bienvenues dans les domaines financier et surtout monétaire, mais il privilégiait pour ses recrutements les recommandations plutôt que les examens et surtout il perpétua le système autoritaire des décrets impériaux.
Ces orientations, dénoncées par plusieurs lettrés, étaient indissociables de l’influence exercée par Gaozong, dont la mort en 1187 provoqua un nouveau séisme. Xiaozong décida à son tour d’abdiquer en 1189 en faveur du seul de ses fils qui était encore en vie !
Guangzong se révélant vite incapable de remplir la charge impériale, plusieurs hauts fonctionnaires lui imposèrent d’abdiquer, ce qu’il dut accepter en 1194. Acteurs de la déchéance de l’empereur, deux hommes forts émergèrent alors : Zhao Ruyu, qui s’était rallié plusieurs grands lettrés de l’École néo-confucéenne, et Han Tuozhou, un homme du Palais qui sut profiter des faiblesses de Zhao.
Après que Zhao, suspecté de sédition car membre de la Maison impériale, eut été écarté par Ningzong, Han déclencha une vague de proscriptions qui lui permit de dominer la cour en restant intelligemment en dehors de l’appareil gouvernemental. Tout en cherchant à se concilier les anciens alliés de Zhao, il renforça son contrôle sur les armées et imposa à l’empereur une nouvelle aventure militaire. La guerre, déclenchée en 1206 contre l’empire Jin, tourna au fiasco. Perçu comme un obstacle à la paix, Han fut assassiné et sa tête remise aux Jurchen ! Cette nouvelle crise avait favorisé l’ascension d’un nouvel ambitieux.
Shi Miyuan sut en effet sceller une alliance avec l’impératrice Yang, habile à manipuler son faible époux. Précepteur et conseiller du prince héritier avant d’être nommé Grand conseiller, Shi recentra sa politique sur les affaires intérieures : il devait lutter contre une inflation ruineuse pour les finances publiques et réprimer les révoltes qui étaient en partie liées à cette situation. Sa politique extérieure pusillanime lui interdit cependant de comprendre l’évolution des équilibres stratégiques après l’unification lointaine des hordes mongoles par Temudjin, devenu en 1206 le grand Khan Gengis. L’offensive mongole de 1211 contre les Jin conduisit ces derniers, en butte à des mutineries et des révoltes populaires, à lancer une campagne contre les Song qui crurent habile de soutenir certains de ces soulèvements.
Sur le plan intérieur, Shi Miyuan s’employa surtout à consolider son emprise sur la cour à la mort de Ningzong en 1224 : toujours de connivence avec l’impératrice, il installa sur le trône un inconnu après avoir écarté le prince héritier qu’il fit exécuter. Cette violence, exercée contre ceux qui osaient le critiquer, permit à Shi, qui prit quelque distance avec les affaires courantes de la cour de Lizong, de tirer profit de son pouvoir jusqu’à sa mort en 1233.
La fin d’une dynastie (1234-1279)
La guerre au Nord entre les Mongols et les Jurchen était déjà passée au premier plan. Les Jin étant bientôt aux abois, les Song s’allièrent avec les Mongols pour faire disparaître leur dynastie en 1234.
Malgré la vertu affichée d'un souverain confucéen et sa volonté de réduire les effectifs des armées et de l’administration pour mettre fin une fois de plus au désordre financier et monétaire, Lizong reprit sa vie insouciante, voire dissolue, en lâchant la bride aux hommes du palais. Ces velléités avaient pour contexte une guerre larvée avec les Mongols, tentés d’attaquer régulièrement les Song dans l’espoir de se voir verser un tribut. Tout changea à partir des années 1250, lorsque le nouveau Khan Möngke confia la conquête de la Chine du Sud à son frère Khubilai.
Après la perte du Sichuan et face à l’avancée des armées mongoles, Lizong fit de Jia Sidao son Grand conseiller. Réputé avoir résisté à Khubilai sur le Yangzi, Jia était non seulement un chef de guerre mais il avait aussi acquis une solide expérience dans le domaine des finances. Nouvel homme fort, il cassa toute opposition à la capitale, y compris au sein du palais où il supervisa l’éducation du prince héritier, et réussit à juguler quelque temps l’inflation. Grâce à une refonte des cadastres, il agrandit le domaine foncier public et implanta des colonies militaires pour approvisionner les armées. En 1264, à la mort de Lizong, Duzong accorda à son tuteur les plus grands honneurs et tous les pouvoirs, refusant qu’il quitte la capitale pour prendre la tête des armées qui résistaient aux Mongols.
Le dernier verrou sur le Moyen Yangzi ayant sauté en 1273 après cinq années de siège, les cités sur le fleuve tombèrent les unes après les autres entre 1274, l’année de la mort de Duzong, et 1275. Alors qu’un enfant était monté sur le trône, Jia Sidao fut exécuté. L’armée mongole encercla Hangzhou qui fut prise en mars 1276. Un jeune frère du petit empereur réussit à s’enfuir avec une troupe de fidèles qui finirent par trouver refuge près de Macao. Ils disparurent au cours d’une dernière bataille navale en 1279.
Histoire de la Chine
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