Léonard de Vinci (Arte)

L'énigme de la Belle princesse

Ce documentaire de David Murdock, sur Arte, samedi 5 mai 2012 à 20h45, est une investigation scientifique et artistique passionnante. Il retrace l'histoire d'un petit portrait anonyme de jeune fille qui pourrait bien être attribué au grand Léonard de Vinci.

La Bella Principessa (portrait inédit sur parchemin attribué à Léonard de Vinci)L'aventure commence en 1998 lorsque le marchand d'art Peter Silverman repère dans une vente aux enchères de Christie's à New York un petit portrait d'un artiste allemand inconnu du XIXe siècle. Il est persuadé que l’œuvre est beaucoup plus ancienne.

Les enchères frôlent les 20.000 euros et Peter Silverman ne parvient pas à l'acquérir. Neuf ans plus tard, il retrouve ce fascinant portrait dans une galerie d'art et décide de l'acheter pensant avoir débusqué un tableau exceptionnel datant de la Renaissance italienne.

Martin Kemp, un des meilleurs spécialistes de Léonard de Vinci, se laisse convaincre de mener l'enquête. La caméra suit cet éminent expert qui joue sa réputation auprès d'une communauté artistique doutant de la découverte. Il est vrai que très peu d’œuvres picturales du maître toscan sont parvenues jusqu'à nous : seule une vingtaine de tableaux lui sont formellement attribués !

Gare aux faussaires

Le portrait passe avec succès le premier test, celui du carbone 14 qui confirme que le support sur lequel il a été peint date bien de la Renaissance. Mais c'est loin d'être une preuve suffisante car, comme le montre ce documentaire, les faussaires du XXIe siècle utilisent des toiles d'époque pour tromper les acheteurs.

Suit une séquence édifiante dans laquelle un copiste new-yorkais se procure une œuvre médiocre du XIXe siècle à bas prix, supprime toute la peinture pour ensuite reproduire un «Monet» (les meules de foin) criant de réalisme.

Une mystérieuse empreinte

Autre séquence forte de ce film, l'analyse spectrale du portrait de la jeune fille grâce à une caméra à très haute résolution qui en révèle les plus infimes détails. Ainsi, les hachures du contour du visage prouvent que le peintre est gaucher, comme Léonard de Vinci ; des reprises du dessin sont similaires à d'autres portraits du maître. Les experts découvrent aussi un reste d'empreinte digitale qui est alors analysé par des étudiants d'une école de criminologie...

Martin Kemp va enfin découvrir des indices exceptionnels : trois trous percés sur le bord gauche de l'œuvre et ensuite rebouchés. Le tableau pourrait donc avoir été à l'origine une page d'un ouvrage relié et découpée ensuite. Ce qui expliquerait pourquoi ce portrait a été peint sur du vélin, support jamais employé par le génie de la Renaissance.

Un enjeu artistique et... financier

L'expert multiplie les reconstitutions très pédagogiques pour le téléspectateur : une enseignante anglaise des beaux-arts recopie le portrait en employant les mêmes techniques ; une spécialiste italienne des costumes de la Renaissance analyse la coiffe et la natte du modèle.

Tous ces indices permettent de penser qu'il s'agit d'un portrait de Bianca Sforza, la fille illégitime de Ludovico Sforza, le duc de Milan, réalisé pour son mariage en 1496. Une «belle princesse» qui pourrait livrer ses secrets et rehausser considérablement la cote de l’œuvre si la paternité du grand Léonard était confirmée.

L’enquête est menée par le réalisateur de façon palpitante et un brin convaincante mais gardons-nous de nous emballer… Les spécialistes de Léonard de Vinci restent quant à eux sceptiques sans que leur intégrité et leur professionnalisme puissent être mis en cause.

Ce ne serait pas la première fois que la chaîne Arte accueille des amateurs de «révélations» ou de «complots» en quête de notoriété (voir l’enquête très contestée sur Jeanne d’Arc).

Laurent Pericone
Publié ou mis à jour le : 2019-10-22 23:03:02

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