Berlin et le tunnel des espions

Jeu de dupes sous le rideau de fer

Ce documentaire allemand, diffusé mardi 15 mai sur Arte en deuxième partie de soirée, analyse les ressorts d’une opération d’espionnage très ambitieuse au cœur de la guerre froide...

À Berlin, en 1952, les services secrets anglais et américains imaginent de creuser un tunnel afin d’intercepter les câbles de communications enfouis sous le bâtiment du quartier général de l’Armée rouge, situé dans la banlieue sud de la ville.

On reste surpris par la démesure du projet : les Américains font construire une station d’écoute toute proche du rideau de fer dont le bâtiment servira de couverture pour masquer le percement du tunnel. Une immense cave est prévue pour stocker les milliers de tonnes de terre extraits pour creuser ce boyau de près de 500 mètres à quelques mètres de la surface en zone soviétique. En mai 1955, le tunnel est opérationnel : 120 lignes téléphoniques sont placées sur écoute. Ce dispositif fonctionnera durant onze mois durant lesquels 500.000 conversations téléphoniques seront enregistrées et analysées à Londres et Washington.

Un tunnel sous le mur de Berlin (doc CIA)
Une opération d’espionnage hors norme

Toutes ces péripéties sont expliquées grâce à des images d’archives, des plans et des reconstitutions filmées. Les réalisateurs ont recueilli le témoignage des vétérans du corps des ingénieurs de l’US Army ayant participé à l’opération. Soixante après les faits, ces hommes découvrent les archives de la CIA qui viennent d’être déclassifiées. Pour la première fois, ils ont une vision d’ensemble de cette opération d’espionnage hors norme.

L’intérêt principal de ce documentaire est de montrer le fabuleux jeu de dupes qu’a souvent constitué l’espionnage durant la guerre froide. En effet, le KGB est informé du projet avant même le premier coup de pioche. Un des membres de l’Intelligence Service anglais qui planche sur ce projet est George Blake, un des espions les plus efficaces au service des Soviétiques.

Le KGB n’averti pas l’Armée rouge

Mais pour ne pas compromettre son agent à Londres, le KGB n’a pas averti les responsables de l’Armée rouge de l’existence du tunnel. Au risque de laisser filer des informations vitales à la défense de la RDA et de l’URSS ! En 1956, les services de renseignement soviétiques trouvent une astuce crédible pour mettre fin à l’opération d’écoute. Après des pluies diluviennes, des travaux de réparation de la voirie permettent de découvrir le tunnel.

Même avec cette fin peu glorieuse, les Américains considèrent que cette opération a été un succès. La CIA estime avoir récolté des informations importantes sur la menace communiste en Europe. On aurait aimé que ce documentaire très pédagogique en donne quelques exemples.

Laurent Pericone
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

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