16 mars 2024. Que vous soyez passionné de musique ou que vous n'entendiez rien aux arpèges, il est un mot qui résonne favorablement à vos oreilles : « boléro ». Tout le monde connaît ! Est-ce pour cela qu'Anne Fontaine a décidé d'intituler son film ainsi ?
Le résultat est en tout cas éblouissant, à la mesure du célèbre ballet : deux heures qui nous plongent dans le mystère de la création, avec un compositeur habité par la musique et qui puise dans l'amour la force de l'exprimer...
Le film Boléro, le mystère Ravel débute et finit par de belles représentations du ballet éponyme. Il est bien sûr aussi émaillé de notes tirées des différentes oeuvres de Maurice Ravel. Mais cette musique fait corps avec le compositeur. Elle accompagne et nourrit ses tourments, ses angoisses, ses succès et ses peines.
Sans qu'il y paraisse, par la musique et le Boléro en particulier, le film nous fait parcourir toute la vie du musicien, ses échecs devant le jury du Prix de Rome, sa tendresse passionnée pour sa mère, son errance sur le front de Verdun, son amour pour la musicienne Simia Sert, un amour qu'il se refusera à corrompre par une étreinte charnelle...
La vie de ce compositeur discret et méconnu de ses compatriotes méritait un film, et celui-ci est pleinement réussi. Film d'époque, il nous plonge avec délice dans les années 1920 en soignant décors et costumes, magnifiques. Les comédiens, et en particulier les comédiennes, sont au diapason, et l'on retiendra la performance de Jeanne Balibar qui incarne la danseuse Ida Rubinstein agréablement insupportable.
Mais c'est surtout Raphaël Personnaz, dans le rôle-titre, qui crève l'écran en devenant un Ravel tout en retenue et en sensibilité pour mieux nous faire sentir dans son silence les affres de la création qui se fait désirer. L'image clé du film est en effet toute simple : une feuille dont les lignes attendent désespérément quelques notes de musique... Plus que les difficultés de Ravel à nouer des relations amoureuses, c'est bien cet aspect de la vie du compositeur qui fait tout l'intérêt du film.
Il montre le mystérieux processus qui a nourri sa création. Ainsi repère-t-on au fil des séquences les notes et les sons qui inspireront le rythme lancinant et envoûtant du Boléro. Cela va de la rengaine populaire de la gouvernante à la boîte de jazz de New York en passant par une usine assourdissante... Mais il faudrait beaucoup d'imagination pour rattacher au Boléro la sonnerie de réveil de ce grand insomniaque qu'était Ravel !
Un film pour tous les publics, mélomanes ou pas, sous réserve qu'ils soient sensibles à la touche pleine de délicatesse de la réalisatrice.
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