De tous les Pères fondateurs des États-Unis d'Amérique, Benjamin Franklin est sans doute le plus original et le plus attachant.
« Self-made-man », grand homme de science, philanthrope, diplomate (le premier qu'aient eu les États-Unis).... c'est aussi un grand amateur du beau sexe et un homme d'esprit qui nous a légué d'immortelles formules.
Savant, entrepreneur et philanthrope
Né à Boston (Massachusetts), le 17 janvier 1706, au sein d'une modeste famille de 17 enfants, Benjamin est placé comme apprenti imprimeur chez son frère qui vient de lancer The New England Courant.
En 1723, le jeune homme rejoint Philadelphie, en Pennsylvanie, où il fonde une imprimerie à son tour et fait bientôt de la Pennsylvania Gazette le journal le plus populaire des colonies anglaises d'Amérique. Après avoir épousé une amie d'enfance, Deborah Read, il fait fortune très rapidement, sans pour autant courir après l'argent.
À l'âge de 42 ans, il choisit de se retirer des affaires pour se consacrer à la vie publique (à quelques années près, c'est aussi le choix du fondateur de Microsoft, Bill Gates !). Il ne tarde pas à acquérir une réputation de philanthrope.
Infatigable travailleur, il s'efforce de répandre l'instruction dans le peuple en ouvrant des bibliothèques et des sociétés littéraires, en fondant aussi l'Université de Pennsylvanie en 1751.
Il met sur pied la première brigade de pompiers du Nouveau Monde, s'appuyant sur des formules telles que : « An ounce of prevention is worth a pound of cure » (une once de prévention vaut une livre de guérison), fondant aussi une mutuelle d'assurance contre l'incendie qui existe toujours, la Philadelphia Contribution for Insurance Against Loss by Fire.
Inventeur et savant passionné par l'électricité, il met à profit un violent orage dans la nuit du 15 juin 1752 pour lancer un cerf-volant de son invention et capter l'électricité atmosphérique. Au péril de sa vie et avec une rare inconscience, il démontre ainsi la similitude entre l'électricité et la foudre. Son hypothèse est expérimentalement vérifiée à Marly, près de Paris, par le naturaliste Thomas-François Dalibard, proche de Georges Buffon, ce qui lui vaudra un immense prestige en France même.
Franklin invente aussi les lentilles à double foyer et un système de chauffage appelé « cheminées de Franklin », plus tard commercialisé en France sous le nom de « Godin colonial ». Notons que l'homme d'affaires n'a cure de protéger ses inventions.
Devenu un notable, il propose en 1754 à la conférence d'Albany un plan d'union des Treize Colonies sous l'égide de Londres. En 1757, il est chargé de représenter les intérêts de plusieurs colonies à Londres où il se montre d'abord fidèle à la Couronne avant d'embrasser la cause indépendantiste.
Député de la Pennsylvanie au Congrès de Philadelphie, il participe à la rédaction de la Déclaration d'indépendance en 1776.
Romance d'amour entre Franklin et la France
À 70 ans, Benjamin Franklin aimerait jouir enfin d'un repos mérité mais ses amis lui demandent d'aller plaider la cause de l'indépendance américaine auprès du roi de France Louis XVI et de son ministre des Affaires étrangères, Vergennes, qui ont un vieux contentieux avec l'Angleterre.
Depuis plusieurs années déjà, de jeunes nobles européens, dont le plus célèbre est le marquis de La Fayette, combattent aux côtés des « Insurgents ». Le choix de Benjamin Franklin comme ambassadeur extraordinaire à Paris se justifie au nom de la grande popularité dont jouit le savant en France, où il s'est rendu à deux reprises, en 1767 et 1769, sous le règne de Louis XV.
Benjamin Franklin débarque à Auray, en Bretagne, le 4 décembre 1776, en compagnie de deux petits-fils, après une traversée périlleuse : songeons qu'en cas de capture par les Anglais, il eût pu être pendu comme traître. Le « commissaire du Congrès » est accueilli avec chaleur et bientôt reçu par le ministre qui lui fait remettre en secret deux millions de livres.
Pendant son long séjour parisien (de 1776 à 1784), Benjamin Franklin est hébergé à Passy, à l'ouest de Paris, dans l'hôtel de Valentinois, aujourd'hui disparu. Bien qu'âgé et astreint à un régime sévère, il prend plaisir à rencontrer la bonne société parisienne. Il est reçu dans le salon prestigieux de Mme du Deffand puis dans celui de Mme Helvétius, épouse d'un célèbre philosophe. Là, il côtoie des savants et intellectuels parmi les plus représentatifs des « Lumières ». Buffon, Lavoisier, Condorcet, La Rochefoucauld, Malesherbes, l'abbé Raynal. Beaumarchais et même Voltaire ne manquent pas de le saluer.
En 1778, Franklin et Voltaire sont reçus dans la loge maçonnique des Neuf Soeurs (référence aux neuf muses du Parnasse grec).
Les jeunes femmes de la Cour raffolent de ce vieil homme spirituel et gai, au français rocailleux, aux manières simples et au costume d'homme des bois. Pendant le séjour parisien de Benjamin Franklin survient l'annonce de la capitulation d'une armée anglaise à Saratoga. Ce premier succès des « Insurgents », après bien des déconvenues, décide Louis XVI et Vergennes à signer avec eux, le 6 février 1778, un traité d'amitié et de commerce ainsi qu'un traité d'alliance et de défense mutuelle.
Benjamin Franklin a encore la satisfaction de participer à la signature du traité de Versailles, le 3 septembre 1783... Habile et ne perdant pas le nord, le vieil homme en a défini les préliminaires à Londres, avec les Anglais, quelques mois plus tôt, sans craindre de déplaire à ses chers amis français.
Le savant a le bonheur d'assister le 27 août 1783, sur le Champ de Mars, à l'envol d'un ballon gonflé à l'hydrogène, mis au point par le physicien Charles. Le 21 novembre de la même année, il assiste au premier envol d'une montgolfière montée par des hommes et rédige le compte-rendu du vol pour l'Académie des Sciences. Le 1er décembre 1783, enfin, il assiste aux Tuileries à l'envol de Charles et Robert à bord d'un ballon gonflé à l'hydrogène.
Le plénipotentiaire quitte Paris et la Cour l'année suivante pour sa Pennsylvanie bien-aimée où il est accueilli avec tous les honneurs.
Mais l'heure du repos n'a pas encore sonné. Franklin participe à la Convention de Philadelphie qui élabore la Constitution américaine en 1787. C'est le quatrième document fondateur des États-Unis sur lequel il appose sa signature, après la Déclaration d'Indépendance et les traités avec la France (1778) et l'Angleterre (1783).
Il s'éteint le 17 avril 1790 à Philadelphie.
Benjamin Franklin incarne l'idéal humain des États-Unis, fondé sur le travail, la tempérance, la réussite sociale, la vertu civique et la passion des affaires publiques.
Il assume cette fonction symbolique avec le président Abraham Lincoln et, dans une moindre mesure, l'inventeur Thomas Edison. Tous les trois, issus d'un milieu pauvre, ont accédé au panthéon étasunien. Ils ont inspiré et produit l'idéal américain du « self-made-man ».
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BOYER (19-04-2019 17:38:53)
J’a Lu avec intérêt l’article sur Franklin. Habitant Marly (la ville et pas Le Roy), j’aimerais que vous donniez quelques précisions sur Dalibard qui est présenté comme ayant précédé Fra... Lire la suite