Grouchy, un nom associé pour toujours à la bataille de Waterloo où son inaction fut tragique pour l'armée française et le destin de Napoléon Ier. Pourtant, ce brillant officier de cavalerie, grand patriote, eut une carrière faite de courage et de gloire tout au long de la période révolutionnaire et impériale.
L'année 1766 voit naître le futur maréchal Grouchy, issu d'une vieille famille normande grâce à laquelle il côtoie durant son enfance une partie de la haute société politique et intellectuelle de l'époque.
Le jeune marquis embrasse la carrière militaire et il est officier aux gardes du corps lorsqu'éclate la Révolution. Le jeune soldat adhère avec enthousiasme aux idées nouvelles, raison pour laquelle il démissionne de son poste dans l'armée royale.
Face à la menace des coalisés sur la France, Grouchy décide de reprendre du service en 1791. Il est fait colonel de hussards au sein de l'armée du centre, en 1792. Il intègre par la suite l'armée des Alpes puis participe à la répression en Vendée en tant que général de division sous les ordres du général Hoche.
En 1796, Grouchy participe à un épisode méconnu de l'histoire militaire de la Révolution : la tentative de débarquement en Irlande pour soutenir les Irlandais contre l'Empire britannique. Le débarquement est un échec. Après cette expédition peu glorieuse, le futur maréchal est envoyé en 1798 à l'armée d'Italie où Il participe courageusement à la bataille de Novi : il y est blessé quatorze fois avant d'être fait prisonnier ! Après un an de captivité, il est affecté dans l'armée de réserve et participe à la victoire de Moreau à Hohenlinden, le 3 décembre 1800.
Le fait d'avoir servi Moreau, général impliqué dans un complot contre le Premier Consul , lui vaut d'être temporairement disgracié par Napoléon. Il revient en grâce au début de l'Empire et participe à la campagne de 1805 contre les troupes austro-russes sous les ordres de Marmont. Il reprend du service en 1806 et participe avec sa division de cavalerie à la poursuite des débris de l'armée prussienne après la bataille d'Iéna.
À la tête de ses cavaliers, il s'illustre tout particulièrement lors de la campagne de 1807, et se couvre de gloire à la bataille d'Eylau. Il fait partie de la fameuse charge « des 80 escadrons ». Sur les 4000 hommes de cette charge légendaire, il en revient seulement 1200 ! Grouchy et ses cavaliers s'illustreront également quelques mois plus tard à la bataille de Friedland.
En récompense de ses services, il reçoit le titre de comte d'Empire et se voit affecté en Espagne en 1808. Alors fait gouverneur de Madrid, il combat énergiquement l'insurrection madrilène du 2 mai. En 1809, il quitte l'Espagne et s'illustre à la tête de ses cavaliers à la bataille de Wagram (5-6 juillet 1809). Ses talents de commandant de cavalerie sont tels qu'il est nommé, pendant la campagne de Russie, à la tête d'un corps de cavalerie de plus de 10.000 hommes !
Grouchy s'illustre lors de la bataille de la Moskowa (7 septembre 1812) et combat avec ardeur durant toute la retraite de Russie où il est chargé de mener un combat d'arrière garde. Ses talents de cavalier sont tels qu'il est mis à la tête de l'«escadron sacré», rassemblement de tous les officiers encore valides chargés d'assurer la protection de l'Empereur.
Après cette campagne, souhaitant prendre la tête d'un corps d'infanterie, il s'offusque du refus de l'Empereur qui veut le garder à la tête de la cavalerie, rôle dans lequel il excelle. Par signe de désapprobation, il se retire sur ses terres, mais ce grand patriote demande à reprendre du service lorsqu'il voit les armées alliées menacer la France en 1813. Il est alors commandant en chef de la cavalerie de la Grande Armée et se bat avec sa fougue habituelle lors de la campagne de France où il est grièvement blessé.
Le 1er mars 1815, Napoléon est de retour de l'île d'Elbe. L'armée se rallie à lui ainsi que de nombreux grands officiers. Grouchy, fidèle parmi les fidèles, se rallie à l'Empereur et lui propose ses services. Il est alors fait «Maréchal d'Empire» (le dernier de l'épopée napoléonienne).
Le nouveau maréchal dirige un corps d'armée lors de la campagne qui s'ouvre face aux armées anglo-prussiennes en Belgique. Après la victoire de Ligny (16 juin 1815), où les forces françaises culbutent l'armée prussienne, Grouchy est chargé avec ses 33 000 hommes de poursuivre les 40 000 Prussiens et de les empêcher de rallier l'armée anglaise, commandée par le duc de Wellington.
La mission est délicate et Grouchy, en militaire discipliné, s'attache trop aux ordres. Alors qu'à Waterloo, Napoléon a besoin de renforts, pour mener ses troupes à la victoire, Grouchy, malgré le bruit de la bataille, décide de ne pas enfreindre ses ordres. Pourtant, le bruit des canons à seulement quelques kilomètres de sa position devraient l'amener à prendre l'initiative de rejoindre l'Empereur. Ses généraux et officiers l'en supplient. La légende l'accuse : le maréchal aurait dégusté des fraises pendant que des milliers de Français tombent à quelques kilomètres de là.
Son inaction entraîne la chute de l'Empire et la nouvelle abdication de Napoléon. Proscrit par le roi à la seconde restauration, Grouchy s'exile aux États-Unis. Il ne reviendra en France qu'en 1821 et s'éteindra sous la monarchie de juillet, en 1847. Sa carrière militaire restera toujours entachée par sa responsabilité dans l'une des plus grandes défaites de l'histoire française.
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taxil jean louis (04-05-2013 10:59:50)
Je ne connas pas tout l'historique de Waterloo. Je sais qu'une partie de l'artillerie française, embourbée à l'arrière, manquat.D'autre part, l'endroit, bien décrit par V. Hugo, possède de petit... Lire la suite