Un écrivain, Pierre Loti ? Bien sûr, mais pas seulement ! Marin, fêtard, collectionneur, artiste, vagabond, révolté et grand nostalgique... il fut tout cela, et plus encore.
Ce solitaire flamboyant, incapable de se passer du regard des autres, s'est construit une vie de roman autant composé d'anecdotes véridiques que d'intrigues rêvées. S'il n'avait pas existé, il aurait indubitablement fallu inventer Pierre Loti !
On peut enfin se demander pourquoi cet auteur qui se lit facilement n’a pas encore eu droit à entrer dans la prestigieuse collection de la Pléiade !
La Charente comme ancrage
« Mon grand-père est mort à la bataille de Trafalgar et mon oncle fut dévoré sur le radeau de La Méduse ». Voici une histoire familiale qui a de quoi inspirer !
Pourtant le petit Julien Viaud, né le 14 janvier 1850, commence par passer une enfance tout ce qu'il y a de plus tranquille sur les côtes charentaises, choyé par une famille protestante essentiellement composée de femmes déjà âgées. Son père, secrétaire de mairie, aime consacrer ses heures perdues à rédiger l'histoire de sa ville, Rochefort-sur-mer, qui continue à vibrer au rythme de l'océan.
Rien d'étonnant donc que le fils ainé, Gustave, devienne chirurgien de marine avant de s'embarquer en 1860, direction Tahiti. Quel plaisir pour son petit frère de lire ses lettres au contenu si exotique, en rêvant aux objets improbables qu'il lui rapportera pour compléter son petit « musée » !
C'est décidé, il suivra ses traces. De toute façon ses parents, confrontés à de graves problèmes financiers, seraient bien incapables de lui payer des études. En 1866, c'est donc un Julien tout fier qui pousse les portes du cours de marine du collège. Le rêve ne dure pas : quelques mois plus tard, c'est l'échec au concours d'entrée de l'École navale.
Au nom d'une fleur
Pour accéder à la mer, il lui faut donc d'abord s'en éloigner en partant pour Paris. Loin de le séduire, la ville-lumière lui semble lugubre, toute imprégnée du deuil qui le touche depuis le décès en 1865 de son cher Gustave au large du Bengale.
Il décide pourtant de poursuivre dans cette voie et c'est au milieu de l'océan que le tout jeune aspirant apprend la disparition de son père, mort de chagrin et de honte après avoir été accusé de vol. Désormais chef de famille, il lui faut à tout prix trouver de l'argent pour aider ses « chères vieilles » et leur permettre de rester dans la maison sombre de Rochefort. Comment ?
Un simple crayon y suffira ! Le marin est en effet fin dessinateur, et à une époque où la photographie est encore rare, il sait faire apprécier ses croquis de lieux exotiques où ses missions le mènent, de la mer du Nord au Pacifique. C'est sur l'île de Pâques qu'il prend finalement la plume pour écrire ses premiers articles pour un journal, et pas des moindres : L'Illustration.
Mais Tahiti fait déjà les yeux doux au nouveau journaliste qui est accueilli en ami à la cour de la reine Pomaré. Il en ressort métamorphosé en « Laurier-rose », ou plus précisément rebaptisé du mot équivalent en maori, l'élégant « Loti ». Cela lui apprendra à avoir un nom trop compliqué à prononcer ! Il ne reste plus qu'à se débarrasser de ce « Julien » qu'il n'a jamais apprécié : Pierre Loti est né.
En piste !
Ce n'est pas seulement un nom de plume que le jeune reporter rapporte de Tahiti, mais de nombreux dessins, articles et amours qui serviront de terreau pour la composition, dix ans plus tard, de son roman Le Mariage de Loti (1880).
De la même façon, son escale en 1874 à Dakar, où il tombe follement amoureux d'une créole, va lui offrir matière à fiction. Il faut dire que sa belle, mariée, est déjà la maîtresse d'un spahi ! La rivalité entre les deux amants a-t-elle vraiment fini par un duel ? En tous cas Loti, à son retour en France, se précipite sur les pas de sa belle pour faire connaissance de leur enfant.
Repoussé, il trouve une étrange façon de se consoler en décidant de se sculpter un corps d'athlète : gymnastique, boxe, escrime et même trapèze, autant d'activités qui le mènent tout droit sur la piste du Cirque Étrusque en tant qu'acrobate ! Lui qui soupirait : « Décidément, je ne suis pas mon genre ! » ne cessera dès lors de porter une extrême attention à son apparence, adoptant talons épais, moustache frisée et maquillage au besoin.
Pour le moment, il enchaîne les virées avec ses amis les Golos (« singes », en wolof) et profite de la vie de bohème dans le Quartier latin. En mai 1876 est sonnée la fin de la récréation : il doit embarquer sur La Couronne, direction la Grèce.
« Deux grands yeux verts fixés sur les miens »
Des pendus : telle est la première vision de Loti à son arrivée à Salonique, quelques jours avant que le sultan Abdülaziz ne soit déchu de son trône.
S'il se fait témoin privilégié des mutations de l'empire ottoman à la veille de la guerre contre la Russie, Loti n'oublie pas d'apprécier d'autres aspects de sa mission, comme la rencontre avec la mystérieuse Hatidjè, aperçue « derrière [les] épais barreaux de fer » d'un harem. Cette barrière ne parviendra pas à retenir la jeune fille puisqu'elle se lance avec audace dans une aventure amoureuse avec l'officier français.
Malheureusement, après un séjour à Constantinople où les deux amants se retrouvent, Loti doit repartir en France. Il laisse derrière lui une Hatidjè désespérée et des rêves de paradis perdu : « J'ai manqué […] de me faire en Turquie une position en rapport avec moi-même, en rapport avec mes goûts, que l'Orient seul aurait pu satisfaire » (Journal).
N'ayant pas le courage de déserter pour continuer à vivre comme un Turc, il ne peut que se servir de ses souvenirs pour rédiger son premier roman, publié anonymement : Aziyadé (1879). Il y raconte sa passion folle pour une jeune fille et pour un pays, passion qui va séduire des lecteurs sensibles à ses accents romantiques et orientalistes.
D'abord parue dans l'indifférence, l'œuvre sera finalement un gros succès au point de pratiquement changer le cours de l'Histoire, comme le rappelait le maréchal Lyautey en 1921 : « Pierre Loti, écrivant son Aziyadé, a retourné en faveur des Turcs l'opinion européenne ».
À la fin d'Aziyadé, Loti raconte comment son personnage, auquel il a donné son propre nom, retourne sur la tombe de sa bien-aimée... comme lui-même le fit. Fiction et réalité se mêlent ici étroitement dans un style à la fois très travaillé et plein de sincérité.
« La chose froide que je tenais serrée dans mes bras était une borne de marbre plantée dans le sol. [...] C’était un soir d’été ; la terre, l’herbe sèche, tout était tiède, à part ce marbre autour duquel j’avais noué mes bras, qui était resté froid ; sa base plongeait en terre, et se refroidissait au contact de la mort. […]
J’y voyais comme à travers un voile funèbre, et toute ma vie passée tourbillonnait dans ma tête avec le vague désordre des rêves ; tous les coins du monde où j’ai vécu et aimé, mes amis, mon frère, des femmes de diverses couleurs que j’ai adorées, et puis, hélas ! le foyer bien-aimé que j’ai déserté pour jamais, l’ombre de nos tilleuls, et ma vieille mère…
Pour elle qui est là couchée, j’ai tout oublié !… Elle m’aimait, elle, de l’amour le plus profond et le plus pur, le plus humble aussi ; et tout doucement, lentement, derrière les grilles dorées du harem, elle est morte de douleur, sans m’envoyer une plainte. J’entends encore sa voix grave me dire : « Je ne suis qu’une petite esclave circassienne, moi… Mais, toi, tu sais ; pars, Loti, si tu le veux ; fais suivant ta volonté ! »
Les fanfares retentissaient dans le lointain, sonores comme les fanfares bibliques du jugement dernier […] » (Aziyadé, 1879).
Les tribulations d'une tombe
« Notre histoire à deux s'est perdue, mais sans finir » : et il est vrai que Loti n'oubliera jamais la petite Hatidjè/Aziyadé.
Après avoir remué ciel et terre pour la retrouver lors de son retour en Turquie près de 10 ans après leur rencontre, il apprend que celle dont il n'avait fait qu'imaginer la mort dans son roman repose bien dans le vieux cimetière de Topkapi.
Il s'y précipite, rongé de remords : « Est-ce que quelque chose d'elle saura seulement que je suis revenu, aura un peu conscience du baiser que je donnerai à la terre, au-dessus du débris qui fut son corps ? » (Fantôme d'Orient, 1892). Il reviendra plusieurs fois avant de se décider à voler la stèle, un soir de folie.
Elle trône aujourd'hui au milieu de sa maison de Rochefort comme pour mieux prouver à tous à quel point il s'était trompé lorsqu'il avait prédit : « Et le temps continuera de fuir et nos deux noms s'oublieront séparément... » (Aziyadé, 1879).
« Sublime illettré » ou imprévisible provocateur ?
Mais celui qui est désormais romancier est déjà reparti : en 1880, on le croise en Méditerranée au moment même où apparaît, au bas d'un article du Monde illustré, l'énigmatique signature « M. Loti ».
Dès lors, il ne faut pas longtemps pour que Le Figaro fasse le lien entre l'auteur du Mariage de Loti et le lieutenant de vaisseau Viaud. Les salons parisiens ne tardent pas à se disputer ce « débutant de génie » qui a la mauvaise idée d'expliquer à Anatole France qu'il ne lit jamais... Il en tire un surnom et une belle publicité : le voilà « Le sublime illettré » !
Désormais riche, il n'en est pas pour autant rassuré et doit demander à un ami de lui répéter, pendant 24 heures : « Vous n'avez plus de dettes ! ». C'est sa famille, bien sûr, qui profite en premier de cette manne avant qu'il ne commence à se faire plaisir en transformant, pièce après pièce, la vieille maison charentaise en un palais aussi éclectique qu'improbable.
Mais Loti n'est pas qu'un excentrique occupé uniquement de lui-même et de son image. Il est aussi attentif à son époque et n'hésite pas à exprimer ses indignations, par exemple après un voyage en Algérie où, dit-il, « nous procédons avec [les habitants] d'une façon honteuse, les accablants de vexations inutiles ».
S'il ne critique pas les objectifs de la colonisation, il en réfute la méthode, comme dans ses articles de 1883 où il dénonce les massacres associés à « l'absurde et folle expédition du Tonkin » dans laquelle la France s'est lancée. Scandale ! La sanction ne se fait pas attendre : il est affecté à Rochefort. L'occasion de poursuivre quelques petits travaux de décoration...
La maison de Pierre Loti à Rochefort (Charente-Maritime) devient un musée ouvert au public en 1973. Protégée au titre des monuments historiques en 1990, elle a dû être fermée au public en 2012 en raison de son état de vétusté. Dans le même temps, lieu de mémoire et de transmission, elle a reçu le label Maison des Illustres. En cours de restauration, elle devrait rouvrir fin 2024.
Une maison ? Non, un décor de théâtre !
Une chambre arabe par ci, une pagode japonaise par là... Jamais à court d'idées, Pierre Loti a transformé au fil des années la solide maison bourgeoise de ses ancêtres en un mélange de château gothique, de temple oriental et de palais des mille et une nuits.
D'une pièce à l'autre, vous changez d'ambiance, traversez les siècles et parcourez les continents. Le Salon rouge au mobilier Empire puis les Salles gothique et Renaissance vous plongent au cœur de l'Histoire. Préférez-vous un peu plus d'exotisme et de mystère ? Poussez les portes de la Salle chinoise, de la Chambre arabe ou du Salon turc. La tante Berthe n'y reconnaîtrait pas sa chambre !
Après vous être recueilli dans la Mosquée auprès de la stèle d'Aziyadé, vous aurez tout loisir de vous étonner du dépouillement de la chambre du maître de maison, aussi sobre qu'une cellule de moine !
Le contraste est grand avec le reste de la maison, ou plutôt des trois maisons qui ont fini par n'en former plus qu'une grâce à l'habileté des artisans de Syrie comme des Charentes. Il fallait bien cela pour accueillir les milliers d'objets venus tout droit de l'enfance ou des voyages de Loti !
Ce goût de l'accumulation n'est-il pas, pour ce grand angoissé, une façon de lutter contre la mort ? Des œuvres d'Art cohabitent donc avec des babioles sans valeur, des armes arabes décorées d'émeraudes avec des ustensiles de cuisine en fer forgé, des faïences d'Izmir avec des tapisseries du XVIIe siècle...
On n'est plus dans une maison ni même dans un musée mais dans un décor ! Pour s'en convaincre, il suffit d'observer les fenêtres de la Salle gothique, montées à l'envers pour profiter de leurs sculptures tout en restant au chaud, ou jeter un œil par celle de la Mosquée pour apercevoir un petit bout de minaret, posé sur le toit. Voilà un hôte qui ne laissait rien au hasard pour faire rêver ses visiteurs !
Il est temps de se caser !
Ce touche-à-tout de Pierre Loti commence à avoir une idée en tête : se marier. Mettant de côté son admiration, réelle ou supposée, pour les hommes, il commence par se déclarer à L'Islandaise, une jeune femme rencontrée en Bretagne. S'il ne parvient pas à obtenir sa main, il retire de ce séjour assez d'inspiration pour rédiger Mon Frère Yves (1883) puis Pêcheur d'Islande (1886) qui sentent bon les embruns.
Les lecteurs se jettent sur ces vies de marins, ignorant que leur auteur est déjà à l'autre bout du monde où il se « marie » pour un mois avec une habitante de Nagasaki. Devenue « Madame Chrysanthème » sous sa plume (1887), Okané-San n'est pas sans rappeler la Madame Butterfly de l'opéra de Giacomo Puccini (1904).
Tout cela n'est pas très sérieux, et c'est avec soulagement que sa famille finit par le voir épouser en 1886 Blanche Franc de Ferrière. « Protestante, noble, agréable à regarder, ayant quelque bien et plus petite que lui », elle remplit tous les critères ! Loti est moins sûr : « Quand je vois la mariée parée, je commence à comprendre, à avoir conscience que c’est moi qui me marie ».
Mais elle ne peut tenir très longtemps le rôle d'épouse parfaite : elle fait une mauvaise chute qui provoque une fausse couche et lui fait perdre l'audition. Dès lors, malgré la naissance d'un petit Samuel en 1889, elle préfère vivre éloignée de la maison de Rochefort et de son fantasque occupant, le laissant libre de multiplier liaisons et fêtes.
Quand Pierre Loti reçoit...
… il ne fait pas les choses à moitié ! Ce grand enfant n'aime rien tant que d'inviter ses amis à de grandes fêtes où chacun va prendre, le temps d'une soirée, une toute autre identité. Pas besoin d'aller chercher très loin le thème, il suffit de choisir une des pièces de la maison !
C'est ainsi que le 12 avril 1888 une belle compagnie en costumes d'époque se presse dans la Salle gothique autour de « Messire et Dame Pierre Loti » pour un étonnant dîner Louis XI. Répétitions soignées, dialogues en vieux françois approximatif, rôtis de hérisson, hanaps et ménestrels, tout est fait pour créer l'illusion. D'ailleurs, le tout-Rochefort, qui défile sur la tribune, déguisé jusqu'à la taille, n'en croit pas ses yeux !
Loti renouvellera l'expérience avec une fête arabe (1889), saintongeaise (1894) puis chinoise (1903) où 200 personnes plus ou moins en kimonos entourent Loti habillé à la mode samouraï et une impératrice jouée par un Annamite du collège voisin. Qu'importe ! Le tout est d'y croire, et lorsque le lendemain l'hôte solitaire se demande : « À quoi bon ? […] Quelque chose vaut-il la peine d'être fait ? », il peut se consoler en se rappelant qu'il a suivi à la lettre sa devise : « Mon mal j'enchante ».
L'infatigable
Désormais « plus jeune Immortel de France » (1891), Loti n'en poursuit pas moins sa carrière d'officier et de grand voyageur.
On le croise entre autres en Syrie (1894), en Inde (1899), en Chine (1900) pendant la révolte des Boxers ou encore au Cambodge (1901).
Les œuvres s'enchaînent au même rythme : Les Derniers jours de Pékin (1902), L'Inde (sans les Anglais) (1903), Un Pèlerin d'Angkor (1912)... Mais c'est pour le Pays basque qu'il ressent un véritable coup de cœur au point d'y acheter une maison en 1903, la villa Bakhar Etchea (« la maison solitaire »).
On peut voir dans cet amour l'influence de Crucita, cette jeune Basque à laquelle il a demandé de lui faire des enfants... Ce seront trois garçons, installés à Rochefort, dont l'aîné Raymond lui inspira le roman Ramuntcho (1897).
En 1910, Loti est mis à la retraite après 42 ans de service, dont 19 en mer. Il en profite pour partir aux États-Unis, mais la guerre le rattrape. Impossible pour lui de rester inactif, même à 60 ans ! Il s'insurge : « Ne sera-t-il pas d'un mauvais exemple […] que Pierre Loti ne serve à rien ? » Il sera donc officier de liaison du général Gallieni tout en « entrepren[ant] des intrigues clandestines entre le gouvernement français et la Turquie ». Il finit par être affecté sur le front dans l'Aisne mais sa santé ne suit plus.
Après être revenu sur Rochefort où il reçoit la croix de guerre, il part se réfugier à Hendaye pour y mourir le 10 juin 1923. C'est en chaloupe, lors de funérailles nationales, qu'il rejoint finalement Saint-Pierre-d'Oléron où l'attend le petit jardin de la « maison des aïeules ». Il y repose sous une pierre toute simple, entouré de sa pelle d'enfant, de sa pala de joueur de pelote et du châle d'Aziyadé.
Dépassé, Pierre Loti ?
On ne lit plus Pierre Loti. Lui dont le nom avait été proposé pour le prix Nobel serait tombé dans l'oubli s'il n'avait fait de sa maison une folie architecturale.
On se souvient du play-boy excentrique, de l'amuseur du Gotha, voire de l'officier bourlingueur, mais on oublie qu'il fut aussi une gloire de son temps au point que le pourtant cruel Sacha Guitry lui dressait des lauriers : « Vivait jadis un écrivain que l'on admirait tellement dans son pays qu'une escadre l'accompagnait quand il faisait le tour du monde ! »
Il est vrai qu'aujourd'hui son exotisme paraît vieillot, ses remarques sur les autochtones reflètent trop bien la condescendance du XIXe siècle et ses peintures du peuple ne peuvent rivaliser avec celles de Zola.
Pourtant ses 40 ouvrages se lisent toujours facilement et révèlent un style élégant et plein de sensibilité qui avait séduit Guillaume Apollinaire : « Au plus pur, au plus touchant des écrivains... » (dédicace du « Poète assassiné »).
Cette mélancolie toute néoromantique a encore de quoi charmer ; pour s'en convaincre il suffit de relire ce passage de Pêcheur d'Islande qui relate la mort du héros :
« Il ne revint jamais.
Une nuit d’août, là-bas, au large de la sombre Islande, au milieu d’un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer. […] Tout le temps, des voiles obscurs s’étaient agités au-dessus, des rideaux mouvants et tourmentés, tendus pour cacher la fête ; et la fiancée donnait de la voix, faisait toujours son plus grand bruit horrible pour étouffer les cris.
Lui, se souvenant de Gaud, sa femme de chair, s’était défendu, dans une lutte de géant, contre cette épousée de tombeau. Jusqu’au moment où il s’était abandonné, les bras ouverts pour la recevoir, avec un grand cri profond comme un taureau qui râle, la bouche déjà emplie d’eau ; les bras ouverts, étendus et raidis pour jamais ».
Bibliographie
Alain Quella-Villéger, Chez Pierre Loti. Une maison d'écrivain-voyageur, éd. du CRDP du Poitou-Charentes, 2008,
Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier, Pierre Loti dessinateur. Une œuvre au long cours, éd. Bleu autour, 2009,
Alain Quella-Villéger, Pierre Loti, le pèlerin de la planète, éd. Aubéron, 1998,
Bruno Vercier, Pierre Loti, Portraits. Les fantaisies changeantes, éd. Plume, 2002.
Au théâtre
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Voir les 6 commentaires sur cet article
Yorgos (18-06-2023 16:38:30)
On peut rappeler l'amusante anecdote, slon laquelle Pierre Loti à Victorien Sardou à l'adresse : "Monsieur Victorien Sardi, à Marlou-le-Roi" ; ce à quoi Sardou répondit à " Monsieur Pierre Loto... Lire la suite
testou1946 (30-05-2023 16:04:30)
merci !!
Marou (29-05-2023 07:33:17)
Pierre Loti a laissé des traces dans les mémoires à Bretenoux !