L’objectif est bien sûr de reconstruire à l’identique mais les carrières de calcaire d’où venaient les pierres sont désormais fermées et l’on ne pourra jamais trouver que du calcaire d’une qualité approchante. C’est ainsi que l’on a déjà procédé au cours des restaurations des siècles précédents. Pour le bois, c’est plus problématique. Une partie des poutres de la charpente avait l’âge de la cathédrale, soit 800 ans, et l’on n’en retrouvera jamais de semblables ni d’aussi imposantes. Sans doute faudra-t-il recourir à d’autres matériaux comme le béton armé ou précontraint, ainsi qu’on l’a fait à Reims, sur le chantier de la cathédrale bombardée pendant la Première Guerre mondiale.
Oui, pour l’essentiel. Dans la mesure du possible, les restaurateurs veillent en effet à conserver la mémoire du monument, y compris les stigmates du temps. Il n’empêche que les bureaux d’études et les architectes découvriront peut-être aussi la nécessité de consolider certains endroits de l’édifice, fragilisés par le temps et par l’incendie de ce 16 avril 2019. Cela les conduira peut-être à utiliser des matériaux nouveaux comme la résine ou ajouter des renforts à la structure. C’était déjà ce que faisaient les maîtres d’œuvre du Moyen Âge en bardant les voûtes avec de robustes renforts métalliques à mesure qu’ils découvraient des points de fragilité !
Oui, heureusement. Tout a été répertorié et l’on a conservé les plans de l’architecte Viollet-le-Duc, qui a opéré de grandes restaurations sur Notre-Dame de Paris au XIXe siècle. Dans la mesure où le monument était toujours en rénovation, nous disposons aussi d’un suivi très précis des architectes sur ce qui a été fait et ce qui restait à faire. Nous disposons également de la photogrammétrie qui a permis de mémoriser la structure, les pierres, les schémas et les tracés plus ou moins anciens. Ce ne sera donc pas un souci de retrouver tous les détails de la cathédrale.
Des années ou des décennies. Il faut d’abord faire l’état des lieux, mettre à l’abri la structure subsistante et la consolider. Il faut ensuite former les équipes compétentes, ce qui ne sera pas le plus simple. Les travaux de reconstruction eux-mêmes seront très longs. La cathédrale de Nantes, ravagée en 1972 par un incendie, comme celle de Paris, n’est pas encore complètement restaurée, près d’un demi-siècle après le drame.
Imaginez ce qu’il en sera pour Notre-Dame ! Nous pouvons nous dire que des jeunes gens qui s’engagent aujourd’hui dans les métiers du patrimoine seront occupés sur ce chantier pendant une bonne partie de leur vie professionnelle...
On ne peut pas le savoir à cette heure-ci, mais cela dépassera sans doute le milliard d’euros.
On ne sait pas encore combien de personnes seront mobilisées. Sans doute le chantier de Notre-Dame en occupera-t-il des milliers mais elles ne travailleront pas simultanément sur le chantier. Elles travailleront tour à tour en fonction de leur spécialité, taille de pierre, menuiserie, couverture etc.
La protection du patrimoine manque aujourd’hui à la fois de capitaux et de main-d’œuvre qualifiée. On a vu avec la mission de Stéphane Bern que l’État est très chiche de ses deniers quand il s’agit de patrimoine et cela n’encourage pas les vocations. Peut-être que le choc ressenti ce 15 avril 2019 va modifier la donne, encourager l’État à desserrer les cordons de la bourse et amener davantage de jeunes Français vers les écoles spécialisées.
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